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Raphaële Lannadère, la beauté fardée

lElle c’est L. Mais essayez donc de la retrouver sur la toile avec un tel blase. En conséquence L retrouve le sien pour ce second album : c’est Raphaële Lannadère. Le disque s’intitule L. ; le précédent, sorti lui aussi chez Tôt ou Tard, en 2011, s’intitulait Initiale. On l’y voyait de face, la voici de dos. Jolie voix, avec un soupçon de cheveu sur la langue, belles mélodies et des vers qui trainent sur de beaux sentiments, d’une écriture élégante, presque surannée, aux mots rares, évocateurs, précieux. La séduction est immédiate. Et tenace, comme l’essence d’un parfum qui s’accroche à vous, « comme une mousse cachemire / aux remous hypnotiques. » Ce sont plein de combinaisons de mots, des entrelacs de possibles émotions, de la dentelle sur la peau, de la tendresse, « Rêves clandestins / De jeune fille / Bleus assassins / Des jours de fête / Bourbon vanille / Aux passions sourdes / Vapeur de poudre / Et d’escampette / Serments soudains / D’avant l’aurore… »

Elle reçut, on s’en souvient, le prix Barbara décerné par le ministère de la Culture. Et c’est bien à Barbara que souvent elle fait songer. Comparaison n’est certes pas raison, mais ça vous situe dans quel espace de la chanson Raphaële Lannadère évolue sur cet album comme sur le précédent. Seulement, il y a un hic. Pour faire passer la pilule « chanson » (le terme n’est plus en odeur de sainteté dans le métier), la farder, commercialiser plus encore, on va dire qu’L, à son insu peut-être, a troqué son art pour de la pop. C’est vrai qu’ici synthés et programmations ont la part belle, que rejoignent néanmoins beaucoup de cordes à certains moments. C’est d’ailleurs ces synthés qui contiennent en eux l’obsolescence programmée et vieilliront prématurément ces titres sauf si un nouvel enregistrement leur donne un jour des gages d’éternité. D’autant que cette orchestration et cette réalisation (signée Julien Perraudeau, qui succède dans ce rôle à Babx) parfois accidentée, fantaisiste ou convenue, n’apportent rien aux vers, les perturbent même, les fatiguent. L’ondulation, la magie, sont ici dans des vers aériens au vocabulaire lettré et imagé, pas dans une électro sans âme qui ne sait rien restituer. On aimerait un piano, un vrai, même seul, dont les notes seraient piste d’envol pour des textes savoureux qui proposent autant de lectures que nous en ferons l’écoute.

Peut-être qu’en concert, dans une épure bienvenue, une économie de moyens, L rendra justice à ses propres mots ou ce serait à regretter.

 

Raphaële Lannadère, L., Tôt ou Tard 2015. Le site de Raphaële Lannadère, c’est iciImage de prévisualisation YouTube

2 Réponses à Raphaële Lannadère, la beauté fardée

  1. soleille Morgane 1 décembre 2015 à 14 h 06 min

    Dans les vidéos de concert on entend encore moins bien la voix…Peut-être une mauvaise qualité de l’enregistrement ?
    https://www.youtube.com/watch?v=5wy3Wu8jQU4

    Répondre
  2. Patrick Engel 3 décembre 2015 à 15 h 27 min

    Pour le concert de sortie d’album, au Café de la Danse, la formule violoncelle/batterie/machines rendait extraordinairement grâce au grand talent de la belle. Mais je dis ça, je dis rien !

    Répondre

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