Mouhet 2025 : triomphale avant-première pour Jean Guidoni

Jean Guidoni et Thierry Garcia à Mouhet (photo Didier Kovacs)
6 juin 2026, Festiv’en Marche, Mouhet,
Jadis, avant d’effectuer leur rentrée parisienne, les grands comme Piaf ou Brel s’en allaient tester leur tour de chant en province, en des lieux au public réputé difficile, notoirement plus exigeant qu’à la Capitale. Si ça passait là, ça pouvait être proposé aux parisiens ; le cas contraire, on repensait le récital.
Guidoni, lui, avant son Café de la Danse, a testé son nouveau spectacle dans ce lieu improbable, quasi ignoré des cartes de l’IGN, dans ce coin excentré, tout en bas de l’Indre. Là s’y agglomère un public expert es-chanson, des qui ont tout vu, tout entendu, à qui on ne la fait pas. La fine fleur plutôt que l’élite. Pas de m’as-tu-vu des premières parisiennes, ni nœud pap’ ni costard, mais la sincérité des amoureux de la chanson, des vrais.
Aujourd’hui la grange de Mouhet est bondée comme rarement : on sait la portée de l’événement. La nuit n’est pas encore tombée, le jour déclinera au fil des chansons.

RANDONNÉE ENCHANTÉE
Conter Mouhet c’est compter ces moments de plaisirs, à savoir tous les moments, petits et grands de ce festival. C’est tenter d’en vous narrer les multiples moments émotions, du premier au dernier jours. Nous allons nous y employer, au gré de nos humeurs, quitte à quelque peu bouleverser la chronologie des événements. Ainsi par cette Randonnée chantante dans les rues de Saint-Benoit-du-Sault, à quelques kilomètres de Mouhet, une des plus belles communes de France dont, hormis le Super U, tout semble être resté dans son jus. Une promenade enchantée menée guitare en bandoulière par le chanteur Fred Daubert. En fait un grand classique de ce festival, qui, le beau temps revenu, n’avait jamais connu autant de participants. Au fil d’une curieuse et attentive déambulation, les participants, paroles en mains, interprétaient de grands titres du répertoire, de Bourvil à Renaud, d’Anne Sylvestre à Brassens. Rien que du bonheur. Le temps de cette escapade, toute hiérarchie est abolie : nous savons tous chanter, nous sommes toutes et tous chanteurs. Si c’est pas une idée du bonheur, ça…
C’est le Guidoni des grands soirs, phénix qui renaît à nos sens, avec un répertoire pour partie neuf (son excellent album Eldorado(s) tout juste sorti des presses), titres jamais encore chantés en public, et d’autres tirés d’un plus ou moins lointain passé, souvent de son premier album, ce Je marche dans les villes d’anthologie qui n’a pas pris une ride. Pas une ballade dans le temps, même si certains titres aiment à se parer d’ombres et teinter de sépia, notamment dans un Berlin d’avant-guerre se jouant des peurs, mais la permanence de l’intemporel, de ces climats interlopes que seul Guidoni sait faire naître. « Il y a / Un paysage / Il y a / Des gens, des visages… » Voix magistrale qui pour notre plus grand plaisir retrouve sa Djemila, encore l’air hautain et rebelle, se réinvite au bistrot-refuge de Chez Guitte, se la joue toujours Viril, meurt à Venise dans l’orage d’un bordel… C’est un tour de chant de haute volée, puissant tour de chauffe, de somptueuses retrouvailles où tout ce qu’on aime de lui est présent et bien en place : l’humour et la tendresse, la fulgurance des vers, cette idée de cabaret qui virevolte tant dans ses propos que par ses pas de danse. Tout ça en ce lieu enchanté, quasi irréel qu’est Mouhet…
Ça et l’amour, portées enivrantes aux vers bouleversants, comme cette superbe chanson à l’adresse de son époux : « Regarde, mon Amour, c’est nous / Ces cœurs-cousus velours, c’est nous… » Guidoni est si grand amoureux qu’on aimerait prélever un peu de ses mots, de sa passion, pour à notre tour personnifier nos sentiments, leur donner plus d’allant, les enrichir plus encore.
Récital d’exception avec deux complices à ses côtés : le très connu et apprécié Thierry Garcia à la guitare, et ce nouveau venu qu’est Christophe Duplan au piano, nouvel équipage de confiance prêt et prompts à partir en tournée, pour chavirer comme ici des assemblées par avance conquises. La prochaine étape sera ce 24 juin dans un Café de la Danse d’ores-et-déjà à guichet fermé.
Le site de Jean Guidoni, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.
Merveilleux Eric Laurent et toute son équipe de bénévoles qui sait nous organiser chaque année des Festivals de Haute tenue…et suivre des artistes » découverte « , sur 10 ans comme Liz Van Deuq ou un comme la lumineuse Ludivine Faivre.
Juliette et Guidoni ont été enthousiasmant. L’été commence bien
Michel, je pense qu’ il n’ y aura pas grand monde qui te désapprouvera ! Que rajouter de plus ! sinon merci à toi de transmettre et donner envie d’ aller le voir sur scène ( car , il y en a parfois qui égarent leur lunette et à qui rien n ‘échappe)