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Morice Benin, bien trente au compteur

Ce n’est pas que sa discographie soit contrariée ; elle est simplement compliquée, de celle qu’aiment les collectionneurs. Après une récente flopée de parutions (les treize volumes de la collection « Pour mémoire », en fait les rééditions à l’identique d’anciens albums ; les sept volumes de la collection « Pour prendre le large » et d’un huitième pour faire bonne mesure) Morice Benin reprend le cours normal des choses, l’impétueux torrent redevient ru. Voici ce qui est son trentième album, et acte au passage une œuvre imposante, importante à tous les sens du terme, jamais à cours d’inspiration. L’Élan l’atteste. Au hasard des plages de cette nouvelle livraison, on croise des compagnons de route, coutumiers du fait, tels Bruno Ruiz ou Luc-Marie Dauchez. Et d’autres belles collaborations. Ainsi Patrick Leroux pour une précieuse alliance musicale, délicieuses notes jazzies qui chaque fois s’insinuent… Ce n’est pas surprenant chez Benin, c’est relativement inédit. La folie de ce monde fournit encore matière à ce nouvel opus : « Est-ce déjà le crépuscule, l’irrémédiable ? » Mais les mots du chanteur ne colèrent ni ne se résignent : ils constatent en une douceur qui contraste. Le chaud contre l’effroi. Avec pour refuge un je ne sais quoi d’espoir ténu, têtu. Avec le soucis « d’éblouir son quotidien / pour le désengluer du marasme ». Et l’instinct, la soif d’amour, comme une constance. Ça et la tendresse. Comme celle, naguère chantée par André Bourvil, sur laquelle ce disque prend congé. Une tendresse qui est comme l’indélébile empreinte de Morice Benin, la caresse d’une chanson d’une rare intelligence alliée à la douceur de chaque instant. Il se peut qu’on ait quitté Benin en cours de route, distraits par d’autres artistes ou par toutes sortes de choses, que nos routes se soient simplement séparées. Retrouver Benin n’est pas forcément retrouver l’odeur d’une époque. C’est à nouveau faire un bout de chemin avec un sage, un philosophe, avec un artiste qui fait son boulot de questionner le monde pour en tirer la substance de ses chansons. Et ce travail là est simplement remarquable.

Morice Benin, L’Élan, 2009, Mosaïc Music. (nb : ce papier est rédigé à partir d’un autre, texte de commande pour Morice Benin à l’occasion de la sortie de cet album).

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