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Pèlerinage à Antraigues

La Maison Jean-Ferrat, à Antraigues-sur-Volane (DR)

Inauguration de la Maison Jean-Ferrat, à Antraigues-sur-Volane (DR)

 

Je suis content, depuis le temps que je la voulais, cette boule que quand tu la secoues il neige, avec Ferrat sur sa montagne-qu’elle-est-belle. Y’avait d’autres modèles aussi, dont un bizarre : la nuit, que quand tu la secoues y’a du brouillard. Et puis une boule Leprest, tu la secoues et il pleut sur la mer. Mais ça sert à rien… De toutes façons, même mort ici, l’Allain se vend mal : il tient pas la corde. Donc j’ai acheté ça, et deux assiettes avec le Jean en plein milieu et une autre où on le voit jouer à la pétanque sur la place, une place qu’on devrait inscrire au patrimoine de l’humanité c’est sûr. Que fait-donc l’Unesco ? Tout se visite ici. Le cimetière bien sûr où on s’y fait prendre en photo. Même le stade de foot, là où Drucker a posé son hélico, le jour des obsèques nationales sur France3.

Y’a un d’ces mondes ici ! J’ai eu du mal à trouver à me loger. Je couche à l’ »Hôtel des femmes honnêtes », mais c’est sans plaisir. Le café « La Montagne » est toujours plein à craquer : comment peut-on s’imaginer… Ici, il y a au moins un festival Jean-Ferrat tous les week-ends en été. Que de la chanson estampillée « de gôche » il va de soi : si Barbelivien vient, il repartira couvert de goudron et de plumes. Les autres jours de la semaine, c’est cabaret ici et là, en terrasses. Et dehors, à chaque coin de rue, où le moindre chanteur tend son chapeau après sa Commune, son Potemkine, sa Berceuse pour un petit loupiot. L’art de la dèche en Ardèche… Y’a même un barbier itinérant, qui vous taille les moustaches à la Ferrat. Mon copain Paul Meslet a essayé : c’est ressemblant.

Je suis allé hier à la Maison Jean-Ferrat, que tout le monde ici nomme la Basilique, cause aux cierges qui y brûlent jour et nuit devant l’entrée. Y’a pas grand’chose à voir – un meuble et des bouquins, un piano, trois partitions – mais c’est la ferveur qui compte : émouvant tous ces gens qui se signent en expiant leurs fautes. Y’en a même une qui, pour se faire pardonner d’avoir aimé Alain Barrière, a fait trois Ma môme et deux Maria en s’auto-flagellant. Ici, faut pas confondre le chef de gare (qui est amoureux) et le garde-barrière !

Ferrat mort... les boules ! (DR)

Ferrat mort… les boules ! (DR)

Les restos font le plein et c’est pas donné. Pour me faire offrir l’apéro, j’ai dû avouer que j’étais copain au Daniel Pantchenko, le biographe de Ferrat. N’empêche que je l’ai eu, mon kir châtaigne.

Vous avez vu mon nouveau tee-shirt Ferrat ? Eh, made in Ma France : c’est mis sur l’étiquette ! « Je ne suis qu’un cri » c’est écrit, en lettres rouge, ça en jette ! Je vais l’offrir à mon neveu qui a son côté punk, il va aimer. J’ai aussi les boules, gravées « Antraigues-sur-Volane ». Je reviendrai l’an prochain pour le cochonnet.

Sympa comme bled que celui-ci et joli pèlerinage. Ça change de Lourdes, c’est plus léger. Même s’il y a tout autant de bondieuseries, statuettes, images pieuses et colifichets. Economie fleurissante, vraiment. Je ne sais vraiment si La femme est l’avenir de l’homme mais, pour sûr,  Ferrat est l’avenir d’Antraigues. Sauf en hiver, car, une fois Les touristes partis

 

A cet article de pure fantaisie, de caricature, qui n’en est pas moins proche du réel, ajoutons ce reportage sur « Le pèlerinage des fans de Ferrat » assez édifiant…http://www.dailymotion.com/video/x101sb0

12 Réponses à Pèlerinage à Antraigues

  1. Norbert Gabriel 8 août 2013 à 13 h 54 min

    Eh bin Michel, on fait le ronchonchon ? Tu verras quand on ira péleriner à Unieux, en chantant « On the road again to St Etienne » comme tu seras fier et content… Presque comme un oiseau de passage…

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  2. Kaly 8 août 2013 à 14 h 03 min

    Eh, Michel, Michel, et si je te disais qu’il y a trrrrrrrèèèèèèèès longtemps, à Aubenas, ma belle-soeur est entrée dans une boutique pour acheter du gaz : elle était encombrée par la bouteille et mossieur Jean Ferrat soi-même, qui quittait le magasin, lui a gentiment tenu la porte.

    C’est dingue non…???

    Sérieux : j’aime beaucoup l’Ardèche, j’y ai des racines, mais trop c’est trop !

    Y’a des zones plus cool pour se ressourcer… Merci d’avoir fait passer l’info…! Un coin de plus où ne pas aller, c’est toujours ça de temps à perdre en moins…

    Kaly

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  3. Michel TRIHOREAU 8 août 2013 à 18 h 41 min

    Chanson de Jean Ferrat : La voix lactée (S.G.D.G)

    Avant que mes chansons ne fassent des recettes
    J’étais un paria du monde des affaires
    Il parait qu’à présent c’est fou ce qu’on m’achète
    Je suis considéré autant qu’un camembert

    [Refrain] :
    Jesus-Marie
    Quelle décadence
    Quelque chose est pourri
    Dans mon royaume de France

    J’aurais pu après tout n’être que concoyotte
    Que fourme méconnu qui reste sur l’étal
    Que ces petits carrés à la crème pâlotte
    Qui n’ont aucune chance avec le Capital

    [Refrain]

    Bien qu’étant de la gueule si je ne suis en fait
    Pour les uns qu’un fromage pour les autres un poète
    Je vous avoue messieurs n’avoir pas mérité
    Ni cet excès d’honneur ni cette indignité

    [Refrain]

    J’étais un bon garçon ni plus fin ni plus bête
    Qu’un tas de va-nu-pieds qui n’en font qu’à leur tête
    Mais depuis que mon jour de gloire est arrivé
    Je dois faire des choses dont j’n'avais pas idée

    [Refrain]

    Pour avoir en effet goûté ses coups de trique
    Je n’étais pas copain de la force publique
    Bousculé par la foule je me vois aujourd’hui
    Contraint d’app’ler les flics et de leur dire merci

    [Refrain]

    Je tapote des joues j’embrasse des enfants
    Et je fais des risettes autant qu’un président
    Si je n’avais encore un peu d’égards pour moi
    Je dirais que je suis une vraie fille de joie

    [Refrain]

    Mais qu’on soit fille de joie ou fromage ou poète
    On vous jette dehors quand boude le client
    Moi Messieurs des Finances qui sait ce que vous êtes
    Je n’attendrai pas d’être tout à fait coulant.

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  4. georges cuffi 8 août 2013 à 19 h 10 min

    Super bien écrit, avec de l’humour et de la tendresse.Bravo Michel !

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  5. Chris Land 8 août 2013 à 19 h 19 min

    C’est sûr que si on y va en pèlerinage comme Soubirous à Lourdes pour y rencontrer la vierge, on risque d’avoir cet avis-là.
    Sinon, il y a plein d’activités culturelles, en dehors des horaires touristiques évidemment : des spectacles de chansons gratuits et en plein air, d’autres dans le jardin de « La Montagne », plus intimes et payants. Et puis une place de village avec sa fontaine, ses arbres et ses bistrots à l’ombre rare.
    Et aussi quelques visages connus entrevus, souriants ou graves, comme partout ailleurs.
    Sauf qu’on n’est pas comme partout ailleurs puisque des personnes y viennent en pèlerinage (reprendre au début du message et ad libitum…)

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  6. Chiurchi Gérard 8 août 2013 à 20 h 04 min

    Très bon reportage, bien écrit et une pointe d’humour concernant l’improbable « venue » de cet imposteur du nom de Barbelivien, qui a cru bon, enfin marketing oblige, de nous pondre une chanson à la gloire de Ferrat qui pour titre « Jean de France »!!

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  7. soleille 8 août 2013 à 20 h 16 min

    Allons-y à l’automne ou au printemps !

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  8. Vivi-Anne 8 août 2013 à 23 h 43 min

    Un jour que j’étais sur la place, je vois passer un groupe d’amis, visiblement des touristes. Un des messieurs dit aux autres : « Oh, regardez, c’est la maison de Jean Ferrat ! » La copine de répondre : « C’est qui Jean Ferrat ? » et l’autre de lire ce qu’il y avait d’écrit sur la dite maison « Jean Ferrat, auteur compositeur interprète »… Silence… visiblement, inconnu le Jeannot. Flop, flop, flop.
    Ben mon ‘ieux, j’ai bien rigolé !
    Pis d’abord c’est pas sa maison, non mais oh !!!

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  9. Eric Courtial 9 août 2013 à 0 h 48 min

    Ces « fans » avides de macabre, insupportables habitués des banquets de viandes froides… Jamais là pour applaudir, ils sont toujours aux premiers rangs pour afficher larmes et sanglots. Certains aiment et d’autres ont perdu la raison. Mais que dire de ce business loin du show. Jean Ferrat doit serrer les pognes dans sa caisse de savoir que ça traficote en son nom.
    « Et une pizza Potemkine en terrasse, une ». « Et voila madame, une Mont-Saint-Aignan livrée prestement. » Il y a un petit quelque chose d’abject dans certaines morts qui vous donnerait un peu plus envie de retarder la nouvelle du trépas des bons amis. Passé le coup de gueule… je suis quand même satisfait de savoir qu’il y ait encore des personnes capables de faire 500 bornes pour s’agenouiller devant un morceau de granit et entretenir la petite flamme. Puissent-ils en faire autant pour remplir les théâtres où chantent les vivants.

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  10. Nicolas Céléguègne 9 août 2013 à 9 h 16 min

    Connaissant bien l’Ardèche et étant amoureux de ses beaux coins depuis toujours, je suis allé une fois à Antraigues et j’avoue ne pas m’être senti très à l’aise. C’était un jour de brocante, la grande place était pleine de touristes prenant n’importe quoi en photo, peut-être espérant rencontrer Ferrat et poser avec lui… passant près d’un marchand de vieux tissus, j’ai vu presque une émeute car l’un des draps était dédicacé de la main de Ferrat himself… sans doute s’en foutait-il, car cette économie locale n’est quand même pas négligeable pour les commerçants, restaurateurs et artisans… Mais Antraigues reste un très joli village… enfin, je risque l’excommunication en écrivant cela, tant pis, je m’en irai écouter Sardou et Mathieu…

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  11. Jacqueline Hauptmann 9 août 2013 à 22 h 10 min

    J’adore votre humour, je vais à Antraigues depuis plus de trente ans mais que fin automne, donc j’imagine…

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  12. Ch. Valette 2 janvier 2014 à 13 h 09 min

    Ce que vous dites de façon très humoristique correspond en effet à une certaine réalité. Pour autant, venant moi même régulièrement à Antraigues, plusieurs fois par an et en toutes saisons depuis plus de 20 ans, j’ai envie de vous répondre que justement ceux qui viennent ainsi en « pélerinage », qui se permettent de venir poser sans aucun respect devant la tombe de Jean, qui ne connaissent que 2 chansons, et encore… ne sont pas des « fans » (quel horrible mot) ou alors si peut être, de même nature que ceux de Claude François ou Johnny halliday…C’est à dire qui ne méritent en aucun cas de venir à Antraigues et qui n’ont rien à y faire. C’est un village merveilleux, enchanteur, blotti au coeur d’un Ardèche somptueuse et magnifique…Un village que j’aime.

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