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Festival Dimey 2015 : Frédéric Bobin, rock’n’ texte

Frédéric Bobin, au terme de son concert d'hier, à Nogent (photo Albert Weber)

Frédéric Bobin, au terme de son concert d’hier, à Nogent (photo Albert Weber)

Le spectacle de Frédéric, c’est avant tout la musique en majesté qui se sent à l’aise dans les dimensions de la grande scène, et que trois musiciens gèrent au cordeau pour qu’elle se répande en harmonie au-delà de son espace de lumière. Et quelle musique ! Du bon rock’n’roll, de celui qui vous fait, en rythme, bouger, taper du pied voire claquer dans les mains, au service de mélodies variées, riches et subtiles. Du rock’n’roll plaisant à écouter, qui n’explose pas en funestes décibels, respecte vos tympans et n’accélère pas le processus de destruction de vos cellules auditives, qui ne transforme pas votre plexus en organe récepteur des basses. Frédéric est d’abord un musicien qui compose dans des tempos modernes avec une guitare électrique. Qui respecte ses musiques car il sait qu’elles sont intrinsèquement belles. Qui est aussi au service de chansons : les arrangements ne couvrent jamais la voix du chanteur, mais au contraire lui donnent un relief qui facilite la compréhension des paroles à la virgule près.

Ces textes, si denses, si bien construits sont dus à son frère Philippe qui habite à trois centaines de kilomètres de Nogent et qu’il fait applaudir ; des modèles du genre, avec une progression de couplet en couplet et une chute finale comme dans cette « vie de rechange » qu’il propose en entrée. Une écriture linéaire très maîtrisée qui permet une compréhension immédiate du propos et de l’idée développée. Toute la vertu des chansons repose sur cette écriture fraternelle à quatre mains, bien moins courante que dans le septième art, où les qualités de chacun ne sont pas seulement juxtaposées, mais multipliées l’une par l’autre. Il en résulte de petits chefs d’œuvre qui s’enchaînent, trop vite au gré du spectateur qui ne voit pas passer le temps et s’étonne d’arriver déjà au dernier morceau.

Car le menu du spectacle est dense : chaque chanson est matière à réflexion, chaque thème abordé est proche des méditations communes et renvoie à des sentiments ou des pensées universelles. Et cela à partir de sujets simples et concrets : – des portraits, de ce roi insatisfait, de cette prostituée venue de l’est qui a gardé quelques rêves dans un coin de ses neurones, de ce combattant américain mutilé et écarté, ou encore de cet émouvant ouvrier dépossédé du jour au lendemain de son travail et de sa raison de vivre, et dont tout le désarroi et ses conséquences tiennent en deux vers d’anthologie : « Moi, c’est à coup de statistiques / Que l’on m’enterre / Il va falloir doubler les doses de Kronenbourg » ; – des symboles comme la pyramide de la société quasiment impossible à déconstruire, comme le flot de bière qui fait tout oublier ou comme la surconsommation qui tue la vérité de la vie ; – et, enfin,des souvenirs qui percutent d’emblée toutes les mémoires, comme le temps de la découverte de l’amour ou les retrouvailles avec la ville de son enfance dégradée.

Miracle de ce mariage abouti du texte et de la musique, les chansons de Philippe et Frédéric, par leurs facilités d’accès, par la simplicité apparente des thèmes abordés et par les réflexions enclenchées, se partagent avec le plus grand nombre. Comme dans Le premier homme chanté au milieu d’un silence impressionnant, dans la salle, en acoustique, pour clore le spectacle, on n’est plus le même après les avoir reçues. Le rappel du plaisir intense de cette soirée demeurera longtemps dans les esprits et dans les annales du festival de Nogent. Restera aussi la certitude que la musique de rock telle qu’elle a été pratiquée est une voie d’accès à cette chanson à texte, et que Philippe et Frédéric Bobin en apportent l’exemplaire démonstration.

 

Le site de Frédéric Bobin, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs en a déjà dit, c’est là. Au Festival Bernard-Dimey ce samedi 9 mai : Les Vieilles Margates (17 h 30, au bar), Frédéric Fromet + Courir les rues (20 h 30, salle de spectacles).
Le premier homme Image de prévisualisation YouTube

3 Réponses à Festival Dimey 2015 : Frédéric Bobin, rock’n’ texte

  1. Lucie B 9 mai 2015 à 14 h 33 min

    Ah merveilleuse alliance du bon rock (celui qui ne joue pas trop fort) et du bon texte (celui qui parle directement au public, qui en percute – avec douceur – les mémoires) ! Un seul regret, au lieu du « Premier homme », j’aurais aimé entendre une reprise acoustique de ce bijou qu’est le dernier tube de P. Sébastien. Nul doute que, dans un silence impressionnant, le public en serait sorti changé.

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  2. Danièle Sala 9 mai 2015 à 14 h 44 min

    « Rock’n'texte », Frédéric et Philippe sont indissociables l’un de l’autre, en osmose totale, à tel point qu’on aimerait le connaitre ce Philippe dont les textes collent si bien à la musique de Frédéric , d’où l’importance des auteurs de chansons, qui restent souvent dans l’ombre des interprètes . Quant à Frédéric, est il besoin de répéter qu’il est notre chouchou en Auvergne, où il a reçu le Prix du Jury au Rencontres Matthieu Côte 2009 et le premier prix Marc Robine aux rencontres Marc Robine à la muscade à Blanzat , où il sera encore cette année, le 17 juillet prochain, avec Léonard,Graeme, Bob et les autres . et du mercredi 15 au 18 juillet
    à partir de 10h30 et en après midi 14 heures pour la chorale des spectateurs .

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  3. catherine Laugier 9 mai 2015 à 16 h 27 min

    Et il était le 10 avril au Théâtre Cornillon à Gerzat avec Kandid, et le 17 avril à La Muscade aux Rencontres de Printemps à Blanzat, avec une tripotée de chanteurs-teuses qu’on aime, Evelyne Gallet, Lily Luca, Rémo Gary…, et le lendemain Laurent Berger, Pierrick Vivares, Kandid…

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