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Keren Ann « Les désirs fatigués des navires d’argent »

ANN Keren 2025 Paris Amour 500x500Les désirs fatigués
Des navires d’argent
Ton allure distinguée
Et ton cœur brûlant
Que veux-tu que j’en fasse
Où veux-tu que j’t'embrasse
Mon amour?
Nos balades en forêt
De Montmorency
Comme c’est fade et barbant
De flâner ainsi
Ça m’fout mal, ça me plombe
Ça m’enfonce dans la tombe

Keren Ann

Paroles et Musique Keren Ann. Extrait de l’album « Paris Amour » 2025

Née en Israël, vivant son enfance aux Pays-Bas (sa mère est néerlandaise), puis en France, la chanteuse, française depuis 2012, écrit alternativement ses albums en français et en anglais et maîtrise également le néerlandais et l’hébreu. Elle a beaucoup voyagé, notamment à New York et en Indonésie. Célèbre pour sa chanson Jardin d’Hiver en 2001, elle a co-écrit et composé avec Benjamin Biolay l’album Chambre avec vue d’Henri Salvador. 

Paris amour est son dixième album, dont deux en anglais, et un bilingue, Nolita, en 2004. Son précédent album en 2022 était accompagné par le Quatuor Debussy. Habitant désormais Montmartre, elle nous revient avec cet album dédié à ce Paris qu’elle aime malgré ses défauts, qu’elle résume dans une formule de poésie très urbaine « Paris t’es dure, Paris j’te jure, Paris, tu m’as périmée », même si sa langue se fait aussi pure poésie, dans un quatrain qui la révèle bien : « Je suis rentrée par la fêlure / D’un monde qui m’a eue à l’usure / D’un vieux fado qui vient de loin / Qui bat son plein, qui cherche quelqu’un ».

D’une voix douce, presque trop discrète, apparentée à celle d’une Françoise Hardy dont la jeunesse s’ornait de timidité, elle décrit délicatement les sentiments comme des voyages maritimes : la sublime solitude plutôt que l’incompréhension, « Tu as viré de bord / Tu as poussé off-shore », la lassitude du couple avec ces désirs fatigués, le déphasage de ce Comme si la mer se divisait aux allusions plutôt absconses, la jalousie de cette expérience étrange de l’inégal, « Je peux comprendre / J’ai ni colère / Ni sa clé sombre / Autant se rendre / Face à la mort / Face à la mer », ou ce nouveau départ « Ton sourire me remet à flot / Sur les remparts de Saint-Malo ».

Tour à tour pop ou ballade, l’album déploie ses textes souvent énigmatiques sur des musiques mélancoliques ou dansantes dont elle nous fait quasiment inventaire, « La valse, le flamenco / Le boogie, le tango / Le cancan, le disco », où les guitares peuvent folker ou miauler, s’appuyer sur les cordes, le piano ou la batterie. Sur l’écho des tirs, le dernier titre qui évoque avec pudeur et sans pathos les attentats du 7 octobre, « Le pas de trop / Se faire ainsi / Trouer la peau / Je viens d’ici / La chair aussi / Informe que l’eau », la trompette d’Avishai Cohen dissone de cette douleur discrète qui enfle et tourbillonne avant de s’éteindre. L’espoir est dans l’avant-dernière chanson, Que la vie est belle : « Même dans ton chagrin / Bouge et danse / Brille un soleil absolu ». 

Suivre sa tournée de concerts sur son site

 

 

 

 

 

 

 

 

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