Bernard Lomé, inspiration bretonne

Bernard Lomé (dessin Khinjar Sam)

On ne le dira jamais assez, nous qui, contre vents et marées, défendons l’objet disque : une belle pochette, un beau livret sont une agréable invit’ pour entrer plus sûrement dans l’univers de l’artiste et le contenu de l’album. Et mieux le vendre. Saluons donc tant Jean-Claude Galvao pour la photo et plus encore Khinjar Sam (par ailleurs un des compositeurs de cet album) pour les superbes illustrations en ligne claire de l’intérieur et du livret. Le moindre trait sent les embruns…

Vents et marées, justement. Nous y sommes. « Ma vie c’est la mer / La mer c’est mon cri » entame-t-il cet album avec l’aide de cornemuse et whistle. Car, sans être nullement un disque de musique traditionnelle bretonne, quelques ingrédients y sont, comme dans Iroise et mer. Si Lomé évoque « une chanson de Tonnerre », ce n’est pas pour rien. Avec le temps, la mer est devenu l’inspiration première de Bernard Lomé. Sa (re)source, mais en bien plus grand. Son album de 2019 ne se nommait-il pas Les Mots de la mer ?

Une île inventée (c’est le titre du nouvel opus), est dédié tant à Jean-Roger Caussimon qu’à Michel Tonnerre, deux faiseurs de chansons, l’un parisien l’autre finistérien. Deux piliers, deux parrains qui siéent bien à Bernard Lomé et cernent son parcours tant géographique qu’artistique. Les quatorze titres de cet album vont de l’un à l’autre, de la rive gauche et celles de l’Ouest, là où baigne l’art de Lomé, chanson d’une riche et douce poésie secouée par la marée.

(pour commander l’album, cliquez sur le visuel)

Ce disque est introduit d’affectueuse manière par un texte de l’ami Jean Humenry, qui a assisté à la conception, parfois à la naissance des chansons de cet album. Et égrène en connaissance chacun des titres, nous ne le ferons donc pas. Ici Lomé transforme tout en mer, en limons, plages, bateaux et galères, chevaux de mer, taverne de pêcheurs… «  Où que j’aille / Sur les quais / Où je vais / A fond d’cale ». Et quand il s’éloigne d’un quai c’est pour en trouver un autre, de gare, à Auray, jamais loin de la mer donc. Les souvenirs, les mélancolies, l’amour, les dettes de mots et d’amour même, tout se fond dans un même paysage, même horizon, comme si la mer était le seul but, la seule destination. Et si ce n’est pas assez, il y a « cette île inventée / où tu me croyais beau / et où j’avais chanté ». L’écriture de Lomé (il signe tous les textes de ce disque) est élégante et fluide, comme mer étale. « Pour quelques notes de la mer / Quand l’eau frissonne et caracole / Fous de Bassan et mouettes folles / Grivoise et fière, Iroise et mer… »

Soucis du bien écrire, du bien interpréter, il perpétue une tradition d’une chanson soucieuse de sens et de beauté, qui sait lire entre les vers, aux sillons d’émotions. Du bel ouvrage. Son précédent album, paru il y a trois ans, C’était le temps du vent, faisait, lui, belle part aux textes de René-Guy Cadou tout en rendant hommage à la poésie de ce poète.

Bernard Lomé, Une île inventée, EPM 2025. Le site de Bernard Lomé, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.

« Une île inventée » : 

« Iroise et mer » :