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Maïon & Wenn, amour sans filtre et philtre d’amour

Deux nanas qui chantent ensemble, c’est fréquent, banal. Mais quand l’oreille croise Maïon & Wenn, on se dit qu’il y a là presque événement.

Ça fait six ans que ces deux bretonnes se trimballent sur les routes, pour s’y produire dans la rue ou dans une salle, simple bistrot ou institution culturelle, dans une formule un piano-platines (de leur compère Blunty Blunty) et deux voix (elles). Furtivement, elles gonflèrent les effectifs d’autres garçons mais sont depuis revenues à l’effectif d’origine après s’être permis le luxe d’une dévédé Live From Karaez (Carhaix en breton, les Vieilles charrues…) accompagné d’un calendrier de charme paysan !

C’est pourtant en grande formation, bien cuivrée comme il faut, qu’elles sortent Zamoureuses, leur nouvel opus. Même si on s’imagine bien le travail d’écriture en coulisses, les chansons de Maïon & Wenn respirent un naturel décontracté, presque déconcertant. Les filles ne mâchent pas leurs mots, ne négocient pas les sentiments. C’est frais, c’est osé, qui plus est très bien fait. Qui trouve-t-on ? Un autoportrait en diablesses digne du Grand orchestre du Splendid, la recette du philtre d’amour (« Saupoudrez d’poudre d’escampette / Assaisonnez de rouflaquettes / Quelques gouttes d’eau des toilettes / Et de la salive de trompette / Pour casser le coeur d’un corbeau / Hachez la chair d’un crapaud / Du sang de suceur de sang tout chaud / Et de la jute de puceau / Recouvrez laissez mijoter juste le temps d’aller pisser / Puis sur une planche à découper / Vous commenc’rez par émincer / Trois nichons de Céline Dion / Et le colon de Cendrillon / Jetez le tout dans le chaudron  / En se disant ça va être bon / Tout en disant cent fois le nom / De l’homme qui boira la potion »), la confession de tas de mensonges (autre série après celle de Carmen Maria Vega dont elles ont pareilles audaces), l’insatiable collection de garçons que nos deux chanteuses détaillent par le menu, leur homme en loup-garou… Du décapant même si Maïon & Wenn sont avant tout Zamoureuses, certes à leur manière. Leur vocabulaire du tendre est simplement plus abrupt que la normale, moins policé mais autrement plus excitant. Avec des chansons qui vous happent et nappent d’un charme fou avant de rendre leur venin. Les filles se permettent même la (superbe) reprise d’une chanson de Gilles Vigneault, Le grand cerf-volant : je n’en connais pas de plus belle reprise, qui certes tranche dans le répertoire de ces dames quant aux mots, pas dans le respect de leur art dont elles connaissent et maitrisent les tenants et aboutissants, pas dans leur complicité vocale, pas dans le rendu.

La bio de Maïon et Wenn les qualifie de « duo loufoque, sacrément culotté ». Loufoque ? Non, simplement un remarquable duo un peu rentre-dedans. Et enthousiasmant, comme c’est rare. Si ces deux morlaisiennes daignent se produire près de chez vous, mobilisez le ban et l’arrière-ban de votre voisinage, allez leur faire triomphe : elles le mérite amplement.

Maïon & Wenn, Zamoureuses, 2012, Coop Breizh (à sortir à la rentrée) . Le site de Maïon & Wenn, c’est ici.

Pas de titre disponible sur le net tiré de cet album tout neuf : voici une ue chanson d’un précédent album. Image de prévisualisation YouTube

 

 

3 Réponses à Maïon & Wenn, amour sans filtre et philtre d’amour

  1. Halimi Franck 13 juillet 2012 à 11 h 45 min

    J’ai eu le plaisir de les voir le mois dernier, à l’occasion de la première édition du petit festival « Oizins-Oizines », dans l’Auxois (en Bourgogne).
    Pourtant annoncé comme « réservé aux adultes », le spectacle s’est joué sous un chapiteau assiégé par un public familial.
    D’emblée, j’ai eu extrêmement peur du déroulement de la prestation, tant ce que chantent et racontent les deux jeunes femmes est d’une crudité rare.
    Mais, ma frayeur ne fut que passagère, emportée qu’elle fut, presque aussitôt, par les rires de l’assistance.
    Pourtant, c’était loin d’être gagné car j’avais rarement vu et entendu de choses aussi (dé)culottées sur un plateau.
    Ces filles-là sont à la fois très ardentes et complètement givrées. Et de ce chaud-froid naît une singularité de ton unique en son genre.
    J’imagine que certainEs ont été choquéEs par la teneur des propos, voire par la forme extrêmement « rentre-dedans » de ces bretonnes de choc. Mais, en discutant a posteriori avec plusieurs des présents, je me suis rendu compte qu’il n’en était rien et que leur fougue et leur humour avait tout embarqué sur leur passage tornadesque.
    Mais, je crois que si, malgré l’irrévérence, voire la trivialité du fond et de la forme, ce spectacle passe la rampe, c’est surtout parce qu’il est extrêmement bien écrit et interprété : ces deux dingotes assument pleinement leurs personnages (ce qui est une vraie performance de comédiennes) grâce à la qualité des mots et de leur agencement.
    Bref, si CD est tentant, le spectacle est extravagant => à voir !

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  2. danièle 13 juillet 2012 à 12 h 38 min

    Contrairement à ce que pourrait laisser penser le joli encadrement de leur photo sur la vidéo, elles ne font pas dans la dentelle ! …N’oubliez pas pour le philtre d’amour … » Un poil de nez du père noël », ça porte bonheur . . .

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  3. Nicolas Esprime 4 août 2012 à 1 h 34 min

    Mais si qu’il y a un nouveau titre, et même deux, qu’on peut écouter, dont un en clip :
    http://vimeo.com/41756975
    http://www.maionetwenn.net/Maion-Wenn-zamoureuses-2012.html

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