Barjac 2025. Lise Martin, comme une artiste hors du temps

Lise Martin sur la scène de Barjac (photos Anne-Marie Panigada)

28 juillet 2025, Esplanade Jean-Ferrat, Barjac m’en chante,

« J’ai rencontrée un ange noir / Au visage pâle comme la lune / Il m’a raconté des histoires / D’amour et de rayons de lune / Il a caressé mes espoirs / Et j’ai fait semblant de le croire… »

C’est une parenthèse enchantée, un autre monde presque, comme une incise hors du temps dans ce festival. Voici Lise Martin, et rarement l’imposant mur du pierre de l’esplanade Jean-Ferrat n’aura fait décor plus juste à un artiste. Car il y a dans l’art de cette chanteuse, dans ses thèmes (l’amour, mais pas que) et sa façon de nous les restituer, un peu beaucoup du charme et du mystère des temps anciens, vieilles demeures ou forteresses. Pas un répertoire tiré du lointain – toutes les chansons sont récentes, toutes de Lise Martin si ce n’est une de Rémo Gary, l’autre de Leonard Cohen – mais d’une patine et d’une inspiration qui feraient songer aux ballades de dames du temps jadis. Si certains verront en Lise Martin le souvenir d’une Anne Vanderlove, d’autres y retrouveront avec plaisir une influence malicornéenne (la disposition d’elle et de ses musiciens sur scène y fait aussi songer) et quelques chansons dont la structure d’écriture et le ressenti font immanquablement songer à Gabriel Yacoub.

Telle est Lise Martin dont je n’aurai pas le vocabulaire pour qualifier la magnifique et obsédante voix (pour le coup, les superlatifs ne valent rien, écoutez-la par les vidéos ci-dessous si vous ne la connaissez pas encore) qui vous emporte loin dès le premier titre et ne vous quitte plus.

Le répertoire de ce soir est celui de Persona, son dernier album en date qui remonte à 2019 (lire la chronique d’alors d’Anne Lefèbvre sur NosEnchanteurs) : il eut été dommage qu’un tel spectacle soit oublié de la reconnaissance de Barjac. Manifeste sur l’amour, tourmente d’émotions et de sentiments, écriture très intime, féminine, qui trouve aussi sa force dans l’évocation des éléments, de la nature : « Et quand je suis venue donner ce que j’avais / En retour j’ai reçu la force des forêts ». Chansons introspectives qui, chacune, portent en elle cette part de mystère qu’elles cultivent et vous troublent.

Violoncelle (Marie Tournemouly), guitare (Simon Chouf, que nous avions revu le matin même avec Manu Galure), batterie (Ugo Guari), la chanteuse elle-même parée d’un ukulélé, la musique est douce qui accompagne, souligne onctueusement les ballades de Lise Martin, moment arrêté, privilégié, rare. Un set impeccable qui ne fut pas sans interpeller certains spectateurs, peu habitués à cette esthétique quelque peu éthérée de la chanson. Mais, au final, un grand moment de ce festival.

Après ce concert, ce fut Michèle Bernard, sur laquelle nous reviendrons. Et ce rappel qui, pour toujours, s’inscrira dans la mémoire de Barjac, gravé dans nos têtes : ces deux dames au chevet d’Anne Sylvestre, trois générations, par cette chanson de leurs voix si belles : « Je prendrai à tous les sourciers / Leur baguette de coudrier / Pour aller retrouver ma source… » Permettez-moi cette facilité : ce précieux duo coulait de source…

Le site de Lise Martin, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’elle, c’est là.

« Je rebondis » : 

« Mon oiseau » :