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Jean-Pierre Laurant, 1947-2025

Jean-Pierre Laurant

Jean-Pierre Laurant (photo La Semaine de l’Allier)

Aux scènes parisiennes et au succès auxquels il aurait pu prétendre, cet inlassable défenseur de la chanson qu’il tenait, avec raison, pour élément prépondérant de l’éducation populaire, a préféré labourer sans cesse le terrain, en des salles bien moins prestigieuses, encore que, des salles polyvalentes, des centres de vacances et des comités d’entreprises, maisons de retraite et casinos, aux temps où un généreux élan socio-culturel irriguait nos territoires. A ce titre, il était intarissable de souvenirs héroïques, hauts en couleur, lui qui commença, à ses dix-huit ans, à apprendre à jouer de la guitare et, hasard ou destinée, se retrouva peu après à chanter avec Fernand Reynaud.

Jean-Pierre Laurant fut, six décennies durant, un baladin des mots et des musiques, à sans cesse remettre son métier sur l’ouvrage, par monts et par vaux, avec des hauts, sans doute des bas, des périodes fastes, d’autres non, mais toujours avec une énergie entre toutes communicative et sans cesse de nouveaux projets. A la fois auteur-compositeur-interprète et, avec beaucoup de modestie, interprète, transmetteur de l’œuvre d’autrui. En fait de pas mal d’autrui(s), de Marcel Mouloudji et de Georges Brassens. Eux et Félix Leclerc, Charles Aznavour, Bernard Dimey, Jacques Brel, Édith Piaf, Jean Ferrat, Boby Lapointe, Charles Trenet et bien d’autres, même Glenn Miller ou Bill Haley. Et Leprest, son « Brassens à lui ». Et d’auteurs comme lui orphelins de la renommée, tel Jacques Lutinier auquel il consacra tout un album. Tel Jean-Sébastien Bressy, épatant musicien et parolier, tout aussi chanteur, avec qui il a travaillé depuis presque trois décennies.

Outre son talent de chanteur et d’interprète, avec ou sans son orgue de Barbarie (certains ne le connaissaient que derrière cet instrument à cartons), comme d’autres je retiendrai de Jean-Pierre Laurant cet enthousiasme de chaque instant, cette énergie énorme, cette drôlerie qui étaient en lui, sa culture de la chanson il va sans dire et ce côté « historien » de son art qui, sauf s’il l’a consigné quelque part, est définitivement perdu. On pouvait écouter Jean-Pierre des heures durant, raconter milles pratiques, mille anecdotes. Pas celles de la chanson qui prévalaient dans les grandes salles parisiennes ou chez les gros labels, non, mais celles plus modestes, plus instructives aussi, de la pratique de la chanson, des faits et gestes militants, associatifs qui, après guerre jusqu’à nos jours, ont participé à forger l’identité de notre pays, celui où, dit-on, « tout finit par des chansons ».

Jean-Pierre Laurant était à lui seul un trésor de savoirs bien supérieur à celui volé le week-end passé au Louvre. Trésor encore, il avait récupéré une partie du célèbre rideau rouge de l’Olympia, rideau qui s’était ouvert devant tant et tant d’artistes, Brel, Bécaud, Piaf et bien d’autres. Et ce lourd tissu d’anthologie lui servait à son tour de fond de scène, écrin certes idéal pour son répertoire, façon aussi de rendre hommage à la chanson. De son épicentre d’Arronnes, dans la montagne bourbonnaise, où il résidait depuis plus de quarante ans, il écumait tous les lieux et festivals qui aiment la chanson. Et, avec Jean-Sébastien Bressy, une fois par mois Au miroir du temps, une salle de Vichy. Ces dernières années, Jean-Pierre Laurant avait grand soucis d’entretenir, de la rééditer au besoin, sa discographie et laisser ainsi, là encore avec modestie, sa petite trace dans la chanson. Il avait pour projet, en cette année 2025, de sortir un disque fait d’inédits de Brassens.

 

Ce que NosEnchanteurs a déjà dit de Jean-Pierre Laurant, c’est ici.

 

« Ma route » : Image de prévisualisation YouTube

« Un air tendre » : Image de prévisualisation YouTube

3 Réponses à Jean-Pierre Laurant, 1947-2025

  1. Renaud SIRY 28 octobre 2025 à 6 h 38 min

    L’un de mes plus fidèles amis, depuis 1974, année de notre rencontre, lorsque nous étions tous les deux chanteurs d’orchestre. Nos chemins artistiques se sont séparés, le mien à Paris, à travers mon parcours ponctué de disques sortis chez E-M-I-Pathé-Marconi, Philips, Polydor et Carrère, aux succès en dents de scie, le tien sur les belles routes de France, d’abord dans ton break Peugeot 204, puis dans tes incroyables camping-cars toujours astucieusement aménagés par tes soins, qui t’amenaient tantôt dans des VVF, tantôt sur des places de villages, tantôt sur des scènes de Maisons de la Culture, devant un public toujours conquis par l’authenticité et la chaleur de ta voix pleine d’émotion. Tu as mieux défendu la belle chanson Française que tes propres intérêts, t’oubliant modestement, derrière les grands auteurs et les grands interprètes, toi qui en était cependant, incontestablement l’un des meilleurs. Je t’ai, plusieurs fois invité à mes émissions « DIS SIRY » sur Arts-Mada, aux côtés d’artistes bien plus connus que toi, mais pas plus talentueux. Tu les as tous épatés. Je n’oublierai ni ta voix envoutante, ni tes rires tonitruants, ni ta grande générosité, ni ton amour immodéré de la vie. Je suis fier d’avoir été ton ami. Salut, Notre Artiste ! Renaud SIRY

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  2. jean luc bersou 30 octobre 2025 à 23 h 53 min

    k

    après Michel KEMPER et Renaud SIRY on ne peut écrire plus
    bel hommage et ajouter d’autres mots pour dire combien notre
    JEAN PIERRE LAURANT était FORMIDABLE . Débordant
    d’enthousiasme et de générosité , passionné et passionnant ,
    MUSICIEN  » naturel  » vrai chanteur portant et vivant les mots
    avec toutes les nuances. Je le vois traversant ma cour le pas
    balancé , comme dansant sur quelque chanson qui lui
    tombait du ciel !
    ADIEU mon JEAN PIERRE LAURANT et MERCI pour ta présence
    qui nous reste . J. LUC

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  3. Bruno REIGNERON 2 novembre 2025 à 21 h 17 min

    Merci à Jean-Pierre Laurent pour ces 45 ans d’amitié, et particulièrement ces 15 ans de bénévolat au service du téléthon pays de combronde. Il a aussi participé au téléthon d’Aulnat.

    Merci pour ta gentillesse, ta générosité, ton dévouement, ton désintéressement, ton professionnalisme.

    Merci d’avoir été « sur ta route » et d’avoir été dans ton « pote 50″.

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