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Quoi la chanson ?

Sarclo (photo Michel Trihoreau)

Il y avait de la chanson à Avignon.

—     On dit EN Avignon !

C’est un phénomène qui se reproduit chaque année, bon an mal an.

J’aurais dû aller voir les chanteurs que j’aime : François Gaillard, Thomas Pitiot, Gérard Morel, Sarclo qui gueule comme un putois, Les Grandes Gueules (sans putois), Olivier Neveux et vingt autres, sans compter ceux que je ne connais pas. Raté ! En trois jours, au prix de la chambre d’hôtel, en courant du nord à l’ouest et de l’est au sud, avec un planning compliqué, je n’ai pas pu.

Parce qu’il y a aussi du théâtre, à Avignon.

—     On dit EN Avignon !

Il y a surtout des spectacles que l’on inscrit de force dans une catégorie, sous un drapeau, dans une chapelle et qui font appel au théâtre, à la musique, à la poésie, à la littérature, à la chanson, à la danse, à l’acrobatie et même à la vie.

J’ai vu le « spectacle musical » (comme ils disent) Comme Endormir, de Marie-Claire Delay. Il s’agit d’un merveilleux conte onirique en en lumières en formes et en sons, mélangeant le lyrique, le mime, la musique. Totalement inclassable, mais quel plaisir des sens pour atteindre un haut niveau d’esthétique.

—     Oui, et la CHANSON ?

J’ai passé un moment formidable avec Operetta. Vingt cinq chanteurs catalans occupent la scène par une succession de gags visuels collectifs, mimant aussi bien le Tour de France qu’un tournage de film en chantant allègrement des airs d’opéra. A la fois chanteurs lyriques, danseurs, comédiens, sans doute mal payés et totalement anonymes. J’ai eu de moins en moins envie d’aller écouter le pauvre chanteur solitaire qui me parle de ses états d’âme. Vingt cinq talents multiples contre un talent unidirectionnel, on ne peut pas lutter !

—     Mais la CHANSON…

Le Mariage de Figaro, joué par Comédiens et Cie, une troupe qui a autant appris de la commedia dell’arte que du théâtre contemporain, fut aussi un grand moment dans mon parcours. Ils sont jongleurs, musiciens, chanteurs autant que comédiens. Ils avaient eu le bon goût d’y ajouter des extraits des Noces de Figaro de Mozart.

—     Beaumarchais, Mozart… ils sont morts !

J’ai vu Les Bonnes de Genet, un brin vieilli, mais fort bien joué ; Rhinocéros de Ionesco, par une troupe d’amateurs d’un hôpital avignonnais, avec une mise en scène astucieuse et originale ; A toi pour toujours, ta Marie-Lou, une émouvante pièce québécoise fort bien jouée ; une Andromaque très rock et presque fidèle à l’idée qu’on pourrait se faire d’un Racine d’une autre époque.

—     Mais la CHANSON !

J’ai vu Brel sur une affiche. Le chanteur, Jacques B. (ça ne s’invente pas), un talent incontestable, mais tellement près de l’original, jusqu’à la cravate, que je me suis plu à l’imaginer chanter Debronckart, Tachan, Jehan Jonas et autres écorchés.

—     Mais c’est de l’interprétation.

J’ai vu Jehan, chanter Leprest, c’est de la re-création avec toute l’émotion qui émane des textes de l’auteur et celle, aussi vive, de la voix de l’interprète. C’était l’heure où l’on a du mal à contenir son rire ou ses larmes, l’heure où la tendresse peut friser la révolte. L’heure de la chanson debout, sans fard, toujours vivante. Alors, je n’ai  plus du tout eu envie d’aller entendre des graines de star nombrilistes égarées dans d’autres salles inconfortables qui, sous prétexte de participation, veulent me faire répéter dix fois un refrain débile que j’aurai oublié en sortant.

—     Mais…

Eh ! bien oui, je suis néanmoins parti pour Barjac. On ne se refait pas. 

Il y avait là, autour des chansons de Boby Lapointe, une mise en scène théâtrale et musicale pleine de bonne humeur et revigorante, mais d’autres vous en parleront.

—     … la CHANSON ?

 

Une réponse à Quoi la chanson ?

  1. Norbert Gabriel 5 août 2012 à 10 h 00 min

    Tiens ça me rappelle quelques années Francos de La Rochelle, quand j’essayais d’aller au Carré Amelot pour m’instruire un peu des agitations Hip-hop, et que je n’y suis jamais arrivé à cause de tous les chanteurs du Off qui m’attrapaient l’oreille sur le parcours entre la Coursive et le Carré…
    Sinon, il me semble qu’on disait « en Avignon » quand la cité était aussi un état, celui des papes d’Avignon… Et comme ça fait un bout de temps qu’on n’a pas vu de pape dans la région, Avignon est une ville, on y va comme à Arles, à Escouderc, à Arras, avec l’ami Bidasse, ou à Lyon avec l’ami Gnafron (pour la rime) ou à Orange… ou à Enghien …

    et je partage totalement cette pique salutaire : « … sous prétexte de participation, veulent me faire répéter dix fois un refrain débile que j’aurai oublié en sortant. »

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