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Kisling, le tendre helvète

(photo d'archives – DR)

Jérémie Kisling, 6 novembre 2010, À Thou bout d’Chant à Lyon,

« N’attendez rien de moi / Je ne sais pas quoi faire / Si je parle tout bas / C’est que je voudrais me taire / Mes mots ne marchent pas / Mes gestes ne touchent pas / Je souffle du vide dans l’air / Je suis de l’antimatière… » Dix, onze rappels… La salle est aussi bondée que comblée, l’artiste heureux. Il se sent bien ici, sur cette petite scène, entre son piano droit et sa guitare, tant qu’il pourrait se donner encore longtemps, à totalement épuiser son stock de chansons, à convoquer d’autres auteurs comme il le fait du père Brassens. En solo, Jérémie Kisling (qui nous vient du pays où, du secret bancaire à Polanski, « les belles choses sont bien gardées ») vient de donner le plus doux récital qui soit. Et se donner tout entier, sans réserve, presque sans pudeur. Une bonne partie de la salle est faite de ses admirateurs, de ses admiratrices souvent, fans qui connaissent leur Kisling sur le bout des doigts, sur le bout des lèvres. En cette salle petite, ça fait cercle d’amis. C’est chaleureux, c’est généreux au-delà des mots et des notes qui s’y répandent.
« Je ne suis ni prince ni charmant… » avait-il chanté en préambule, cet helvète digne d’une Pierrot lunaire, aux rares poils sur le caillou, autant que sur ses joues un poil imberbes. Un chanteur pas tout à fait sorti de l’enfance, qui fait dans la tendresse, l’auto-dérision, l’onirisme, le surréalisme. Kisling chante la vie, « ce savon liquide qui délave les humains », dans le doux, dans le grave, toujours avec grâce. Capable, dans l’instant, de chanter l’Alzheimer (L’Étranger dans la glace, très beau texte de Thiéfaine), le chien d’aveugle (celui qui fait tout tout pour vous), d’aller résolument dans la naïveté et l’optimiste en parlant des filles et de Carambar, dans la pure fantaisie aussi puis de se remettre au piano sur une séquence triste, qui nous touche…
Guitare, piano… Pas de sample ici, c’est plus simple : juste le renfort, parfois, d’un harmonica. Et du public qui fait chœurs et cuivres, trompettant en mesure, applaudissement en pure démesure. La classe, vraiment, d’une très grande soirée !

Le site de Jérémie Kisling.

3 Réponses à Kisling, le tendre helvète

  1. Jean-Michel Fontaine 13 novembre 2010 à 10 h 43 min

    Merci Michel pour ce bel article, digne de votre plus belle prose sur feu « Chorus »…

    Répondre
  2. guillaumeledent 16 novembre 2010 à 17 h 27 min

    Super article sur un artiste que j’aime beaucoup!

    Répondre
  3. julien 18 novembre 2010 à 11 h 02 min

    artiste de talent

    Répondre

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