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Laurent Berger, de l’instant qui dure

Laurent Berger Photos ©Agnès André

Laurent Berger Photos ©R & H

3 août 2025, concert chez l’habitant, Romans-sur-Isère (38)

 

Il y a de ces instants de scène que l’on n’oublie pas : quand à côté de soi un spectateur déroule par cœur les paroles, quand devant la danse des doigts sur la guitare se fait arachnide, quand une voix du public dans son dos vient poursuivre celle de la scène. Tous ces instants sont bien banals, et pourtant on les goûte avec un soin tout particulier distillés qu’ils sont par Laurent Berger.

Chansons de l’instant, son récital pour voix et guitare issu d’Aux mondes irréels mais aussi de ses cinq précédents albums dont le premier remonte à 1998, est terriblement bien nommé : un rire pour un bon mot ; un serrement à un écho intime – de précieux instants sans coup d’état du cœur. Lui et sa guitare savent appuyer là où ça fait écho, dans les traces que laisse le corps – un sourire, une cicatrice. Un tout curieusement très incisif…

BERGER Laurent Agnès André 2025 2 490x276BERGER Laurent Agnès André 2025 3 490x276Car on ne peut pas dire qu’il mâche les mots lorsqu’il chante le désir – Ton cul sur la commode, indémodable (L’âme des maraudeurs, 2017) – ou la violence – Prisons de femmes (Aux mondes irréels, 2024), audacieuse et nécessaire ! De grivois à grave, et vice-versa, Laurent Berger nous fait voguer de l’un à l’autre sans brusquerie autre qu’une frappe sur sa caisse de résonance ou un jeu de mot pour cerveaux pas trop endormis (qui l’eût cru que « le blanc » aurait tant de nuances ?). On aime ainsi la densité – qui lui fait s’enchevêtrer les mots par moments ; on aime les respirations à la guitare, qui ne fait pas que l’accompagner (c’est ainsi qu’on redécouvre des morceaux autrement appréciés sur album : Fantaisie, Valparaiso, Le chemin du retour…).

Mais ce qui « touche le plus, c’est lorsqu’il chante par images », dira une spectatrice (au sujet de L’Enfant vague, comptine des corps migrants dont est alourdie la Méditerranée). C’est flagrant sur scène : des trajectoires de peau et d’embruns se dessinent – l’eau et la femme y sont très présentes –, tout en se parant de respirations curieuses (La Librairie du Pas pressé, Les Châteaux d’eau), mais surtout, en restant diablement actuelles. En témoigne ce Ça va (de Brel, son maître à chanter) « enregistré en 1954-1955 » qui pourrait tout aussi bien avoir été fait pour être chanté aujourd’hui. « On en parle après ? », nous lance-t-il, un brin espiègle.

Après le tour de chant justement, dans le jardin assombri traversé par les pipistrelles, bien loin de la mer, certaines de ces chansons de l’instant, comme Prisons de femme, délieront les langues : « Je ne fais que (me) poser des questions dans mes chansons », dira l’interprète…!

 

Le site de Laurent Berger, c’est par ici. Ce que Nos Enchanteurs a déjà dit de lui, c’est là !

« Aux mondes irréels », clip 2025 Image de prévisualisation YouTube
« Prisons de femmes », session 2023 Image de prévisualisation YouTube
« L’enfant vague », impro dansée 2024 Image de prévisualisation YouTube

Une réponse à Laurent Berger, de l’instant qui dure

  1. babou 16 août 2025 à 13 h 55 min

    Un orfèvre…

    Répondre

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