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Philippe Guillard, l’impétueux chanteur

Philippe Guillard (photo Chris aza 64)

Philippe Guillard (photos Chris aza 64)

Philippe Guillard, 24 janvier 2015, Le Deux-pièces-cuisine au Blanc-Mesnil,

 

« Contre le regret et le remord / Je reviens… » D’évidence Guillard nous revient. La précédente fois, c’était déjà en cette salle du Blanc-Mesnil : il y éructait Léo, nous laissant comme deux ronds de flan. Déférence. A présent déferré, comme un cheval plus fou encore, c’est son répertoire en propre qu’il vient nous présenter.

« Il y a des gardiens de phare / Qui volerait la mer / De la Chine à Quimper ? / Il y a des gardiens de cimetière / Qui donc pourrait voler ça ? / Y’a des gardiens de nuit / Qui va dépendre la lune ? C’est n’importe quoi. »

D’emblée, des noms nous viennent à l’esprit, non nous encombrent mais sont là et ne nous quittent plus : Arno, Philippe Léotard… Il faut au moins convoquer ceux-là pour évoquer Guillard, vous dire avec précision le bonhomme. La tronche, la dégaine, la voix, les déchirures, les brisures, les cicatrices. Et l’éclatante, l’incroyable poésie qui est comme impétueux geysers, et parfois lorgne aussi sur l’art de Brel ou de Renaud. Et de Ferré, dont on ne se débarrasse pas comme ça…

« Quand on me demande quand je suis né / Je dis que je suis né d’une larme / De deux amants qui avaient envie de pleurer. »

Guillard 2 photo Chris aza 64Le verbe est éloquent, complexe et simple à la fois, populaire et raffiné, éprouvé par le rugueux de la voix, le rauque d’un rock évident, qui est à l’artiste comme seconde peau et que les deux musiciens accompagnent avec superbe, avec délice. Deux instruments (Christophe Barennes aux claviers, Rudy Guillard à la guitare électrique) et c’est presque tout un symphonique : le format idéal, le fourreau de l’art à Guillard qui hurle comme magma, pleure des pierres, crache sa lave et sa mémoire comme impétueux volcan. Il sait pareillement se faire doux, gamin, à l’évocation émue de Mon papa.

Guillard est un fauve qui ne sait ni le nom ni l’adresse d’une quelconque ménagerie. Ses dents sont carnassières et ses griffes virtuoses. Guillard est un fauviste : « Repeins-moi / Vas-y, à grands coups d’indigo / Dans le sillon de mes ratures. » Avec Van Gogh, qui d’oreille entend la mort qui vient (« Je ne suis plus fatigué / Pour moi c’est terminé »), il passe une couche ; avec De Staël, dont les souvenirs coagulent sur le peinture, avec Soutine, « cru comme du Rutebœuf », il en repasse une autre. Ses chansons en voient de toutes les couleurs.

Guillard, c’est ça, c’est surprenant. Un artiste total, qu’on découvre, accompli, dont on ne connaît la genèse mais qui est là, au faîte de son art, sans qu’il y ait quoi que ce soit à retrancher. Il est impressionnant !

 

Le site de Philippe Guillard, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs en a déjà dit, c’est là.

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2 Réponses à Philippe Guillard, l’impétueux chanteur

  1. Danièle Sala 28 janvier 2015 à 17 h 41 min

    Et  » Quand on me demande » est toujours sur le dessus de ma pile de CD depuis que je l’ai reçu , pour moi un des meilleurs de l’ année 2014 .
    Que dire encore de cet indomptable ferrailleur de mots, qui fait fleurir des blessures de la vie d’éclatants soleils, qui puise dans les greniers de sa mémoire les souvenirs les plus féconds, les émotions les plus fortes :  » Le désespoir de Paul Eluard, les ombres du soir », et  » de curieuses et drôles d’histoires . »
    Dire que sa voix de rocaille  » sans filtre » prend aux tripes et nous envoie dans un univers étrange et familier à la fois, en toute simplicité, en toute générosité , sur des musiques vibrantes et chaloupées . Et penser que ce n’est qu’un premier album en temps ACI et qu’on aura encore beaucoup à découvrir de lui …

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  2. catherine Laugier 28 janvier 2015 à 21 h 58 min

    Le CD passe tout le temps quand le lecteur veut bien ne pas dérailler, sinon il y a les plates-formes légales qui m’accompagnent sur l’ordinateur…pour vivre, pour s’en aller, pour pleurer, pour peindre et pour danser (tango, valse, java, rock comme vous voulez…).
    Qu’il revienne ou s’envoie promener, il a heureusement d’autres vies …
    Tous ce qui est important dans une existence, exprimé avec vérité et poésie, et une si belle langue, populaire et recherchée tout à la fois: »On peut toujours cogner/ J’n'ouvrirai qu’au soleil/On peut toujours m’chercher/J’ai soufflé ma chandelle/Je vous laisse derrière moi votre babel de bruit/App’lez moi, je m’en vais, je ne suis plus d’ici »
    Oui, vivement un concert en Live, et un prochain album !

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