Nougaro à Paziols par Luc Douche, quelques instants d’éternité
Le fantôme de Nougaro reviendrait-il hanter le village audois où il a créé l’Enfant Phare en 1997 ? Le photographe Luc Douche raconte comment il a rencontré son maître toulousain auquel il rend hommage avec ses photos cet été dans les rues de Paziols.
Il est né le divin Enfant Phare. Claude Nougaro ouvre une nouvelle page de son œuvre avec une de ses multiples renaissances dont il a le secret. Il file le parfait amour avec son Hélène et s’est installé à Paziols, le petit village audois que lui a fait connaître son ami le champion de boules Bernard Champey. L’Enfant Phare est son nouveau disque inspiré, avec ses nouveaux musiciens, par la rivière Verdouble, les châteaux cathares et le vin de Fitou.
Cet été 2025, du 1er juillet au 31 août, le fantôme du petit taureau de la Garonne ne revient pas hanter les rues du village, mais son visage, ses attitudes inimitables, figées « pour l’éternité » par le photographe Luc Douche, reviennent peupler et animer les murs de la petite commune des Corbières, auxquels les clichés noir et blanc grand format seront accrochés dans le cadre de l’expo « Sur les traces de Nougaro ». Celui qui a suivi son « maître toulousain » pendant deux ans et demi à travers une tournée folle dans toute la France, nous raconte comment il a fait la connaissance de l’Homme aux semelles de swing, un peu par hasard, et comment il a été son photographe quasi officiel et permanent, dans les coulisses comme sur la scène, durant cette période qu’il n’oubliera jamais.
« J’habitais, en 1984, au-dessus du café théâtre de Bergerac (Dordogne) lorsque j’ai appris que Nougaro allait se produire au centre culturel local », raconte le jeune photographe alors âgé d’une vingtaine d’années, « le chanteur était accompagné du trio jazz de Maurice Vander au piano, Pierre Michelot à la contrebasse et Bernard Lubat à la batterie. C’est la fameuse tournée des 350 concerts dans des salles de 1000 places un peu partout en France. J’obtiens l’autorisation de faire des photos de l’artiste dans les loges à Bergerac. « Bonjour petit », me lance-t-il simplement alors que je suis tout tremblant : « Vas-y, fais tes photos! ». Je fais mes photos des coulisses et du concert. Le lendemain, je vais lui montrer mes tirages en 13X18 à l’hôtel de l’Europe avant qu’il ne reparte : « Tu as su capter quelques instants de notre éternité », me lance-t-il en m’annonçant qu’il se produit le lendemain à Pau. Je suis parti avec lui ». Et c’est ainsi que le jeune photographe a quitté son domicile pour deux ans et demi d’une folle tournée : « J’ai même habité chez lui à Montmartre. Je découvrais le jazz, moi qui écoutais alors plutôt ACDC. Claude a eu ses initiateurs, comme Audiberti, j’ai eu la chance d’être initié par lui en poésie, en jazz, en art de vivre. Son regard, son humanité, sa simplicité, l’amitié qu’il donnait à pas mal de gens m’ont séduit et appris », relève le reporter de ces multiples scènes, qui a fait un livre, un roman, plus tard, des péripéties de cette tournée », sous le titre « Embarquement immédiat » (1).

Claude Nougaro © Luc Douche Photo in situ à Paziols
« J’ai beaucoup reçu, au bout de deux ans et demi, j’ai décidé de ne pas faire partie des pique-assiettes qui tournaient parfois autour de lui. Je lui ai dit au revoir » raconte Luc Douche, qui s’est tourné vers d’autres facettes de son art photo-graphique, notamment auprès d’Hans Silvester, un des fondateurs de Géo, grand défricheur de contrées lointaines et exotiques : « J’ai besoin de maîtres », avoue-t-il. En 2024, vingt après la mort de Claude Nougaro en mars 2004, Luc Douche s’est replongé dans les quelques trois mille photos gardées de cette époque et de cette aventure commune pour rendre un hommage, qu’il a voulu plein de vie, à l’artiste toulousain. Un livre « Port Folio Nougaro » (2) et une exposition itinérante sont nés de cette sélection remarquable et fidèle à l’esprit de l’auteur de l’hymne à Toulouse. « L’idée de les accrocher sur les murs de Paziols est venu de la rencontre par hasard avec Jacqueline » poursuit l’auteur. Avec l’autorisation d’Hélène, épouse de Claude, qui a gardé ses attaches paziolaises. Jacqueline Delpey, désormais élue municipale de la commune audoise, tenait autrefois « le Merle Bleu », l’auberge juste en face de la maison de Nougaro où celui-ci aimait à venir discuter avec Jacqueline et Bernard, ou à dessiner quelques croquis pour illustrer des bouteilles de vin de Fitou. Le chanteur aimait à dire : « Je vais en fitouthérapie », rappelle Luc Douche, qui signera ses ouvrages le 20 juillet à Paziols lors du vernissage de son exposition. Découvrez sa Nougarothérapie en photos.
– Philippe EMERY
Sur les traces de Claude Nougaro, exposition photographique de Luc Douche à travers les rues de Paziols du 1er juillet au 31 août 2025.
Luc Douche, 1-Embarquement immédiat. 350 pages. 80 photos. Ed. Co-errances – 2-Portfolio Nougaro. 90 pages. Album 82 photos noir et blanc. Les deux ouvrages sur commande sur le site de Luc Douche.
Le site de Claude Nougaro, c’est ici. Ce que NosEnchanteurs en a déjà dit, là. Le site de Luc Douche, c’est ici. L’expo sur le site de Corbières & Salanque, là.
Nougaro sur les murs de Paziols (vidéo de préfiguration)
« L’enfant Phare » (Toulouse La Viguerie 1998)
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