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Tonycello, le cachetonneur des Lilas

Tonycello (photo d’archives prélevée sur son site)

Commençons par la fin de ce concert au Bijou avec, en rappel, ce plagiat de la célèbre chanson d’un Gainsbourg débutant. Vous aurez immédiatement compris que dans ce spectacle, Chansons pauvres…à rimes riches, il faut s’attendre à laisser au vestiaire sa morosité. Sans doute est-ce pour ce rire bienfaiteur que des enfants sont dans la salle, plus nombreux qu’à l’ordinaire ?

Avant que n’entre l’artiste en scène, le cello trône majestueux dans son rond de lumière, le tabouret haut  est au centre (là, déjà, on peut s’étonner : depuis quand un violoncelliste joue-t’il ainsi juché ?), les partitions sont sagement rangées sur le pupitre. Mais tout cet ordre va voler en éclats dans quelques minutes. C’est en clown, mais sans nez rouge, en costume sage gris foncé, chemise blanche  et souliers bien cirés qu’Antoine Payen fait son entrée burlesque. Rien ne lui résiste, tout se défait, se déglingue…c’est dans un amoncellement de partitions  au sol, « Je vais le faire par cœur », rassure- t- il,  grimpé sur le tabouret, sans micro, qu’il  se lance dans la célèbre parodie Au printemps de la vache…Il enchaîne avec Ah ! Monsieur, répond la ptite bonne, les amis de Monsieur me l’ont déjà dit… A ce moment là, j’ai une pensée pour Barbara, celle de l’Ecluse, celle que l’on n’avait pas encore cataloguée à tort comme sombre et désespérée…

Je reviens vite vers Tonycello qui, pour se débarrasser de l’archet, décidément trop gênant (démonstration à l’appui) propose une leçon de violoncelle sommaire (tiens, tiens, le chanteur de Pézenas, n’est pas loin) autrement nommé grosse guitare. Et nous voilà emportés dans un cours de musique et de chant plutôt déjanté.  Il ne se prive pas alors d’égratigner la chanson française, « en maîtrisant deux accords, on en couvre 90% », évoquant   quelques uns de ces dignes (et moins dignes ! Pardon, là c’est moi qui souligne) représentants. Et surprise !  Il en fait autant avec la musique classique : Mozart, la petite musique de nuit ?  Pas de quoi crier au génie !  A la fin du concert, c’est le Cygne du Carnaval des Animaux qu’il n’hésitera pas à massacrer, transformé, grosses lunettes sur le nez, en candidat malheureux devant un jury de concours – clin d’œil appuyé sans doute à sa formation classique.  Quand il en vient aux différents procédés pour, paraît-il, améliorer le spectacle, le clown et son jeu carrément physique reprennent  leurs droits. Les enfants avaient donc eu raison d’emmener leurs parents ce soir là au Bijou !  

Quant aux chansons, on se dit que ce violoncelliste titulaire à l’Orchestre de l’opéra de Limoges (excusez du peu !) continue à faire dans la musique de chambre. Allez, restons dans le registre et disons que ma foi, oui, le nom sied  bien à cette galéjade car les chansons flirtent  souvent avec la jambe légère et l’œil polisson. Il emprunte  à  Brassens, cela va de soi, à Boby Lapointe, à Raymond Devos, à Bernard Joyet, à Eric Toulis…

Le premier commentaire d’une spectatrice entendu à la sortie  résume bien ce spectacle : ça fait du bien !  Ô combien !

J’imagine que Robert Doisneau aurait aimé ce violoncelliste là, comme il aima Maurice Baquet dans les années 50. Et dire que c’est grâce à ces  photos que j’ai découvert cet instrument et bien plus tard la musique baroque !  

Le site de Tonycello, c’est ici. Image de prévisualisation YouTube

3 Réponses à Tonycello, le cachetonneur des Lilas

  1. Danièle 21 décembre 2012 à 16 h 54 min

    Ah! tout ce que l’on peut faire avec un violoncelle, de l’humour et du talent ! merci pour cette leçon de musique très agréable .

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  2. Gilles Liobard 22 décembre 2012 à 8 h 26 min

    Oui effectivement , ça fait du bien.. même en mini-extraits!
    et la référence à Boby et à sa guitare sommaire (« je peux instruire en distraisant, treize ans et demi ») me renvoie à la folle soirée de mardi dernier au Train-Théâtre de Portes les Valence avec l’équipe du Boby Lapointe Repiqué! dont vous pouvez commander le CD en souscription au Printival de Pézenas (est-ce plus loin que Caracas ?)

    Répondre

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