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Ce Grand Chambardement, d’un dénommé Guy Machin

Beart 001Si tu reviens jamais danser chez Machin un jour où l’autre, tu ne te souviendras peut-être pas du nom du chanteur, mais tu auras en tête une dizaine de ses chansons qui se confondent avec le patrimoine traditionnel pour ne pas dire avec le folklore.  Ses mélodies originales restent dans les mémoires. Pourtant, on ne l’a peut-être pas encore bien compris. C’est normal, il est plus facile de comprendre ceux qui planent dans le sens du vent, provocateurs conformistes ou icônes arrogantes. Il n’a sans doute pas su trouver les accessoires nécessaires au racolage des idées faciles. Certains le disent d’une autre époque, parce qu’il n’est pas de la leur. Il est de tous les temps, comme il est de toutes les couleurs. Insaisissable, comme l’eau vive, on l’a dit de droite, on l’a dit de gauche ; il est ailleurs, au dessus, derrière ou devant, mais pas où on l’attend.

Poète, comme Trénet il a la légèreté de ton et la volatilité de l’esprit, comme Brassens il a le don de caresser les imperfections de l’humanité avec un tact qui résiste à l’usure du temps. Poète, il a trouvé en chanson la voie et la voix pour faire passer ses mots, porteurs d’émotions délicates et d’idées subtiles. Poète il reste dans l’écriture et c’est un bonheur de lire ces 348 textes,  avec de nombreux inédits, dans l’intégrale des chansons et poèmes que Jean-Paul Liégeois lui a consacré, au Cherche Midi : Le Grand Chambardement. Pas besoin de biographie, l’homme est derrière son œuvre. Il est aussi dans le regard des autres : préface, préambule, prologue et témoignages, signés Charles Aznavour, Jean-Louis Barrault, Hervé Bazin, Emmanuelle Béart, Francis Cabrel, Agathe Fallet, Fred Hidalgo, Claude Lemesle, François Morel, Wolinski et tant d’autres.

Ce livre, admirablement bien documenté, agrémenté de nombreuses photos est aussi un vrai trésor pour ses utilisateurs : outre les copyrights des chansons, une vingtaine d’index permet de trouver  tout ce que l’on cherche (y compris les premiers vers des chansons !) évitant ainsi de feuilleter le millier de pages dont on aura à cœur de prendre grand soin pour les retrouver dans les temps à venir. Et même, pour ne pas qu’on l’oublie, le nom du poète est sur la couverture : Guy Béart. 

Guy Beart, Le Grand Chambardement – L’intégrale des chansons et poèmes, Editions du Cherche-Midi, 2013, 24,50 euros.

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5 Réponses à Ce Grand Chambardement, d’un dénommé Guy Machin

  1. Norbert Gabriel 20 avril 2013 à 12 h 05 min

    Dès le début, il y a eu des merveilles qui ont parfois occulté une oeuvre d’une richesse rare. Le syndrôme de »L’eau vive » est réducteur… « Poste restante » quel charme.. Et « Vous » … une des plus belles chansons d’amour…
    Récemment j’ai fait écouter à des « jeunes » (vu de mon âge, disons des moins de 40 ans…) « En marchant le long des routes » ils ont cru que c’était une chanson sur la Syrie en 2013… (écrite en 1969)
    En marchant le long des routes
    J’ai vu des oiseaux chanter
    C’étaient les vautours, sans doute,
    Qui chantaient leur liberté
    En dévorant les cadavres
    Des femmes et des enfants…

    et ça aussi, c’est très actuel…

    On m’a dit « Faut te battre ! »
    On m’a dit « Vas-y ! »
    On me donne une grenade
    On me flanque un fusil
    Une fois qu’on s’est battu beaucoup
    On me dit « Embrassez-vous ! »
    Qui crève
    Qui rêve
    Dans ce monde sans trêve
    Qui crève
    Qui rêve
    Dans ce monde en émoi ?

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  2. Danièle 20 avril 2013 à 16 h 55 min

    Et aussi  » Liban libre libre Liban » :
    cette chanson, toujours d’actualité :

    « Avec la drogue avec les armes
    Au lieu des fruits de tes vallées
    On fait de l’or on fait des larmes
    On fait du sang avec du lait . »

    « Levons le vert de l’espérance
    Ensemble partout mieux qu’avant
    Réunis pour la renaissance
    Du monde en paix pour les enfants
    Liban libre
    Libre Liban  »

    Mais j’aime aussi le Guy Béart « bête à rêver », aux mots de toutes les couleurs, « Les couleurs du temps »,  » Couleurs vous êtes des larmes », « Vive la rose et le lilas », ou les couleurs des « Enfants de la lune: » bleus ou verts ou de toutes les couleurs … »

    Merci de nous parler de ce grand poète, et  » Le Grand Chambardement » , à lire passionnément …On va sûrement découvrir ou redécouvrir des petites merveilles .

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  3. Vignol 22 avril 2013 à 6 h 11 min

    Merci Michel pour cet article parfait. Béart est immense, et nous sommes si chanceux de le savoir, de le connaître, de le chanter.

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  4. Hector 3 octobre 2013 à 13 h 06 min

    A quand une thèse sur les chansons de Guy Béart ?
    Il y aurait de la matière.
    C’est un plaisir égal à la fois de le lire et de l’écouter. Concision, précision, humour au rendez-vous.
    Et un des très rares artistes dont les musiques ne sont pas larmoyantes mais pleines d’espoir.
    Son oeuvre est très belle.
    Dommage qu’il ne soit pas suffisamment reconnu.
    On parle beaucoup de certains…
    Mais si peu de Béart. Et pourtant…
    Dira t-on plus tard ?
    Il y eut au 20ème siècle deux très grands auteurs compositeurs interprètes qui ont révolutionné la chanson : Brassens et Béart.

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  5. Jerry OX 30 avril 2014 à 11 h 54 min

    Merci à vous de reparler à l’occasion de la sortie de ce tres bel ouvrage, de l’oeuvre de Guy Béart si injustement boudé par les grands médias depuis quelques années .J’ai réentendu « la vérité  » à la radio ce matin , ce texte est magnifique et n’a rien perdu de sa force et de sa pertinence.

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