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David Lafore en huit actes

Lafore, profession trublion (photo Frédéric Perrono)

Lafore, profession trublion (photo Frédéric Perrono)

Festival Pas des poissons, des chansons, Annonay, 2 avril 2010,

 

Un théâtre à l’italienne, ça en jette. Et, lui, David Lafore, à déjà arpenter cette scène toute grande, étrennant son nouveau statut de « fil rouge ». Fil rouge, comme celui qui, une fois tiré, libérera la Vache qui rit… Timide « Bonsoir ». De toute façon, l’est pas prêt, l’artiste. Il s’accorde. Un peu sa guitare mais surtout du temps. Puis, enfin, déplie, déploie son discours ou ce qui en fait fonction. Présentation : « Je suis chanteur ». Remarquez que ça tombe bien. Premier titre, un écrit pour que ce soit chanté par une femme. Par défaut, il le fait aussi bien : « Je suis toute mouillée… » Et un deuxième en presque rappel. Puis, ça y est, le pli est pris, d’autres. Une écrite, hardiesse du propos, pour Dutronc. Et puis cette autre, adorable : « Je suis ta petite culotte… » Tout est Lafore, cahin-cahotant, plaisant, coquin, incongru. C’est pas dit pour autant qu’il ait ainsi conquis le public d’avant Leprest. Mais Lafore sème pour les moissons futures…

23 h 30, L’Aquarium. Le public de Koumékiam est tout autre, plus prompt sans doute à adopter un tel trublion. L’est plus jeune. Et ci-devant debout. Deux trois chansons, plus même, pour cette nouvelle première partie. Dont « 20 francs, 20 francs, le cunnilingus / Pas 1 franc de moins, pas un franc de plus / 20 francs, je suce / Pour la Saint-Valentin / Fini les baratins / Faite lui fondre le bonbon. » Déjà un sommet de l’œuvre laforienne…
Samedi 3 avril, midi. Concert apéro qu’ils ont dit. Qui plus est gratuit. Attraction dans la ville en ce jour de Pâques. On est venu, comme ça, peut-être après l’office, pour voir. Du coup, on entend. Le public est familial, calé sur les chaises pour entendre chanter. C’est Lafore qui officie. Il a laissé tomber le pull, fringué comme pour un banquet de noces, un peu le cousin qu’on sait rigolo, statut social bien établi. Et qui, d’un coup, vous balance des torrents d’atrocités. Confusion des genres, l’effet se lit sur les visages : « L’amour est tombé / Je te fais la baise / La bite en biais / Vite fait mal fait / bye bye et salute. » Sur cette tranche horaire-là, faut voir les tronches… Quelques applaudissements, parce que ça se fait. Et Lafore d’insister dans ses chansons limites. Même ce petit bijou qu’est « J’ai massacré tout un pays. » Bon appétit !
La Presqu’île, 15 heures. Lafore s’incruste en nos toutes jeunes habitudes. Avec déjà les tubes de pas même vingt-quatre heures. En cet endroit, en cette heure, l’humour prend ses aises, la provoc aussi : « Si on voulait le ramener à une dimension cosmique, mon spectacle serait un trou noir. » Lafore se le joue chanteur raté, poète minable. Aux bribes les petits applaudissements ; aux chansons les ovations. Il le tient, son public.
Même lieu, 16 h 30 ou plus. Il a dû se faire remonter les bretelles, le Lafore : il en fait trop, il prend tout le lit. Retard sur l’horaire. Là, deux chansons seulement, vite fait, bien faites. Remarquez qu’en avant-Paccoud, vaut mieux se la faire sobre…
L’Aquarium, 19 heures : toujours frais et pimpant, toujours Lafore, sa petite culotte mouillée et ses chansons trempées de plaisir… Lafore est comme gimmick, encré dans le biorythme festivalier.
21 heures, théâtre. A nouveau le grand jeu. Il y a manifestement du Desproges en lui, autodérision, fausses confessions, proximité de la distance. On ne sait ce qu’il va faire, lui non plus sans doute. Longues impros. Et des chansons : « Ces beautés sont en moi / Sous mes paupières / C’est pour ne pas les voir / Que j’ai les yeux ouverts. » Ce mini concert d’avant Mengo est tout autant de l’art. La salle le sait qui le lui rend bien, tant qu’il se la joue vedette, rock-star même. Déluge de tubes encore. Et Sur ma mûle, délice quasi surréaliste, sommet de l’art laforien.
Minuit dans L’Aquarium. Huitième et dernier acte d’un festival qui déjà s’achève. Le parrain Lafore est tout autant attendu que le groupe qui suit. On rie d’avance de ses chansons, de ses réparties. Sûr qu’on s’en souviendra longtemps, très longtemps. De toutes façons, tous ses disques ont été vendus, ça prolongera d’autant le franc délire…

Le site de David Lafore, c’est .

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