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Les méandres du dedans de Moran

pochetteSuperbe photo (de Lionel Baunot) en une de ce digipack, cliché pris lors d’un concert parisien. Un quasi tableau christique, infiniment beau. Et intriguant. Belle invitation. Ça devrait donner envie d’ouvrir ce disque, de poser le laser sur la platine, d’entrer dedans. Voici le troisième opus du québécois Moran, après Tabac et Mammifères. Somptueux, profond, essentiel. Si vous voulez vous distraire, passez toutefois votre chemin, changez de disque, d’artiste : là nous sommes dans le sombre, la douleur, quelque part dans sa tête. Tout, dans cette poésie forte et troublante, sent la poisse, la mélancolie, c’en est palpable, presque solide. Le timbre grave et chaud de Moran peut-il délivrer autre chose que du grave ? Prise de tête ? Non. On sonde les méandres du dedans de Moran. Introspection et métaphores. La voix est nette qui découpe chaque mot, l’accent léger, presque comme un voile, la musique précise, précieuse, ample espace sonore qui presque charpente les mots, panse les maux : « Tu peux prendre ma voix pour une plage / Et t’y étendre sans rien dire / Sans faire attention à mon message / Sans te méfier de mon sourire. » Moran est plainte, est cri, amour aussi : « Moi mon cœur revendique / Un désordre esthétique / Dans la boîte à musique. » Les mots se posent, s’ordonnent, presque sentencieux, hynoptiques, rugueux qui percent et saignent l’émotion, que Moran soit dans le sentiment ou qu’il nous entretienne du Darfour ou des sans abri. Nous sommes entre un folk-song de tradition américaine et une chanson francophone qui a le goût des mots et le sens de la transmission : « Ce que je voudrai t’enseigner / Ce n’est pas tant ce que je sais / Que ce que je sens nécessaire / Pour que la vie soit un repas / Un banquet riche un festin gras / Depuis l’entrée jusqu’au dessert. » Bon appétit.

 

Moran, Sans abri, Ad Litteram/Socadisc 2013. Le site de Moran, c’est ici. Ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui.

3 Réponses à Les méandres du dedans de Moran

  1. Yves Matrat 15 mars 2014 à 23 h 11 min

    Merci Michel, je viens de passer un moment en compagnie de Moran et je comprends cet affectueux regard que tu portes sur son talent.

    Répondre
    • Christophe Novelet 16 mars 2014 à 3 h 33 min

      A La Chapelle-Hermier ?

      Répondre
  2. Danièle Sala 16 mars 2014 à 10 h 44 min

    Si Franck Monnet nous fait voyager léger, Moran nous mène au plus profond des blessures de l’âme , voyage intérieur déchirant .

    Répondre

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