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Nicole Croisille, 1936-2025

CroisilleC’était il y a plus de vingt ans, dans son hôtel de passage lors d’une tournée. Interview de la dame pour le quotidien du coin. La discussion va bon train quand, soudain, la chanteuse m’interrompt : « - Je vous arrête parce que vous ne m’avez toujours pas posé la question que tous les journalistes me posent ». « - Laquelle, Nicole ?) « - Sur ma présence à la Star Academy ! » Et moi de lui répondre que je m’en foutais. De toute façon je ne savais même pas que le chanteuse du Chabada bada se « compromettait » dans ce genre d’émission… L’art de Nicole Croisille m’était bien plus important : une variété soyeuse à l’interprétation impliquée, vraie personnalité scénique et ce jazz qui la personnifie plus encore, par ses reprises de standards dont le meilleur de Claude Nougaro, qui lui fut présenté jadis par la mère de Michel Legrand… Le disque de Nicole Croisille Nougaro, le jazz et moi est à ce titre indispensable.

Née l’année du Front populaire, Nicole Croisille a mené une carrière riche : danseuse du corps de ballet de la Comédie française, mime dans la troupe de Marcel Marceau avant, cette fois-ci en tant que chanteuse, d’enregistrer… à Chicago. C’est d’ailleurs à la faveur d’un titre en anglais qu’elle se fait connaître dans l’Hexagone, non sous son blaze mais sous le pseudo de Tuesday Jackson. A l’entendre à la radio, on peut la prendre pour une chanteuse noire. Il faudra attendre la bande-son du lelouchien Un homme et une femme, palme d’or à Cannes en 1966, pour que Nicole Croisille naisse aux oreilles du public français, par ce duo fameux au refrain chabadesque partagé avec Pierre Barouh. 

A quelque époque que ce soit, Nicole Croisille fut quelque peu un ovni de la chanson, assez peu identifiable car passant d’un registre l’autre, d’un art l’autre, de la comédie musicale à la chanson, cinéma et télévision aussi. Et plus tard le théâtre. Elle s’essaya cependant avec succès à la variété dans les années soixante-dix. Décennie flamboyante dont on se souvient de Téléphone-moi, Laissez l’oiseau, Parlez-moi de lui, Une femme avec toi… Objectivement une chanson de qualité. Et ce jazz soul qui est et reste indissociable de Nicole Croisille, dont elle est une interprète des plus inspirée.

Sa discographie est forte d’une vingtaine d’albums studios, une dizaine de compiles et quelques albums en public. Beaucoup de bandes originales aussi. Son dernier concert parisien le fut en 2014 au Casino de Paris, avant que son nom commence à peu à peu s’estomper en nos mémoire : le showbiz est ainsi fait que de nouvelles « stars » succèdent aux précédentes et inexorablement les mènent à l’oubli. Ce serait grand dommage que Nicole Croisille disparaisse ainsi tout à fait.

 

« Téléphone-moi » : Image de prévisualisation YouTube

« Un homme, une femme » (en duo avec Bernard Arcadio) : Image de prévisualisation YouTube

« Sing sing song » (en duo bilingue avec Claude Nougaro » : Image de prévisualisation YouTube

Une réponse à Nicole Croisille, 1936-2025

  1. Patrick Engel 4 juin 2025 à 13 h 58 min

    ET comment oublier l’inoubliable participation de Debbie Stoockett sur le mythique « Ah viens ! » des Charlots..?

    Répondre

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