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Valérie Mischler, tout feu tout femme

Valérie Mischler (photo Norbert Gabriel)

Xavier Rubin et Valérie Mischler (photo Norbert Gabriel)

Non.

Mille fois non !

N’en déplaise à certains (pas de noms, ce n’est pas le genre de la maison…), Valérie Mischler n’est pas qu’une interminable paire de longues jambes montées sur talons aiguilles… Non, elle est bien, bien plus, que la beauté fatale que l’on pourrait s’accorder à voir en scène, image dont elle se plait d’ailleurs à jouer avec une délectation évidente, au fil d’un tour de chant ébouriffant de talent et d’inventivité… Valérie Mischler, c’est avant tout une artiste complète, une entertaineuse comme on dirait outre-Atlantique, une show-woman comme on dirait en bon français… Chanteuse, comédienne, danseuse, hâbleuse, en bref, une artiste complète, sincère et entière, à la sensibilité exacerbée et à la créativité sans cesse renouvelée. C’est dit.

Témoin donc, ce tout nouveau spectacle dont nous avons eu la primeur au sein de cette salle cosy du Connétable, vénérable haut-lieu de la SBCQAAEADBA (Super-Bonne-Chanson-Qu’on-Aime-Aller-Écouter-Avec-De-Bons-Amis). Le concert est fort intelligemment construit autour de témoignages très touchants de femmes (amies, proches, inconnues, famille…) portant sur leur(s) sexualité(s), témoignages lus sur scène et illustrés avec un bel à-propos par des titres issus du répertoire de la chanson française, agrémentés de quelques créations. Belle originalité, le spectacle ne sera pas figé, puisque il est amené à évoluer en fonction des rencontres et des témoignages se faisant jour (ou plutôt nuit) à l’issue de chaque représentation, un chouette concept, ma foi… Ça sera, à peu de choses près, un vendredi sur deux d’ici à la fin de l’année, courez-y donc dès maintenant et un peu plus tard pour en juger.

Avec beaucoup de classe et d’allure, la donzelle déroule donc crânement une plongée sensuelle dans un très joli choix de textes, certains évidents (Les dessous chics, J’veux du cuir, Fais-moi mal ou Les nuits d’une demoiselle), d’autres beaucoup moins (tss, tss, vous les découvrirez vous-même sur scène, bande de petits veinards…). Et croyez moi sur parole, certains sont très, mais alors très inattendus.. ! De quoi ? Un indice ? Et puis quoi, encore ?! Bon d’accord… Vous redécouvrirez, par exemple, une chanson traitant tout à la fois de religion et de sexualité, fleuron de la chanson populaire et tube intemporel d’une artiste mystère dont le nom débute par « Cor- » et se termine par « -dy ». Si, si.                                             

La formule très sobre guitare/voix fait la part belle au talent de Xavier Rubin à la six-cordes, ainsi qu’aux arrangements des plus inventifs. N’était la thématique du spectacle, je vous dirais même que ce talentueux garçon est des plus habiles à s’astiquer ainsi le manche en public… C’est ainsi que fleurissent, fugaces et jamais gratuites, les petites citations musicales qui sont autant de gourmandises délicieuses pour le public connaisseur et ravi : les mashups s’en donnent à cœur joie (ouais, « télescopages », si vous voulez !), par exemple entre L’eau à la bouche de Gainsbourg et le troublant Sur le bout de la langue de Camille Bazbaz, pour un rendu vraiment bluffant. C’est ainsi, encore, que Tchaïkovski s’invite au détour d’une phrase musicale, et qu’il m’a bien semblé déceler à un moment un hommage au groupe Mecano (souvenez, Une femme avec une femme…). A noter, également, une sublime adaptation en français du Venus in furs de Lou Reed qui éclipserait presque l’original…

Ainsi gaillardement épaulée, la Mischler se lâche avec une visible jubilation, entretenant une belle connivence avec le public, jouant avec délectation à casser son image de femme fatale, vampant certes les premiers rangs avec élégance, mais se livrant aussi à quelques interprétations d’anthologie, dans un registre beaucoup plus débridé, voire déconnant. Une très belle femme capable aussi de faire le clown, quoi de plus craquant, avouez-le… Il n’est pas courant de voir une salle tomber ainsi sous le charme et la classe d’une artiste, mais il y a de façon évidente quelque chose de limpide et de clair, dans l’allure, le regard et l’interprétation de Valérie Mischler. Elle me le pardonnera, l’âme et le cul pareillement cambrés.

Point d’orgue et d’émotion à cet émouvant spectacle, le superbe Il faut qu’on s’touche, du Suisse Pascal Rinaldi, véritable hymne à la mort et à l’amour de la vie. Et je vous assure qu’à cet instant précis, le plafond voûté du vénérable Connétable s’ouvre littéralement en deux pour laisser nos esprits, d’un souffle délicieux, grimper vers des cieux licencieux desquels on voudrait ne jamais redescendre, ni ce soir ni un autre…

Mais demain est un autre jour…

 

Le site de Valérie Mishler, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’elle, c’est làImage de prévisualisation YouTube

3 Réponses à Valérie Mischler, tout feu tout femme

  1. Danièle Sala 7 octobre 2015 à 10 h 53 min

    Tous les ingrédients d’un fabuleux et subtil mélange, doux et pimenté , à lire cet article, on en a l’eau à la bouche . , et  » j’voudrais bien, mais j’peux point » y assister, espérons que les programmateurs de festival tomberont, eux aussi, sous le charme .

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  2. Norbert Gabriel 7 octobre 2015 à 12 h 41 min

    A noter, également, une sublime adaptation en français du Venus in furs de Lou Reed qui éclipserait presque l’original…

    Adaptation de Valérie Mischler, dont les deux derniers albums montrent qu’elle est une ACI complète, auteur de tous ses textes, et parfois en co-composition… Elle n’a pas que Dimey dans sa vie d’artiste, même s’il a occupé une grande place.

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  3. Patrick Engel 15 mars 2016 à 13 h 09 min

    A signaler que ce très beau spectacle, évolutif qui plus est, vient d’être prolongé pour cause de succès, un vendredi sur deux, et ce jusqu’à l’été. Si ce n’est pas encore fait, courrez-y..!

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