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Michel Avallone, un septième opus sans faute

je-suis-enchante-michel-avalon-accueil« Nous sommes les épaves / Échouées sur les rivages / Les déchets des multinationales / Où la déraison des états / Écrase notre raison / D’être… » Difficile, en écoutant cette chanson, Hommes, de ne pas revoir surgir en nous la photo de cet enfant kurde, Aylan, mort sur une plage. Le poète a toujours raison qui voit plus haut que l’horizon, que la ligne de flottaison…

Deux ans et demi après son nouvel opus de reprises de Léo Ferré, Michel Avallone nous revient (avec le nom d’Avallone et non plus celui d’Avalon), cette fois-ci avec ses chansons à lui, paroles et musiques. Et un joli trio de musiciens (Claude Delrieu, Phyllipa Scammell et Dorine Duchez) qui, avec lui, se partagent guitares acoustiques et électrique, banjo, violoncelle, accordéon, ukulélé et batterie. Si Je suis enchanté (comment voulez-vous, avec un tel titre, qu’il ne soit pas chroniqué sur NosEnchanteurs ?) est son septième album, ce n’est que son troisième entièrement fait main, paroles et musiques.

En treize titres, Avallone fait comme anthologie de la chanson : de celle poétique à celle plus agitée, du sérieux au léger. Si le bouquet qu’il tient sur la pochette est composé de fleurs et de fragrances différentes, le dedans du disque est fait pareil, bouquet de chansons variées, pour tous les goûts dira-t-on, qui surtout montrent superbement l’étendue du registre d’Avallone : des essais nucléaires sur l’atoll (« Les opticiens n’ont pas fait leur turbin… »), les yeux la bouche les nénés d’Églantine (tout en douceur coquine, on s’en doute), les mille pourquoi que nous inspire ce monde (Why ?), une Poésie des jours fériés chaloupée et exotique… Même une presque parodie de Renaud par Le tango de Palavas-les-Flots (en fait la nouvelle version d’une chanson déjà gravée en 2011), forcément différent de celui de Massy-Palaiseau. Et une belle chanson où le chanteur met du swing dans sa guitare et se dit être Gadjo dingo de Django, par admiration certes et « Pour fair’ la nique / Au ras du front / J’offrirais bien / Aux fils du vent / En guise de remerciement / Un élevage / De poul’ bien grasses / Pondeuses d’œufs / Pour leurs enfants ! »

Le large spectre de la chanson d’Avallone est tout entier contenu dans la chanson-titre, Je suis enchanté, qui conclue l’album à la manière d’une postface, faisant large catalogue (blues, chant poétique, variété, protest song, humour) de ce que peut être la chanson. Et de ce qu’est Avallone. Avec ce dernier vers qui ouvre plus encore l’horizon : « Toute la musique que j’aime / Vient de là… »

Y’a du Tachan et du Perret en Avallone, un peu de Brassens aussi (à qui, avec Valéry, Vilar et son père, il rend discrètement hommage sur Cette presqu’île) et un timbre qui parfois fait songer à celui de Pierre Bachelet, grave et éraillé. De tout ce qui fait une chanson populaire de qualité, accessible, sans jamais abdiquer ni la forme ni le fond.

Comme vous n’avez aucune chance d’entendre ce bien bel album à la radio, de le trouver dans les bacs à proximité de chez vous, commandez-le. C’est une des précieuses surprises de la rentrée.

 

Michel Avallone, Je suis enchanté, ExilProd 2015. Le site de Michel Avallone, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.

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