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Ben Mazué, Une lueur dans le chaos

Ben Mazué au Petit Duc à Aix le 14 novembre 2015 ©Pauline Gaudry

Ben Mazué au Petit Duc à Aix le 14 novembre 2015 ©Pauline Gaudry

Ben Mazué, 14 novembre 2015, Le Petit Duc (association Théâtre et chansons) à Aix-en-Provence,

 

Au lendemain des abominables attentats de Paris, une majorité de spectateurs a répondu à l’appel de Ben Mazué : « Aix, ce soir on vient et ce soir on va jouer. Pour montrer qu’on est fort, pour affirmer qu’on n’a pas peur. Je vous aime, ne nous divisons pas. »

Le public est jeune, fervent, enthousiaste et sage à la fois. Avec sa chemise denim, ses jeans roulés et ses baskets, Ben ressemble à un tout jeune garçon. C’est pourtant un jeune père de famille de près de 35 ans qui se présente devant nous, simple, droit, souriant, le visage ouvert, nous éclairant de son regard bleu.

Moment d’émotion, la lecture d’un court texte, où il évoque le drame, listant ce dont les terroristes veulent nous priver : l’amitié, la liberté, la légèreté, même cette futilité qu’il revendique.

Sa voix est de suite identifiable, claire mais aux inflexions légèrement voilées, donnant cette sensation furtive de fêlure… Cette chanson ancienne va nous sembler avoir été écrite pour cette soirée : « La couleur de la colère dans mes mots… Je veux sortir de moi/ laisser couler le contenu / laisser entrer l’imprévu…Pourvu qu’il ne m’arrive rien »

C’est en quelque sorte une comédie musicale qui va se dérouler, où les intermèdes mis en scène par Christophe Gendreau, joués avec un naturel confondant, intègrent ses études sensibles des sentiments, des questionnements à toutes les étapes de la vie. La sienne, la nôtre, tant l’identification devient facile. Bien sûr les âges successifs de la vie, qu’il appréhende aisément même s’il ne les a pas encore vécus, au masculin comme au féminin. 

S’accompagnant à la guitare, soutenu par Robin Notte omniprésent à son rubescent Clavia Nord Stage, piano, orgue et synthétiseur, il alterne récits improbables et crédibles à la fois, humour et mélancolie,  titres chantés ou slammés avec une diction impeccable, un débit et une sincérité à la Fauve. Flagrant, étonnamment, dans 73 ans, mettant en balance 30 glorieuses et plein emploi, et manque d’imagination de la jeune génération.

De la récompense aux Grammy Awards, qui lui organisent tout exprès une soirée francophone, à l’interview par Rébecca Manzoni, dont la voix charmeuse a dû nourrir ses fantasmes d’adolescent, il se rêve « au sommet de l’affiche. » Replonge a capella dans la réalité : « Je vis dans un bateau qui coule, / j’écope autant que je peux /mais la houle est incessante /Le temps est une pente glissante. »

Enchaîne Les gens qui doutent, métamorphosés par leur rythme si personnel, « Oh ! J’aime, j’aime, j’aime…» Imite Brassens, nous fait un numéro désopilant de rap américain, inspiration de ses débuts. Ou nous parle de sa demande en mariage, ou de l’amour qui dure.

Imagine sa mère lui parlant du haut du paradis, poussant l’escarpolette où Brassens enfant se balance. Puis lui dédicace le délicat Vivant, à toutes les victimes tombées aussi : « Faire tout pour que ça reste / Vivant vivant vivant »

Après quatre rappels, cet Homme modeste fait chanter tout le public «Imagine all the people / Sharing all the world… » Pendant quelques minutes, on a oublié que le monde pouvait être laid.

 

Je regrette, le live Figaro Image de prévisualisation YouTube
Les gens qui doutent en 2015 Image de prévisualisation YouTube
L’homme modeste en 2010 Image de prévisualisation YouTube

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