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Rodrigue fait le zèbre

rodrigueDifficile de passer à côté d’un tel album qui, dès l’entame, vous saisit d’Un petit mot de travers « pour faire exploser la carrière. » Lui, c’est Rodrigue, un lillois qui nous livre ici son troisième opus (son précédent, L’Entre-Mondes, est sorti il y a trois ans, qui a par la suite donné naissance à un dévédé du spectacle éponyme ainsi qu’à un livre, Nouvelles de l’Entre-Mondes), un disque non rayé, mais fortement zébré, aux mots lacérés et tranchants comme des couteaux, en ébullition. L’univers y est résolument pop-rock. Et carrément déjanté, Stone, Mi ange mi démon, folie « car l’amour est déraison », d’une très belle énergie. Les textes de Rodrigue sont celui d’un incorrigible bavard : c’est dense, ça danse mais c’est intelligent et intelligible, même si, pour le suivre, il nous faut nous couler dans son imaginaire, ses douces folies.

Malgré que son nom ne caracole pas encore au fronton du showbiz, ça s’écoute comme le disque d’une rock-star : fermez mes yeux et vous y êtes. La production très léchée de cet album, aux jolis arrangements, ne peut que nous aider en cet exercice.

On ne se posera pas d’éternelle question sur le titre de cet album : c’est spectaculaire et/mais diffus. Spectaculaire dans la forme, tant qu’à l’écoute on visualise sans mal ce que ça pourrait donner en scène, tout en force et en lumières. Diffus car sans ligne précise, sans horizon, si ce n’est la folie qui nimbe le tout, mise à l’étal de ses mots ou sous-jacente, toujours présente. L’amour aussi, sous toutes latitudes, à toutes époques et, ici et là, pour saler-poivrer, des critiques sociales bien vues, bien venues. Douze chansons qui font le beau, la belle, dramaturgie en leur sein. Qui chaque fois tentent de convaincre et, ma foi, réussissent sans mal. Il y a bien cette autre explication sur SpectaculaireDiffus, en fait le sous-titre de Sa chatte, une chanson sans ambages et sans rien, nue, crête et crème de l’érotisme : « Sa chatte entre deux cuisses / Sa chatte rose et humide / Sa chatte s’entrouvre comme une fleur / Sa chatte fait rêver d’ailleurs… » : ça doit être ça, spectaculaire et diffus. « C’est si bon d’exister » nous chante-t-il par ailleurs, comme un persistant écho.

Un titre ici confine à la fable autant qu’à la comédie musicale, International, recherche illusoire et cruelle d’un monde parfait, chanté en français, en allemand, en arabe, en anglais, en indou, en lyrique…

Bel album, vraiment, de ce Rodrigue, qui retrouve la force de son premier opus (Le jour où je suis devenu fou, thématique récurrente chez lui…), la dépasse même, l’outrepasse (le suivant ne nous avait pas particulièrement emballés). Ça donne envie, bien sûr, que ce Lillois, au croisement d’un peu toutes les formes de chanson, accède à un plus large auditoire. Il suffirait de presque rien.

 

Rodrigue, SpectaculaireDiffus, Absilone SPPF, 2014. Le site de Rodrigue, c’est ici. Image de prévisualisation YouTube

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