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Virgin Megastore : se la couler douce…

Le téléchargement gratuit aurait ruiné Virgin ? (photo DR)

Les vingt-six Virgin Megastore vont bientôt descendre leurs rideaux, définitivement : le dépôt de bilan est pour aujourd’hui 10 janvier, drôles d’étrennes pour les 1000 salariés. Butler Capital Partners (qui détient 74% du capital), le fonds d’investissement à qui ils appartiennent, ne s’encombre pas de détail, ne fait pas dans la dentelle : y’a des dettes on licencie tout le monde ! Un fonds d’investissement, c’est comme un fonds pension, c’est fait pour se faire du fric, pour faire travailler l’argent, pas les hommes. Les syndicats crient à «
l’incurie de gestion », semble-t-il avec raison. Peu importe d’ailleurs pour les professionnels réunis dans le Syndicat de l’Edition Phonographique (Snep) à savoir essentiellement les quatre majors que sont Universal, Sony, EMI et Warner, qui ont leur avis tout fait sur la question, presque heureux de l’aubaine, et crient à l’unisson : « C’est la faute au piratage ! » Ben voyons ! Je ne saurais être aussi catégorique. Il y a peut être eu une mauvaise gestion, des opportunités ratées, des nécessaires investissements pas faits (pour un fonds d’investissement, ça fait tâche), que sais-je encore ? De toute façon les dirigeants partiront comme il se doit avec un parachute doré. Eh ! c’est pas de leur faute, c’est celle des ignobles pirates, en tee-shirts crasseux et jeans délavés. Des criminels !

Je ne pirate pas, ne pirate jamais. Je connais bien trop d’artistes, souvent devenus mes amis, pour m’amuser à graver à tour de bras. Ils ont autant de difficultés pour vendre leurs disques que moi pour vendre mes articles. Solidaire, donc.

Cette histoire de Virgin (dont le nom évoque des tas d’activités commerciales, production de disques comme distribution… ; lire ici l’article Wikipédia sur Virgin) me chiffonne un peu, quand même. Il me semble que le piratage a bon dos, qu’il masque beaucoup d’incompétences et paradoxalement d’appétences.

Qui fait du disque un produit de luxe à 15 ou 20 euros pièce, alors qu’il ne coûte pas très cher à fabriquer ? Qui a nivelé à ce point la chanson (la musique en général) pour en faire un produit tellement uniformisé, banalisé, vidé de tout, que quitte à en consommer on préfère le faire dans un succédané de la langue de Thatcher, et si possible en le téléchargeant gratos ? Qui a réduit les étals de disques à sa portion congrue, faisant fi de toute diversité, la condamnant même ? Qui a fait fuir la chanson de tous les lieux de diffusion (télé, radio, salles, festivals, etc.), l’a ringardisée à outrance pour lui substituer ses merdes ? Qui travaille le talent à flux tendu, ne misant même plus sur la durée, congédiant ses artistes comme on jette ses kleenex usagés ? Et puis d’abord, que je sache, le disque et le dévédé sont loin d’être les seuls produits qui garnissent les étagères et bacs des Virgin mégastores : dites, y’a piratage sur la papeterie aussi ? Et puis encore, qui me vend le matériel pour copier et pirater, faisant largement son beurre dessus, et s’indigne ensuite que j’utilise ce matériel ? Ah, les cons ! C’est comme aux States : si les armes sont en vente libre, c’est bien pour tirer son coup, que je sache ! Alors étonnez-vous…

En vidéo, « Parachute doré » d’Alain Souchon… édité par Virgin ! Image de prévisualisation YouTube

 

 

 

6 Réponses à Virgin Megastore : se la couler douce…

  1. Norbert Gabriel 9 janvier 2013 à 11 h 30 min

    Etant donné la diversité des rayons, où la musique est une partie devenue minoritaire, il doit y avoir d’autres problèmes que le piratage. Pour le Virgin voisin (Barbès) il y a des gens compétents à la librairie, à la papeterie, aux DVD films, en revanche, côté chanson et jazz, on est dans l’option stagiaire pas très motivé. Et si c’est pas un stagiaire très vaguement concerné, c’est bien imité.
    Genre il y a quelques mois « Amélie les Crayons » … comme « les crayons? » C’est tout juste s’il ne m’a pas dit voyez papeterie..
    Michèle Bernard ?? Epélez …. ah Michè-le…
    Sur 3 albums que je venais chercher, dont Amélie, rien en magasin, mais allez aux Champs … Oui mais non, la FNAC des halles c’est plus près, et j’y ai trouvé mes 3 albums sans avoir à épeler les noms…

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  2. Danièle 9 janvier 2013 à 12 h 03 min

    Pas de piratage non plus, mais des écoutes sur Deezer ou myspace, parce qu’on ne peut pas tout acheter non plus . Mais je constate avec bonheur que le rayon « scène » de mon centre culturel Leclerc est de mieux en mieux fourni en bonne chanson .

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  3. Chris Land 9 janvier 2013 à 18 h 35 min

    Bien poîlantes les illustrations du clip de Souchon; et bien vues… Je doute que la prod. en soit à l’origine.

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  4. Chris Land 9 janvier 2013 à 18 h 54 min

    De son côté la FNAC « dégraisse » également. Elle propose à son personnel plus de flexibilité (rien à voir avec la raideur de leurs membres). Là aussi il faut travailler plus pour gagner moins. Faut bien que les sacrifices soient partagés, non ? Et partager les bénéfs ? Vous voulez rire !
    J’ai le souvenir d’une période où des vendeurs jeunes (la trentaine) de Virgin s’étaient décarcassés pour me trouver tous les CD de Anne Sylvestre – hors Fabulettes – en vue de les offrir à une amie à l’occasion de ses 50 ans. Hyper performants, ils en avait trouvé neuf ! Les temps changent…

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  5. coco 9 janvier 2013 à 20 h 49 min

    les petits disquaires de quartier ont commencé à fermer boutique quand la fnac et virgin se sont installés en maîtres – et ont fait du business et non de la culture, surtout virgin d’ailleurs- maintenant qu’amazon s’installe partout et râfle le marché, c’est virgin qui disparaît !! à part pour les salariés qui n’y sont pour rien, on ne va pas pleurer et je suis absolument d’accord sur l’article.

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  6. Norbert Gabriel 10 janvier 2013 à 17 h 27 min

    Il y a un détail que j’aurais pu préciser, dès la rentrée de septembre 2012, le rayon livres-spectacles-musique du Virgin Barbès a été réduit de 60 à 70% et aujourd’hui, c’est encore pire. Alors que les autres rayons sont assez correctement approvisionnés. Ça montre qu’il y a un vrai problème avec la musique sous toutes ses formes; au moins chez Virgin, le rayon livres Fnac est toujours bien achalandé. Et j’entends dire plutôt du bien des Cultura Leclerc, mais je n’en ai pas dans les environs…

    Réponse : D’où l’énorme doute que j’ai en entendu les larmes de crocodiles du Snep : le disque n’y était déjà plus qu’en formule très réduite. Y’a un Espace culturel Leclerc pas loin de chez moi, à Firnminy. Là, on y trouve des tas de disques chanson que la Fnac de Saint-ETienne n’a même pas. C’est bien simple, voir des disques de mon ami Hervé Lapalud mis en valeur dans un tel rayon, ça fait plaisir, lui et pas mal d’autres ! MK

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