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Jacques Mayoud, musiculteur, jardinier de bon sens

Il fit partie d’une des premières moutures acoustiques de la Bamboche, les Jeu à monter sans colle et Quitte Paris (c’était dès 1976). On l’a retrouvé furtivement en fin de parcours de Mélusine, avec les compères Guilcher, Baly et Dutertre. Il accompagna souvent Steve Waring, notamment sur La baleine bleue… On ne parle plus de folk depuis longtemps, si ce n’est pour cataloguer le moindre chanteur à guitare, mais de musiques traditionnelles, de trad’, de musiques du monde aussi… Mayoud en est, qui poursuit son bonhomme de chemin, qu’il pave de jolies galettes offertes à ce monde. On devrait remettre celle-ci à tous les enfants, pour dire ce que peut être la musique, l’art de versifier des mots simples, des mots justes, sensés. Bien sûr que je pense à ce titre, Le discours d’une enfant, qu’il eut fallu étudier lors de la Présidentielle, s’il n’était si incongru. Pensez, il parle de partage et d’écologie : « Maintenant, ça suffit ! Que vos actes de vos mots / Soient le juste reflet / Ou vous serez un jour / Par des enfants jugés / Pour non-assistance / A planète en danger. » Pour Mayoud, Mon jardin, c’est le monde. D’un bout à l’autre de la planète d’ailleurs, tant que ce disque est double : jardin de nuit pour jardin de Chine, jardin de jour pour jardin d’ici. « Mon jardin c’est le monde / La musique est ma maison / Suis créole à ma façon / Alors voici chanson qui dit comme ça. » La thématique est large qui va des essences à la faune qui vit dans et sur ces arbres, des rivières au ciel, des pêches de vigne au Temps des cerises, de cet arbre planté dans un tableau de Van Gogh… En plus de tout ce qui pousse, Mayoud cultive l’amitié et l’intelligence, fruits rares en ces temps de disette, de crise, de sourdes peurs. Sa main verte, il l’a tend aux autres, garnies qu’elle est de notes par nature universelles : il est « musiculteur » qui sait les graines et les boutures, qui réunit les essences, qu’elles viennent d’Afrique, des Amériques ou d’Europe. Et de Chine. Bain de cultures qui unie Claude Roy, Li Po, Victor Hugo, Wang Wei, Georges Brassens, Gilles Vigneault, Jean-Baptiste Clément, Severn Suzuki et Li Yu aux mots et aux musiques de Mayoux, sonorités prélevées ici et là, paroles de bon sens, forcément d’avenir, de celles qu’on a encore plus envie de semer dans les potagers, vergers et pépinières du monde, de tout le monde.

Jacques Mayoud, Mon jardin c’est le monde, 2011, Bluestuff productions/L’Autre distribution. Le site de Jacques Mayoud, c’est ici.

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2 Réponses à Jacques Mayoud, musiculteur, jardinier de bon sens

  1. Gérard Delahaye 13 mai 2012 à 9 h 35 min

    Je confirme : c’est un très bel album, varié, coloré, très musical et …très chinois dans son humeur, ses mélodies. Il est d’ailleurs accompagné par Qiang Li, une virtuose de la guitare guzheng.

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  2. Henri 13 mai 2012 à 17 h 52 min

    Je me souviens de Jacques Mayoud, mais de nom seulement. En effet, la Bamboche etait generalement associe a Jean Blanchart, et les autres etaient mentionnes…sur la pochette. Un peu injuste, mais les medias sont ce qu’ils sont.
    Une petite remarque: « On parle plus de folk depuis longtemps, si ce n’est pour cataloguer le moindre chanteur a guitare… » et c’est un peu agacant. Folk a un sens, qui n’a rien de meprisant: la musique que font les gens. Il est regrettable que l’on s’en soit servi pour definir ce qui est accoustique par rapport a l’electrique, et partant, quelque chose de demode, voire de reactionnaire. J’ai en memoire le titre du « Monde de la musique »vers la fin des annees 70: « La mort du Folk? » Quelle anerie! Ce genre de quiproquo vehicules par les medias, et repris par les intellectuels, euh… de gauche malheureusement, se retrouve aussi a Cambridge. Je lisais dans l’un des journaux des etudiants de l’universite, un article questionnant le fait que le Folk etait encore vivant, citant si je me rappelle Laura Marling comme exemple. Elle a un papa qui fait du folk,OK mais ce qu’elle ecrit avec un talent enorme, precoce, ne ressemble pas a ce que l’on entend generalement par folk. Ou alors dans la definition originale:elle fait sa musique. Mais elle s’accompagne a la guitare accoustique, dans un style assez simple, assez eloigne des trilles a l’irlandaise, du picking americain ou meme du folk baroque a la John Renbourn. Le hic de cet article,pourtant elogieux c’etait un passage disant que Folk vous faisait irremediablement penser a des mecs en sandales, sentant la transpiration etc… Je n’ai pas vu ca en particulier dans les festivals folk, mais c’est un canard universitaire qui l’ecrit! Et bien non, le folk n’est pas mort, meme si on n’appelle plus ca du folk. En meme temps cher ami, Musiques du monde ca fait plus classe, vous voyez…? En tout cas ce qu’ecrit Jacques Mayoud merite qu’on l’ecoute, folk ou pas.

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