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La répéter, la matraquer : Juste une note de BatPointG

BatPointG (photo Athos99)

BatPointG (photo Athos99)

Ça commence sur un rythme qui vous accroche, incisif, un « beat » qui saisit d’entrée de piste nos chairs de résonance. Vous l’aurez peut-être reconnue, cette note stimulante, ce Juste une note, point d’orgue du rappeur-accordéoniste BatPointG dont le « hip hop musette » dépoussière intelligemment depuis quelques temps l’instrument par excellence cliché de la vieille France. De l’inRock-labs en 2011 au Prix Moustaki 2014, l’homme-accordéon au nom érogène n’en finit plus de grimper la gamme, notamment affermi par la sortie de premier album.

Et c’est certain, à l’écoute de ces 10 titres, y’a un sens du rythme, et pas seulement comme ça, sans raison : un rythme justifié comme le rebondi d’la basse sur Basket, la touche martelée de Juste une note. Il sait prendre les mots dans leurs sons, ménager des silences verbaux et laisser espace aux instruments – cordes aux accents d’orages d’été vivaldiens soudain, accents de Piazolla à l’accordéon parfois -. « Je gère pas tout le temps » scande-t-il sur Aimant ; il gère en tous les cas le dit verbal – virgules en temps voulu pour former mots-valises et faire danser d’un pied sur l’autre expressions figées ou consonnes oubliées : « Pour rentrer dans ton jeu… te propose les règles », « lancer franc parler », « factures ouvertes » et « ongles incarnées de rêve » ; c’est par les mots qu’il se taille au ciseau – regard incisif sur - la France et Paris, son île-sa ville, et surtout ode au plaisir de chanter contre formats commerciaux et autres « soupes » radiophoniques.

BAT.G_COUVOn comprend moins, par contre, l’ajout de sons électro qui font « tendance » et n’ajoutent pas vraiment de qualité musicale, tout comme ces rythmes à la Shakira sur Basket qui justement font penser à ces soupes radiophoniques s’emparant de la popularité d’un rythme pour le ressortir à tout-va. Mais plus que tout, ce jeu sonore qui au début ravit, nous laisse à petit étourdi et lassé de répétitions : le beat s’épuise dans sa rengaine, c’est entêtant, ça prend la tête mais plus les tripes, un peu trop - ritournelle sempiternelle et comme éternelle : mais où est la fraîcheur de ce rap musette qui nous séduisait donc à ces débuts ? Il en semble même que son regard n’en est pas si neuf, par exemple, ce clair-obscur de la Ville-Lumière opposée au soleil du Sud décliné dans trois des titres a comme un effet de déjà-entendu. A la fin la note est un peu salée, lassé ou laissé sur notre faim, on rechigne à en reprendre : on aimerait bien un peu plus de suggestion dans les sons, un peu moins de matraquage rythmique. Bref, on espère qu’il saura, dans ses prochains concerts, ses futurs albums, prendre un autre rythme, trouver d’autres îles érogènes et stimuler nos oreilles au-delà de ce Juste une note.

BatPointG, Juste une note, 2013. Le site de BatPointG, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là. Et, pour lire d’autres avis, c’est là. Et là.

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