CMS

Léo Ferré : le désordre c’est l’ordre moins le pouvoir

Ferré(Nous avons furtivement parlé de cet ouvrage il y a quelques jours, au détour de la relation du spectacle « Léo Ferré, Bobino 69″ de Michel Hermon. Michel Trihoreau fait retour sur événement)

 

Avant d’attaquer le plat de Jacques Vassal, Léo la Voix sans Maître, dans la même collection, ce livre apporte les amuse-gueules, que les nouveaux restaurateurs aux lèvres pincées disent « amuse-bouche » et qu’on picore à volonté. Quoi qu’il en soit, c’est une saine nourriture.

L’amour, la mer, la musique, les mots, la nuit, la solitude sont évidemment parmi les thèmes ici exposés. L’ouvrage est composé de courtes citations prises « ici et là dans ses conversations, dans ses rencontres » nous dit Jean-Paul Liégeois qui les a réunies, parce que, répète-t-il « Longtemps encore, nous aurons besoin de Léo Ferré ».

Pour ceux qui connaissent Léo, c’est, sinon une piqûre de rappel, au moins un moyen de picorer quelques bonnes idées fortes, comme une pilule stimulante en cas de morosité. Isolée dans la page, avec un éclairage du type poursuite, chaque idée atteint son poids et son volume optimum, plus au large que dans une chanson, plus directe que dans un livre. Tiré dans l’essentiel, le trait va droit au but.

Pour ceux qui veulent découvrir son œuvre, ces morceaux choisis de sa pensée sont autant de clés pour ouvrir la porte de ses chansons, sans rien déflorer. Il faut laisser le livre posé, là dans un coin, à portée de la main. Prendre un thème au hasard et se laisser emporter. Par exemple « Politique » : « Je ne peux pas être dans la ligne de quelque parti que ce soit ; moi, je suis toujours dans la courbe » ; ou encore « Musique » : « La musique ? C’est la dernière auberge où nous sommes l’unique convive ».

« Mots d’amour et autres provocations », précise le sous-titre. Des pensées fulgurantes, des flèches acérées, des raccourcis qui claquent comme des gifles, des propos péremptoires qui ouvrent les esprits et, parfois même, une salutaire mauvaise foi ; ainsi parle Léo Ferré, comme il chante et comme il écrit, car il est unique autant que nécessaire.

Oui, Léo Ferré est indispensable. Même si l’on n’est pas obligé de le prendre au premier degré ; avec Léo, on communique d’idée à idée, les mots ne sont que le véhicule. Même s’il ne recule pas devant les contradictions : « Je ne crois pas en l’homme », pourtant il affirme plus loin : « Mon seul métier c’est de provoquer les gens à l’intelligence. » Tandis que la télé utilise nos parts de cerveau endormies au profit de la publicité, Léo nous réveille et nous rappelle à l’ordre… sans le pouvoir !

Une réponse à Léo Ferré : le désordre c’est l’ordre moins le pouvoir

  1. Danièle Sala 4 décembre 2013 à 19 h 26 min

    Très bien , cette idée sur la musique :« La musique ? C’est la dernière auberge où nous sommes l’unique convive ».
    Une piqûre de rappel contre le conformisme , ça peut pas faire de mal et j’aime bien ce genre de petites flèches qui décochent l’essentiel d’une pensée en peu de mots .

    Répondre

Répondre à Danièle Sala Annuler la réponse.

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

code

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>

Archives