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Deux Z’elles lauréates de « Et en plus elles chantent »

Laura et Lorette, deux z’elles (photo DR)

Extraits de leur bio : « Deux Z’elles ce n’est pas : une marque de vêtement, une section secrète d’ultra féministes, un solo schizophrène. Ce n’est pas fleur bleue. Ce n’est pas une version simplifiée de la 4L ou des L5, un club d’ornithologie, un nouveau parti politique (ou pas encore). Ce n’est pas compliqué (quoique…) ». Deux Z’elles, c’est Laura (Cahen) et Lorette (Vuillemard), duo guitare contrebasse, parfois piano à deux, deux nancéennes désormais un peu lyonnaises, qui se veulent être la rencontre « du sucre de canne et du citron », duo qui s’envole de ses propres elles. Duo même si l’une des deux prend incontestablement le pas sur l’autre, presque toute la couverture à elle, et c’est peut-être là où le bât blesse. La formation existe depuis cinq ans, qui oscille entre folk, blues et jazz, très dynamique, dans laquelle les voix délicieusement sucrées (ce sont les textes qui, parfois, font citron) sont presque instruments eux-mêmes. Les filles ont l’inspiration pour le moins sentimentale, de leur âge, mais pas forcément naïve, et les vers bien en place qui ne sont pas tirés du nez : ça donne une chanson où elles s’exposent bien plus que la normale, dans des préoccupations qu’elles rendent prenantes, parfois poignantes. Leur discographie n’est à ce jour composée que de deux cédés cinq titres (le second réalisé par Eddy la Goooyatsh) mais on ne doute pas qu’elle puisse vite se développer. Ces demoi z’elles d’émoi ont longtemps écumé les scènes de leur région avant de tenter, parfois, la Capitale. Là, elles semblent poser leur dévolu sur la bonne ville de Lyon, déjà prédisposée à la chanson. Et d’emblée ont remporté ce week-end le tremplin régional qu’est « Et en plus elles chantent » (prix de la Sacem et prix du public). Bravo les filles !

Le myspace des Deux Z’elles, c’est ici. Le tremplin « Et en plus elles chantent », dont ce fut cette année la quatrième édition, est organisé par le Kraspek Mysik-association Lerockepamort et le Label Poon, en partenariat avec le festival « Les Chants de Mars », a pour vocation de soutenir et promouvoir les artistes émergents de la région Rhône-Alpes et Auvergne.

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14 Réponses à Deux Z’elles lauréates de « Et en plus elles chantent »

  1. delorme 20 mars 2012 à 8 h 25 min

    Des tremplins, il y en a tous azimuts. Celui-là j’y ai assisté.
    Je suis resté sur ma faim en ce qui concerne les chansons, mais peut-être qu’avec l’âge je suis devenu trop difficile? C’est probable.
    Bien sûr j’étudie la musique sous ses formes diverses depuis pas loin quarante-cinq ans, ce qui ne veut pas dire grand-chose en soi, et peut-être que mes oreilles me trahissent, à cause de l’âge toujours? Mais voilà il se trouve que le groupe dont le projet m’a semblé le moins abouti, le plus perfectible, surtout le plus faible musicalement (je me demande où Michel a entendu du jazz, du blues ou du folk?), sonorités instrumentales désastreuses, mise en place approximative, comme la justesse, eh bien le groupe l’a emporté (deux fois , public et jury). Il est vrai que la chanteuse a une voix voilée comme c’est la mode (Zaz, L, Berry et j’en passe) et un joli costume avec des bretelles et des talons hauts, cela a dû jouer en sa faveur.
    Et c’est vrai aussi que la chanson appartient à tous et qu’on ne peut pas la confier aux seuls musiciens, mais quand même, je trouve ce résultat décevant, voire un peu décourageant. Bon c’est comme ça, je ne dois pas y comprendre grand-chose toujours l’âge peut-être? J’aurais passé ma vie à m’occuper de chanson pour finalement n’y rien comprendre. Ou alors je comprends trop bien et c’est encore plus désespérant.

    Réponse : Ce billet n’est pas une chronique de concert (du reste, ce n’est pas sur quatre ou cinq chansons qu’on peut se livrer à cet exercice) mais un « survol » de leurs deux disques, une présentation générale (dont une partie du rédactionnel était paru dans une chronique discographique parue sur le Thou’Chant). Je reviendrais bientôt sur ce tremplin qui, comme d’autres, peut nourrir une utile réflexion. Comme Pierre Delorme, je dois avouer ne pas être enthousiasmé par le résultat, qui nous pose (lui comme moi) des questions. Reste que je tenais à saluer ces Deux Z’elles et, par elles, une manifestation franchement sympathique qui a, par le passé, mis en lumière de belles artistes. Ce n’est pas Buridane, membre du jury cette année, qui dira le contraire. MK

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  2. delorme 20 mars 2012 à 9 h 06 min

    Oui, ce qui est intéressant bien au-delà du résultat, c’est ce phénomène de tremplin (il y a pléthore) et la question des jurys, question qui se pose parfois y compris au sein des conservatoires ou même Ecole Nationale de Musique, en particulier à Villeurbanne où les élèves du département chanson sont évalués en fin de cursus sur un récital (30′) par un jury de « pro ».
    Si dans les domaines classique et jazz, les critères techniques précis semblent prévaloir pour les membres du jury, dans le domaine de la chanson, on évalue davantage sur des impressions générales où l’irrationnel et la subjectivité semblent avoir la part la plus importante.(même si on fait semblant du contraire)…C’est peut-être inhérent à la chanson après tout de ne générer que des réactions affectives, voire passionnelles? Nous y reviendrons.

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  3. FESTIV'ART 20 mars 2012 à 10 h 15 min

    Merci cher Monsieur Delorme (pardon pour les guillemets de mon récent commentaire …) de suggérer une discussion sur les critères d’appréciation d’une chanson… Notre Festiv’Art a été très modestement, mais honnêtement, organisateur d’un tremplin pendant 8 ans, où plus de100 candidats ont disposé de 30 mn pour nous faire découvrir leur univers … Il ne nous serait pas venu à l’esprit de réduire la prestation à 2 ou 3 chansons. La modestie de notre budget ne nous permettait pas d’attirer à nous des « spécialistes » de renom (mais là encore on pourrait discuter) mais pour autant nous avons pu faire de ce jury, au fil des ans, un espace d’échanges et de réflexion sur la création d’une chanson. Nous avons même consacré une table ronde à cette question où la participation des auteurs compositeurs présents offrait une pertinence. Depuis 2007, notre évènement inclut un atelier d’écriture de chansons au cours duquel évidemment la question est sans cesse remise à l’ordre du jour. Au bout du compte je me rangerais volontiers à votre conclusion, d’où toute ma réserve aussi sur la « critique » d’une chanson que nous écoutons d’abord avec ce qui nous ramène à notre histoire personnelle… C’est là pour moi la force du genre !

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  4. delorme 20 mars 2012 à 12 h 26 min

    Bravo pour votre travail. A mon avis, les émotions, « l’histoire personnelle » et le plaisir qu’on retire des chansons, ne doivent pas être un obstacle à l’analyse critique, bien au contraire celle-ci devrait permettre de mieux les comprendre et apprécier, parfois sous un nouveau jour. De la même façon que l’analyse sociologique (dans laquelle il est toujours a priori désagréable de se sentir « objectivé ») nous permet finalement de mieux comprendre ce que nous sommes et peut-être de dépasser les représentations toutes faites dont nous sommes faits. Avec l’art c’est la même chose, on peut bien sûr se contenter de la simple délectation et ne pas chercher plus loin, mais c’est dommage. L’analyse des oeuvres, loin de gâcher les émotions, leur donne au contraire une nouvelle dimension, bien plus grande encore, quitte à devoir réévaluer certains de nos goûts.
    En ce qui concerne les examens à l’ENM, j’ai établi une liste de critères techniques(assez souple) pour « aider » le jury, ou du moins faire qu’il y ait quelques éléments rationnels dans l’évaluation. C’est vrai qu’il ne s’agit pas d’un tremplin, mais d’un examen et d’un diplôme.

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  5. FESTIV'ART 20 mars 2012 à 16 h 44 min

    Est-il possible de disposer de cette liste, cher ami ? …J’aimerais beaucoup …
    Pour ce que vous dites auparavant, comment voulez-vous que je n’adhère pas moi qui ai passé ma vie professionnelle de professeurs de Lettres à l’analyse des œuvres, des textes mais aussi des œuvres picturales, des films (je m’étais efforcé de travailler les outils de « lecture filmique » pour la transmettre à mes élèves…et à mes collègues) ? Dans les années 80, enseignants de Lettres, nous sommes tous passés – de gré ou de force !- de la perception très affective, très émotionnelle, à une lecture très (trop – sûrement) technicienne. Je vous avoue que le choc a été rude sur le moment mais qu’au bilan, j’anime aujourd’hui mon atelier d’écriture (littéraire) avec tous ces acquis, persuadée qu’une juste mesure se situe entre les deux… Dans ce que j’écris ici, sur ce blog, je me garde d’une analyse musicale dont je n’ai pas( hélas !) les outils … J’espère avoir, malgré tout, de bonnes raisons d’aider à la reconnaissance de quelques artistes qui, à mes yeux, le méritent, une chanson étant le subtil mélange de texte et de musique… Bien amicalement, cher Delorme …

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  6. CCS 20 mars 2012 à 17 h 14 min

    Dans « L’écriture comme un couteau », l’écrivain Annie Ernaux, également enseignante, évoque le travail de chargée de la rédaction de cours et de corrigés de littérature qu’elle a dû réaliser par le passé. Elle dit avoir trouvé ce travail passionnant, car n’y cessant pas d’être quelqu’un qui écrit et dialogue avec les textes et les critiques (je cite) : « je parle ici non de la critique d’accueil, d’humeur, des journaux, mais de la critique qui cherche à comprendre comment et pourquoi une œuvre est ce qu’elle est. »

    Il me semble que c’est la seconde qui manque furieusement dans la chanson. Celle qui dépasse le simple cadre du j’aime/j’aime pas, ainsi même que l’appréciation formelle ou technique, pour s’intéresser réellement au projet de l’œuvre. Qu’y a-t-il en arrière-plan d’une œuvre ? Quelle est sa visée ? Vers quoi tend-elle ? A partir du moment où l’on parle chanson, on a l’impression que ce qui compte est simplement de susciter une émotion. Comme si les autres dimensions devaient lui rester interdites ; si bien qu’on se demande si ce n’est pas la chanson elle-même qui se considère avant tout comme un art mineur… En ce sens, une vraie critique, relevant d’une analyse en profondeur qui ne se borne pas à l’affectif, pourrait en effet lui être profitable.

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  7. delorme 21 mars 2012 à 9 h 50 min

    @Festiv’art
    Donnez-moi une adresse mail où je peux vous envoyer la listes des « critères » d’évaluation imaginée pour faciliter le travail du jury pendant les examens du département chanson à l’ENM de Villeurbanne.
    Certains de ces critères sont essentiellement « techniques » et s’adressent en priorité aux musiciens (après tout nous sommes dans une école de musique et la musique fait partie intégrante de la chanson) d’autres s’adressent aux membres du jury qui ne sont pas forcément musiciens (programmateurs souvent, ou même artistes qui ne connaissent vraiment pas la musique). Cette liste n’a forcément sa place dans ce blog, sauf si elle intéresse d’autres personnes bien sûr, elle n’est pas secrète et sans doute perfectible! Cordialement.

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  8. Cat 21 mars 2012 à 13 h 43 min

    Bonjour Pierre
    Merci de le proposer… je n’osais pas vous solliciter mais cette liste de critères d’évaluation m’intéresse également.
    Je ne suis pas musicienne et je manque souvent d’éléments pour expliquer en quoi une chanson me plaît (ou me déplaît), hormis le texte que je peux « analyser » et la voix, que j’entends…
    Ça m’intéresserait d’avoir ce type d’approche : ça me permettrait peut-être de pouvoir dire autre chose que « j’aime » ou « j’aime pas ». De formaliser un peu le message que je voudrais faire passer
    Alors, si vous ne la postez pas ici
    catherine.cour@orange.fr
    Merci :-)
    Cat

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  9. Eddy Bonin 21 mars 2012 à 13 h 51 min

    Mr Delorme,
    Je veux bien recevoir également cette liste, par simple curiosité.
    Peut-être que cela pourra permettre aux artistes que nous défendons (comme Manon http://zikcard.com/manon), de progresser dans l’écriture.
    Merci d’avance !
    Cordialement,
    Eddy Bonin
    eddy.bonin@lmpmusique.fr

    Répondre
  10. delorme 22 mars 2012 à 9 h 25 min

    Bonjour, voici la liste des critères évoquée et dont je vous rappelle qu’elle est destinée aux jurys qui évaluent les étudiants pendant un examen à l’issue duquel ils obtiennent (ou non) un diplôme « DEM chanson » identique aux DEM, de piano ou violon (ou autres) délivrés dans les conservatoires et écoles nationales de musique.
    La plupart des critères sont musicaux.
    Critères d’évaluation du tour de chant (sortie DEM)

    Intonation (Justesse, précision de la voix)

    Ancrage rythmique ( Rapport à la pulsation)

    Articulation, diction (clarté)

    Interprétation :
    Engagement vocal
    Gestuelle (attitude corporelle)
    Gestion de l’espace

    Cohérence et organisation du répertoire

    Pertinence et gestion
    de l’environnement musical

    Pour les auteurs-compositeurs et interprètes :

    Qualité et intérêt du texte
    Artisanat de l’écriture (métrique et rimes, construction)
    Sujet

    Artisanat (carrure, mélodie, harmonie)
    Adéquation au texte

    Nous proposons pour « noter » chaque rubrique une ligne qui va de moins à plus en passant par zéro. – 0 +
    Je vous rappelle aussi que cette liste n’est qu’une aide au travail du jury, une façon d’essayer d’introduire des éléments « objectifs » dans l’évaluation.

    Répondre
  11. FESTIV'ART 22 mars 2012 à 18 h 27 min

    @ delorme : Merci beaucoup de nous avoir confié cette liste qui apparemment n’intéressait pas que moi. Mais je constate avec satisfaction que nous n’en étions pas si loin avec nos critères dans notre jury… Nous avons toujours essayé de trouver une forme de justification à notre ressenti même si, je le crois, en scène tant d’autres paramètres, très personnels ceux-là, viennent « sournoisement »se glisser … comme dans la perception de toute œuvre d’art. Tant il est vrai qu’une même personne n’appréciera pas la même œuvre, à différentes étapes de sa vie.
    Amitié à tous ceux qui sont de passage ici !

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  12. Cat 22 mars 2012 à 23 h 08 min

    Merci pour cette liste. Je comprend bien que ce n’est qu’une aide, un « outil d’évaluation » permettant de quantifier des jugements personnels qui devront ensuite déboucher sur un « reçu » ou « recalé ».
    Pour avoir été « examinateur » dans de nombreux jurys de concours (pour des recrutements administratifs), je sais les avantages mais aussi les limites d’un tel outil. Il a le mérite d’exister et de permettre ensuite la discussion sur des critères un peu plus « objectifs »
    Merci de le partager

    Cat

    Répondre
  13. Patstis 25 mars 2012 à 9 h 51 min

    et si l’on passe par exemple ceci

    http://www.dailymotion.com/video/xg92zj_deux-z-elles_creation

    a travers les quelques idées de cette liste, vous arrivez a quoi ?
    moi vraiment a pas grand chose..

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  14. Delorme 25 mars 2012 à 15 h 42 min

    Le problème de ces critères est qu’ils s’adressent à des gens suffisamment formés comme musiciens pour évaluer la justesse des voix par exemple, ou encore des instruments, la mise en place rythmique et la gestion de l’environnement sonore (voire arrangement) etc.
    Mais comme je l’ai dit au début de ces commentaires, la chanson n’appartient pas aux seuls musiciens, elle est à tout le monde. Tout le monde a le droit d’apprécier ce groupe et ne pas entendre les approximations de la contrebasse ou des voix par moment, ou même éventuellement de les entendre mais ne pas en être gêné pour autant.
    Et je rappelle que ces critères aident à l’évaluation pour l’obtention d’un diplôme qui atteste de compétences techniques dans le domaine de la chanson, mais ils ne servent pas à évaluer « le talent » ou encore l’émotion que chacun peut ressentir pendant un concert. Ce sont des choses différentes.

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