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Levez les vers, Leprest nous revient

Leprest fait de nouveau son intéressant. Il l’est. Il y a deux ans sortait Chez Leprest – volume 1 qui, forcément en appelait un second (1). Quatorze chanteurs plus Leprest himself, plus sa fille Fantine, reprenaient ce brillant auteur. Ça faisait déjà du monde : Olivia Ruiz, Daniel Lavoie, Jacques Higelin, Loïc Lantoine, Sanseverino, Mon Côté punk, Michel Fugain, Nilda Fernandez, Hervé Vilard, Agnès Bihl, Jean Guidoni, Enzo Enzo, Jamait et Jehan, tous sous la direction de Romain Didier. Rien à jeter vraiment en ce disque d’anthologie, presque collector. Voici qu’est annoncé, pour début décembre (le 7 précisément), la sortie du volume 2. Avec Anne Sylvestre, La Rue Kétanou, Amélie-les-Crayons, Flow, Adamo, Alexis HK, Kent, Claire Lise, Isabelle Mayereau, Bruno Putzulu, Clarika, Olivia Ruiz de nouveau, Jean-Louis Foulquier, Gérard Morel, Francesca Solleville, Gérard Pierron, Gilbert Laffaille et l’incontournable Romain Didier. Rien que taper cette liste sur le clavier, la salive me vient, l’envie se dessine. D’autant plus qu’à ce deuxième CD va s’adjoindre un DVD, captation d’images du concert de février 2008 au Bataclan, qui réunissait les participants au premier volume. Que demander de plus face à une telle promesse d’émotions ?

Pour fêter ça, on peut lever le coude et sortir les vers. Et moi de dénicher un des nombreux papiers que j’ai pu commettre sur Allain Leprest. C’était en 2004, salle Jeanne-d’Arc à Saint-Étienne.

Archive. Ça fait un bail, deux, trois ans peut-être, que Leprest n’avait étalé ses chansons qu’on tient pour grandes sur la scène de Jeanne-d’Arc. Pas de nouvelles cette fois-ci, rien que des déjà classiques, qui font toujours même effet, bel effet. Livrées en pack d’émotion, prêtes à consommer, prêtes à pleurer. De bonheur. Enfin, de cette chose qui court l’échine et vous dresse les poils. Leprest fait toujours impression. C’est son métier, son négoce de déjà tout gosse : il est impressionnant. Vous êtes là, suspendus à ses mots, à ses absences de mots… et ça marche, sur l’eau même. Il est comme ça Leprest. Trop de vers au breuvage d’émotion (c’est son job : il est émotionnant) et c’est l’artiste qui chaloupe, se loupe parfois, titube au son des baloches… C’est fragile un tel roc, qui s’expose Nu, sans apprêts mais pas sans suite. On l’aime, l’Allain, du plus pur sentiment, comme il est, comme il chante, de sa voix nicotinée aux gauloises rimées : «Oh belle brune qui se fume / Dans ce siècle où tout se consume / Entre nos doigts jaunes et se jette / Oh toi qui porteras mon deuil / Demain blotti dans le cercueil / De mon étui de cigarettes». On aime ses bras qui ramassent l’imaginaire d’une enfance prégnante, qui enserrent beauté et certitudes. On l’aime, l’Allain, par ses divines colères d’avec celui, tout en haut perché, qu’il ne salue pas : «Un père j’en ai d’jà un / Qui arrachait mes clous / Quand on m’clouait les poings». On aime sa tendresse, qui va puiser le souvenir des détails comme cette «tartine d’orange tombée du côté où ça s’mange», qui s’en va s’accoupler à la pure dignité, aux côtés des SDF. On l’aime, l’Allain, pour tout son talent. Dans son chez-lui stéphanois, il est l’ami de toujours.

(1) Précisons toutefois que Leprest, entre ces deux disques hommage, a sorti son nouvel opus, Quand auront fondu les banquises, en 2008, puis Cantate pour un cœur bleu, en août 2009, avec Romain Didier, Jean-Louis Trintignant et Enzo Enzo. Tous ces disques, Chez Leprest inclus, sont chez Tacet/L’Autre distribution.

3 Réponses à Levez les vers, Leprest nous revient

  1. Nadot 31 octobre 2009 à 12 h 34 min

    Et puis tiens : Leprest chantera le 14 novembre à Créteil en plateau partagé avec Romain Didier. C’est quasiment inédit non ?
    Les détails sont là :
    http://www.chanson-net.com/tranchesdescenes/soyons_fous.htm

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  2. Stéphane 4 novembre 2009 à 21 h 16 min

    Sans oublier « Parol’ de Manchot », en duo avec François Lemonnier… ;-)

    Répondre
  3. pierret 19 décembre 2009 à 5 h 22 min

    Quel merveilleux poète d’aujourd’hui, je veux dire intemporel, toujours aux aguets, prêt à bondir et à colorer nos petites ou grandes tristesses… Quelqu’un d’absolument essentiel, complètement rassurant et terriblement lucide…
    Ajoutez à cela l’audace et la gentillesse innées…
    Merci, poète !!!

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