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Jacques Bertin, le monument intégral !

 

Jacques Bertin (photo non créditée publiée sur son compte Deezer)

Jacques Bertin (photo Serge Féchet)

A propos de cette monumentale intégrale, reprenons ce qu’écrivait René Bourdier dans Les Lettres françaises à la sortie du premier album de Jacques Bertin, en 1967 : « Un événement important dans la chanson française ». Cette intégrale l’est tout autant. Sauf qu’à l’époque, une telle appréciation avait son importance ; aujourd’hui elle se perdra dans le silence qui désormais nimbe la chanson « hors business ». N’empêche, cette intégrale en trois coffrets de chacun cinq CD, 384 titres dont 13 inédits (notons qu’il y eut jadis une intégrale Bertin, déjà chez EPM, épuisée depuis longtemps) couvrant près de six décennies, est pour toujours un rare événement qu’il nous faut saluer. Et le coût modique de chacun de ces coffrets pourrait tenter nombre de sincères amateurs de chanson à oser découvrir et savourer Jacques Bertin en son entier si pas encore fait. Reprenons Bourdier, qui poursuivait en le qualifiant de « grand chef de file, de ceux qui changent la face de la chanson, comme Trenet il y a trente ans, comme Brassens il y a quinze ans. »

Bertin 2Bertin 3Bertin 4Le rendez-vous avec la célébrité n’a cependant pas eu lieu ; Bertin n’a pas changé la face de la chanson, il a simplement mené en parallèle, sur une route bien moins fréquentée, une œuvre remarquable, unique, sans concession, sans abdiquer sa ligne courageuse, poétique, déterminée. Peu n’ont jamais varié.

Tout s’était d’ailleurs joué avant même l’enregistrement du premier album, Corentin, en 1967. L’année précédente, poussé sur scène par des copains de l’école de journalisme où ils étudiaient, Bertin, tout juste vingt ans, gagne un concours de chanteurs organisé par le quotidien La Voix du Nord. Le lauréat y rencontre Eddy Barclay, le magnat du disque, qui lui propose un contrat. Offre que Bertin rejette : dès cet instant il se met hors business.

Les deux précédents coffrets de cette intégrale ont rassemblé les dix-neuf premiers albums studios et quelques titres épars. Dans ce troisième volet, deux albums seulement (le Seul dans le paysage de 2016 ainsi que le Ce qui reste ce qui vient de 2019) mais tous les enregistrements publics de Bertin (au Théâtre de la Gaité-Montparnasse en 78, au Théâtre de la Ville en 84, au Café de la Danse en 89, aux Oiseaux de passage, à Québec, en 2000, et le Que faire ? de 2007 enregistré au Gymnase Marie-Bell) : bien vu, car une dizaine de titres ne figurent pas dans les albums studio. « On n’est sur scène ni pour s’éclater, ni par narcissisme mais, en gros, pour faire le métier de la parole : une ascèse » disait Bertin en 1979. Ces six enregistrements en public (s’il est un artiste dont on ne parlera pas de live, c’est bien Bertin) en sont l’exemplaire démonstration, brillante de talent et d’humilité.

Ce magnifique travail a été coordonné pour EPM par Michel Boutet et Jean-François Grandin. Ce dernier volet est introduit par un texte sur « Bertin en public » de Philippe Geoffroy. Boutet, lui, nous évoque comment treize titres furent « sauvés des eaux », des chansons « inconnues à notre bataillon de la chanson bertinienne », rescapées d’un carton de photos. Et Michel Boutet de commenter à propos de celles-ci : « Oui, ça sent le chantier en marche. Mais l’émotion, la colère, la tendresse et l’humour !… Et l’indicible chagrin ».

Trois volumes, toute une vie d’artiste en 3 x 150 grammes… Il y a parfois des grammes qui pèsent un poids énorme !

 

Jacques Bertin, Le Chant d’un homme, 3 volumes, EPM 2025. Le site de Jacques Bertin, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là. Pour commander, cliquez ici.

Lire l’article de Nicolas Céléguègne sur le premier volume de cette intégrale, ici.

 

Récital de Bourg-en-Bresse des 29 et 30 avril 1976 : Image de prévisualisation YouTube

Une réponse à Jacques Bertin, le monument intégral !

  1. Gallet 7 septembre 2025 à 14 h 50 min

    Il est beau le bandeau de l’accueil avec les deux vignettes contiguës de deux des plus grands de la chanson, Bertin et Ruiz.
    Tu écris que »Bertin n’a pas changé la face de la chanson », je n’en suis pas sûr. Je crois qu’il a été l’un des premiers à dire « je » dans ses chants, à se raconter. Je crois aussi que je ne suis pas le seul à « partager » ses émotions, au sens fort, pas celui des réseaux associaux, à me ressentir vieillir au rythme de ses chansons.

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