CMS

Mouhet 2025. Leora, à corps perdu

 

Leora sur la scène de Mouhet (photo Didier Kovacs)

Leora sur la scène de Mouhet (photo Didier Kovacs)

8 juin 2026, Festiv’en Marche, Mouhet,

 

Les festivals finissent souvent à point d’heure, en des afters certes moins populeux, plus confidentiels, qui parfois éclairent plus encore l’art de certains artistes. Comme cette Leora Guillot, vingt-trois ans, qui semble connaître à la perfection une grande part du patrimoine chanson. Étonnant, enthousiasmant. En duo avec Gérard Morel, en scène, elle nous avait d’ailleurs gratifié d’une très belle interprétation de La Marche nuptiale, du père Brassens.

« Je te dois d’être nue / Je te dois d’être toute… » Leora fut une surprise pour le public, une énigme et, ma foi, un sujet de controverse. Elle fut l’an passé recalée au tremplin : il n’y a que trois marches au podium, elle fut quatrième. La repêcher était intéressant autant que périlleux. La voilà sur scène dans ses œuvres (paroles et musique) servie par un excellent pianiste à casquette (Titouan Gosselin, qu’il nous faut saluer) qui pose ses notes sur les nuits encombrées, affairées et passionnées de la demoiselle : accompagnement proche du classique, très classe. Éloge de la fête, des mots et des corps en fusion, débauche d’émotions, huis clos charnel où nous sommes conviés… « Si, par hasard, ton lit, tes draps ou ta fenêtre / Qui nous ont vus plus forts encore que l’autre monde / Qui nous ont vus à nu perdus dans le silence / Te rappelaient un jour qu’il y en a eu de plus beaux… » Bien sûr elle ne chante pas que ça (elle fera même un titre en suédois que je ne risque pas de vous traduire, ne comprenant déjà pas les notices de montage d’Ikéa), mais d’abord et avant tout ça. Et nous ne retenons que ça, voyeuristes des mots que nous sommes, de ces vers que, pervers, nous tentons de traduire en sensuelles images… L’ironie est que son album (autoproduit) porte le titre de Ne me regarde pas, alors que nous ne faisons que ça, intrigués par les nuits de cette demoiselle, cette constante mise à nu.

« J’ai appris que ton corps s’imprégnait dans le mien / Est-ce que de moi aussi, tu garderas les mains ? ». Jolie voix, belle silhouette, textes denses et bien écrits, bien musiqués, torrides vous l’aurez compris. Et vous, sur votre siège, vous écoutez bien sages. Avec ou sans Morel, Brassens aurait pu suggérer « Et les enfants de chœur, les malheureux, transpirent… »

L’art de Leora Guillot est remarquable. Et troublant. Par son chant, on entend même froisser les draps sous la pression des corps. « Et tes amoureuses façons / De voir le monde et le remous / Sont un baiser que je reçois / Sur les arcades de mon fruit… » On se dit qu’elle est bien trop jeune pour avoir tant d’expérience mais on envie sa pratique (du chant, dois-je préciser ?). Les ébats s’éternisent qui feront débat, ce qui est toujours bon signe pour un artiste, particulièrement pour Leora.

 

Le site de Leora, c’est ici.

« Si par hasard » : Image de prévisualisation YouTube

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>

Archives