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Le Brassens selon Vitor Hublot : enfin libre !

Guy Clerbois et Gilles Verlant, deux des Vitor Hublot (photo DR)

Commençons l’année par une belle histoire. Vitor Hublot est un collectif belge d’artistes turbulents, maître de l’underground wallon, mené par Guy Clerbois, à l’art pour le moins décapant, un électro-rock avant-gardiste qui ne sait rien des convenances. Il y a quelques mois, en fin 2010, Vitor Hublot sortait le volume 1 de son travail singulier sur Georges Brassens. Neuf titres insufflant ma foi une douce folie, une insolence particulière. Ceux qui se font de l’auteur des « Copains d’abord » une science précise, exacte, une religion définitivement bouclée dans une esthétique figée pour l’éternité avaient de quoi lever les bras au ciel. Le projet de Vitor Hublot n’était pas nouveau. Dès 88, son leader, Guy Clerbois, l’âme de ce collectif, sa cheville ouvrière, entame un projet d’hommage au cher disparu. Quatre titres sont mis en boîte mais l’éditeur de l’époque refuse. A la suite de quoi, Vitor Hublot était comme rentré en hibernation. Vingt ans de sommeil avant de reprendre le projet Brassens et de sortir ce disque… sans avoir demandé au préalable l’autorisation. Brassens revient donc, en un projet de trois cédés de « relecture libre » des chansons du maître. Le premier sort en fin 2010 et doit, à peine mis dans les bacs, en être retiré dare-dare. L’héritier de Brassens est irrité par deux des titres et en interdit l’exploitation. L’émotion est légitime dans le milieu artistique proche de l’univers de Brassens et pour quelques journalistes qui en font l’écho outragé. Dont NosEnchanteurs, qui n’y va alors pas avec le dos de la cuillère pour dire l’indignation. Et le neveu de Brassens, sans doute sensible à ces avocats de la plume et du bon sens, fait marche arrière cinq mois après. Merci, merci cher neveu !
Prévu en trois cédés, le nouveau tirage sera en deux opus, autrement plus copieux. Sur les treize adaptations libres de ce premier volume, de Marinette à La première fille, du Pornographe à La Chanson pour l’auvergnat, on retrouve les voix de Jeff Bodart, Jil Caplan, Stéphanie Coerten, Philippe d’Avilla, Lou Deprijck, Jacques Duvall, Renaud Janson, Thierry Mondelears, Didier Odieu, Jean-Louis Sbille, Gilles Verlant, Pierre Vervloesem, Isabelle Wery, Yohadane et les Talbot sisters, ces dernières n’étant autres que les choristes de groupe Sttellla.
Ceci dit, avant de vous ruer sur ce disque, sachez bien à quoi vous attendre. Loin de tout consensus, Vitor Hublot fait des chansons du vieux des objets intrigants, bizarres, incongrus, à la musique parfois urticante. Original, il va sans dire, jamais entendu auparavant. Si vous n’acceptez pour repreneur de Brassens que Maxime Le Forestier, Valérie Ambroise, Joël Favreau ou le MEJ trio, fuyez, c’est pas pour vous ! Si la causticité musicale, l’insolence presque, vous ravit, allez-y, l’expérience Vitor Hublot nettoie nos têtes de lecture bien comme il faut.

Le site de Vitor Hublot, c’est là. Sortie du disque le 26 septembre.

8 Réponses à Le Brassens selon Vitor Hublot : enfin libre !

  1. francishebert 2 septembre 2011 à 17 h 24 min

    C’est assez bizarre de classer Joël Favreau dans les orthodoxes… J’ai trouvé son «Brassens autour du monde» assez décoiffant et réjouissant, un peu à la manière d’Arno avec Comme à Ostende ou Keren Ann avec Je fume pour oublier que tu bois de Bashung…
    Je n’ai pas entendu ce projet Brassens, mais à vous lire, ça semble un peu n’importe quoi.
    À mon sens, il ne faut pas confondre massacrer une oeuvre pour faire le malin et la salutaire réinvention.
    Sur le récent hommage à Maxime Le Forestier, La maison bleue, le seul qui s’en sortait vraiment bien, qui revisitait sans trahir, était l’Africain Daby Touré avec San Francisco.

    Réponse : Oui, c’est vrai votre remarque sur Joël Favreau : je n’avais en tête, au moment d’écrire ce billet, que ses premières reprises de Brassens, oubliant ce qu’il a fait par la suite, travail c’est vrai remarquable.
    Bon, une fois dit ça, le projet Vitor Hublot est loin d’être n’importe quoi, au contraire. Je préviens juste les lecteurs qu’ils pourraient être un peu désorientés à l’écoute du disque, que c’est loin de toute sage réappropriation. MK

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  2. Henri Schmitt 2 septembre 2011 à 18 h 38 min

    Eh bien, chacun est libre d’avoir « son Brassens ». Maxime Leforestier s’excusait dans une TV auprès de Brassens, de « massacrer un peu sa musique », en ayant arrangé « Dans l’eau de la claire fontaine » facon bossa nova. Brassens lui répondait qu’il pouvait faire ce qu’il voulait. Grande toéerance du « vieux » quant aux interprétations de son travail. En ce qui me concerne, je suis assez peu touché par ce que je viens d’entendre dans le travail de Vitor Hublot. Mais ça ne veut pas dire que c’est nul ou mauvais. Ce n’est pas mon Brassense, c’est tout. Je déplore, si j’ai une critique a faire, le traitement des mélodies. Mais les goûts et les couleurs…

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  3. Odile 3 septembre 2011 à 0 h 28 min

    J’ai environ une trentaine d’interprétations des chansons de Brassens.
    je les collectionne !
    Je n’aurai pas celle ci dans ma discothèque, ce n’est vraiment pas à mon goût !
    j’ai par contre beaucoup aimé le CD et le concert des « Etrangers Familiers »

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  4. Decrauze 5 septembre 2011 à 22 h 19 min

    Auprès de son arbre, je voudrais rester pour mieux digérer le monde qui se lézarde. Au bois de son cœur, nos vagabondes pensées s’aiguiseront contre les pitres tirailleurs. En tous sens, au tréfonds désabusé, ils s’ingénient à faire mourir les autres pour leurs ineptes idées. A cette valetaille de jusqu’aux boutistes, aux fossoyeurs d’une douce rentrée, je souhaite une cohorte de gorilles obsédés.
    Cf. « Au gueuleton de Brassens » sur http://pamphletaire.blogspot.com/

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  5. Danièle 6 juin 2013 à 10 h 25 min

    Et oui, à chacun ses goûts, mais c’est bien de découvrir et d’avoir à choisir, je ne connais pas encore cette version Brassens de Vitor Hublot, je vous direz « quoi » quand j’aurai écoutée. La liberté et l’irrévérence se chantent sur tous les tons, et je ne rechigne pas devant ces « objets intrigants, bizarres, incongrus, à la musique parfois urticante. » Merci pour ces précisions en attendant.

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  6. Danièle 6 juin 2013 à 11 h 23 min

    Oui, en fait il y a du monde derrière le Hublot , et je suis partagée , il y a des choses que j’aime bien, comme  » Le Gorille », ou  » Brave Margot » par Jil Caplan, mais les musiques sont parfois très urticantes et même à la limite du supportable , mais c’est juste mon avis, et cette version peut faire découvrir Brassens à des plus jeunes dans un univers musical à portée de leurs oreilles . Allez, je vais refaire un petit tour de Toboggan pour me reposer les oreilles !

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  7. Norbert Gabriel 6 juin 2013 à 11 h 52 min

    Dans les belles aventures autour de Brassens, il y a aussi Jacques Yvart et son Brassens en esperanto, une belle idée, qui ouvre de nouvelles pistes possibles. Jacques Yvart doit être le seul auteur-chanteur contemporain dont Brassens a enregistré une chanson.
    Et il faut aussi signaler le « vent fripon » d’Alcaz, et aussi « La marquise » qui a fait quelques versions très réjouissantes d’Oncle Archibald entre autres… Tout en respectant quelques bases, à mon avis indispensables, par exemple les mélodies. Les ré interpréter, les re-créer, oui, en faire une salade exotique ou chercher une originalité discutable… j’ai un doute… mais bon, faut voir, et écouter…
    Alors, je viens d’écouter « le gorille », « la première fille » et « le temps ne fait rien à l’affaire » comment dire? un peu réservé, c’est peut-être bien en scène, mais c’est pas ce je mettrais en boucle sur la chaîne… Brassens, c’est aussi de la musique, et dans ces nouvelles versions, ce sont d’autres musiques, ou des bruits musicaux… à user avec modération pour ma part.

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  8. Danièle 6 juin 2013 à 12 h 14 min

    On s’est amusés un soir à chercher, avec mon neveu, toutes les versions de Brassens dans le monde, et c’est une mine ! il a été chanté en Chinois, en russe, en suèdois , en italien, en Lorrain, en créole, etc …Et même en hébreu . J’aime bien la version en espéranto de Jacques Yvart, ( de toute façon Jacques Yvart pourrait chanter l’annuaire que j’aimerais ça !) Mais ma préférence, tous artistes confondus pour les reprises de Brassens va quand même à Paco Ibanez .

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