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Barjac 2015. Michaud, Leclerc, l’éclaircie

Claud-Michaud-jacket-1WebClaud, sans « e ». Ça sonne d’autant plus sec, à l’unisson d’une voix forte, résolue. Il est québécois, tendre comme de la bonne mie de pain pétrie aux plus belles intentions. Il est chanteur interprète. C’est Desjardins qui le dit : « A part Félix lui-même, jamais un homme n’a chanté Leclerc aussi bien que Claud Michaud. » Même si certaines intonations sont cousines, accent et coffre, Michaud n’imite pas Leclerc : vous savez par expérience que NosEnchanteurs est chatouilleux sur ce point. Michaud n’a que sa voix à offrir à son aîné et c’est superbe cadeau : il n’est d’ailleurs pas qu’interprète de Félix, comme il vient de le montrer lors des Rencontres Marc-Robine de Blanzat.

Là, sur ce disque tout frais tout neuf, il fait sélection de douze titres, parmi les plus connus : Bozo, Contumace, La drave, Le p’tit bonheur, L’alouette en colère, Moi mes souliers

Il n’y a pas coup de jeune, juste autre proposition, autres arrangements (guitares, accordéon, violon, mandoline, contrebasse… et la voix de Marcie – dont nous vous avons déjà dit ici tout le bien que nous en pensions – sur La fille de l’île et sur Bozo). Il y a l’opportunité de remettre Félix Leclerc sur l’établi, d’à nouveau le chanter. En France me direz-vous. Détrompez-vous, même au Québec il est important de le reprendre, d’entretenir ce répertoire (et l’entretenir c’est le chanter). Les médias y sont comme ici, oublieux et dédaigneux : une récente tournée symphonique (vidéo ci-dessous) de Claud Michaud reprenant Leclerc, de quarante dates c’est pas rien, ne lui a valu qu’un seul et dérisoire article. L’intelligence et la sensibilité s’estompent, les icebergs fondent et ça ne réchauffe pas pour autant l’homme…

TEICHER : Y'A D'LA JOIE ! Il est d'autres artistes qui, à leur manière, luttent contre l'oubli. L'oubli de pans entiers de la chanson d'expression française. A ce titre, le « fou chantant » n'a étonnamment que peu de repreneurs. Bien sûr les grands médias citeront Benjamin Biolay – ils n'ont que lui à l'oreille. Mais à deux de tension, peut-on restituer la fougue et le suc de l'auteur de Nationale 7 et de Je chante ? Dans la torpeur, dans la douce chaleur d'une soirée de Barjac, le belge Yves Teicher a réveillé le public, le dopant à je ne sais quel substance : de la joie sans doute, part prépondante à l'élixir de la jeunesse éternelle. Pas de chapeau mou ici pour singer Trenet mais le talent de lui rendre justice, de nous le restituer. Et un violon qui a trempé son archet dans pas mal de musiques. De quoi faire fête à la chanson tout en préparant, intéressante transition, au Brut de Brastch qui suivait et sur lequel nous reviendrons. (photo Catherine Cour)

YVES TEICHER : Y’A D’LA JOIE !
Il est d’autres artistes qui, à leur manière, luttent contre l’oubli. L’oubli de pans entiers de la chanson d’expression française. A ce titre, le « fou chantant » n’a étonnamment que peu de repreneurs. Bien sûr les grands médias citeront Benjamin Biolay – ils n’ont que lui à l’oreille. Mais à deux de tension, peut-on restituer la fougue et le suc de l’auteur de Nationale 7 et de Je chante ? Dans la torpeur, dans la douce chaleur d’une soirée de Barjac, le belge Yves Teicher a réveillé le public, le dopant à je ne sais quel substance : de la joie sans doute, part prépondérante à l’élixir de la jeunesse éternelle. Pas de chapeau mou ici pour singer Trenet mais le talent de lui rendre justice, de nous le restituer. Et un violon qui a trempé son archet dans pas mal de musiques. De quoi faire fête à la chanson tout en préparant, intéressante transition, au Brut de Brastch qui suivait et sur lequel nous reviendrons.
(photo Catherine Cour)

C’est dommage : à (ré)écouter de telles chansons, on s’aperçoit à quel point elles sont actuelles. Peut-être même ne l’ont-elles jamais été à ce point. Plus qu’hier, bien moins que demain ? Écoutez Les 100 000 façons de tuer un homme ; écoutez Contumace : « Ti-Jean, Ti-Jean, te voilà bien mal pris / Parce que tu chantes sans permis / As-tu ta carte ? Fais-tu partie de la charte ? / Tu vois bien, mon Ti-Jean Latour / Faut qu’tu comparaisses à la cour / Apprends que pour d’venir artiste / Faut d’abord passer par la liste des approuvés… »

Claud Michaud n’est qu’interprète et le revendique. Tant et tant de beaux textes existent qu’il convient de les faire vivre. Pour mémoire et par clin d’œil, c’est parce qu’un Félix Leclerc, guitare en main, vint hanter les cabarets parisiens dans les années cinquante que naquit la mode des auteurs-compositeurs-interprètes (Brassens, Béart, Brel, Beaucarne et consorts). Maintenant le moindre postulant à la chanson se prétend auteur et compositeur et interprète mais s’ils sont rares ceux qui excellent à la fois dans les trois catégories. Que ceux-là prennent de la graine dans l’humilité de Claud Michaud qui simplement met son art, son grand talent, au service de beaux textes et de grands de la chanson.

 

Claud Michaud, Un homme qui chante (L’univers de Félix Leclerc), autoproduit 2015. Le site de Claud Michaud, c’est ici. Récital ce jeudi 30 juillet 2015 à 17 h au festival Chansons de parole de Barjac. Image de prévisualisation YouTube

6 Réponses à Barjac 2015. Michaud, Leclerc, l’éclaircie

  1. Norbert Gabriel 30 juillet 2015 à 11 h 16 min

    Salut
    Je pinaille, je chipote, je franchouille un chouïa, mais dès 1946, Stéphane Golmann a « créé » l’ACI s’accompagnant à la guitare dans les cabarets du Quartier Latin et de St Germain des Prés… Et Jacques Douai peu après, a aussi fait les cabarets avec sa guitare.

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    • Danièle Sala 30 juillet 2015 à 18 h 58 min

      Comment ça ? Et Mischler qui chante Dimey, ( et Depoix aussi!), et Gicquel qui chante Reggiani ? Et Bobin et Delorme qui chantent Cohen ? Je suppose que c’est une plaisanterie ! ( rire) !
      Mais là, je chipote pas, Claud Michaud, c’est un très grand interprète .

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  2. marc gicquel 30 juillet 2015 à 11 h 54 min

    ah la tyrannie de l’ACI obligatoire….mais alors, Montand, Reggiani et Piaf sont de trop ? Et, si je vous parle des interprètes d’interprètes ? Au bucher, diront les tyrans !

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  3. catherine Laugier 30 juillet 2015 à 12 h 14 min

    Pour illustrer l’encadré, Yves Teicher violonnisant Trenet à Vaison la Romaine : https://www.youtube.com/watch?v=V2vOzTwFV4o.

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  4. Marlène Ingrand 31 juillet 2015 à 20 h 04 min

    (publié sur facebook)

    Vu à Barjac ! Et c’était magnifique ! Une voix, une présence, une émotion partagées par tout le public ; un vrai moment de joie offert par un artiste simple, sympathique qu’on n’oubliera pas… Merci à lui.

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  5. Odile 1 août 2015 à 20 h 18 min

    Merci Catherine pour la vidéo d’Yves Teicher, je découvre et j’apprécie le talent de ce Monsieur, interprétant Trénet.
    Un vrai « fou chantant »!

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