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Renaud, l’émotion lui va si bien

DESOLÉ, RENAUD, LES JEUNES N'EMBRASSENT PAS Pour qui chante Renaud ? Pour les jeunes d'aujourd'hui, ceux qui se font méchamment cogner par les flics dans les manifs contre la Loi Travail ? Désolé, Renaud, les jeunes n'embrassent pas ! Eux restent des nuits debout. Que l'émotion collective des 7 et 11 janvier 2015 bouffe à ce point Renaud qu'il en oublie tout le reste, la violence étathique, l'état d'urgence qui comme par hasard ne baillone que la liberté d'expression, la société qui se délite, la trahison de la gauche gouvernementale, l'extrême horreur qui nous vient au detours d'une prochaine élection... alors c'est vrai qu'il ne peut raisonnablement plus chanter ni Hexagone, ni Société tu m'auras pas. Car la société vient de l'avoir, de lui faire le baiser de la mort. Belle prise ! Pour qui chante-t-il alors, pour avoir encore tant de succès, lui qui ne sait plus chanter, lui dont les textes sont à ce point affadis qu'ils pourraient être interprétés par le tout venant du showbiz, sauf peut-être ceux de The Voice, cause justement à la voix ? Pour nous qui aurions vieillis au moins autant que lui ? L'âge de nos artères certes, celui de nos idées rétrécies, riquiquies aussi ? J'ai beau être persuadé que, harcelé par les médias qu'il vomit autant que moi, il ait dit n'importe quoi sur Fillon, je me pose des questions. Lui qui s'excuse désormais pour son Hexagone d'antan (comme Le Forestier l'a fait pour Parachutiste), lui qui pose son cul sur le canapé rouge de Drucker, qui appelle aujourd'hui à lui les micros qu'ils conchiait hier (c'est que les disques se vendent moins bien, faut défendre ses sources de revenus), lui qui est de partout comme s'il était en campagne... Moi je veux bien l'aimer comme avant, le Renaud, mais me refuse à le suivre dans un naufrage infini, qui n'en finit pas, qui lui aussi passe par la case Trahison. Faites qu'en plus il n'ait pas de compte au Panama ! MICHEL KEMPER

DESOLÉ, RENAUD, LES JEUNES N’EMBRASSENT PAS
Pour qui chante Renaud ? Pour les jeunes d’aujourd’hui, ceux qui se font méchamment cogner par les flics dans les manifs contre la Loi Travail ? Désolé, Renaud, les jeunes n’embrassent pas ! Et surtout pas les flics ! Eux restent des nuits debout, dans l’espoir de lendemains qui chantent. Qui chantent juste. Que l’émotion collective des 7 et 11 janvier 2015 bouffe à ce point Renaud qu’il en oublie tout le reste, la violence étatique, l’état d’urgence qui comme par hasard ne bâillonne que la liberté d’expression, la société qui se délite, la trahison de la gauche gouvernementale, l’extrême horreur qui nous vient au détours d’une prochaine élection… alors c’est vrai qu’il ne peut raisonnablement plus chanter ni Hexagone, ni Société tu m’auras pas. Car la société vient de l’avoir, de lui faire le baiser de la mort. Belle prise ! Pour qui chante-t-il alors, pour avoir encore tant de succès, lui qui ne sait plus vraiment chanter, lui dont les textes sont à ce point affadis qu’ils pourraient être interprétés par le tout venant du showbiz, sauf peut-être ceux de The Voice, cause justement à la voix ? Pour nous qui aurions vieilli au moins autant que lui ? L’âge de nos artères certes, celui de nos idées rétrécies, riquiqui aussi ?
Concerts d’I Muvrini, retour à Charlie-Hebdo pour une chronique hebdomadaire comme au bon vieux temps, interviews en veux-tu en voilà, Renaud est de partout à la fois. J’ai beau être persuadé que, harcelé par les médias qu’il vomit autant que moi, il a dit n’importe quoi sur Fillon, je me pose des questions. Lui qui s’excuse désormais pour son Hexagone d’antan (comme Le Forestier l’a fait pour Parachutiste), lui qui pose son cul sur le canapé rouge de Drucker (un de ceux qui méprisent la chanson dans sa diversité) malgré qu’il chante sur ce nouvel album « Je fais plus les télés / J’ai même pas internet / Arrêté de parler / Aux radios aux gazettes » (Toujours debout), qui appelle aujourd’hui à lui les micros qu’ils conchiait hier (c’est que les disques se vendent moins bien, faut bien défendre ses sources de revenus), lui qui est omniprésent comme un homme politique en campagne…
Moi je veux bien l’aimer comme avant, le Renaud, mais me refuse à le suivre dans un tel naufrage infini, qui passe pas loin de la case Trahison.
MICHEL KEMPER

En photos comme par les mots, Renaud se met a nu dans ce nouvel album. Sans pudeur, sans retenue, il s’y livre de façon presque charnelle. C’est dans l’émotion qu’il est le plus crédible.

Dix ans après Rouge sang, Renaud nous revient avec un opus marqué par la tendresse et l’enfance. Un album moins politique, le Renaud d‘Hexagone et de Société tu m’auras pas s’est dilué avec le temps comme s’est enfui notre adolescence rebelle… L’album est assez inégal mais la résurrection du chanteur et l’émotion qui va avec devraient compenser allègrement quelques manques dans l’écriture. S’il se posait hier la question de « mettre de la musique sur la vie d’un flic » (La ballade de Willy Brouillard), il y a eu entretemps Charlie-Hebdo et l’hyper casher en janvier 2015 et Renaud désormais l’embrasse comme un symbole de fraternité retrouvée au delà des positions partisanes, sans oublier pour autant d’égratigner le petit défilé des puissants « sous ministres et petits rois sans gloire. » Avec Hyper cacher, Renaud nous bouleverse en relatant l’enfer de cette barbarie, vibrant hommage aux victimes de la communauté juive à qui il souhaite de reposer en paix « à Jérusalem, sur la terre de leurs pères, au soleil d’Israël ».

Une grande partie des musiques de l’album sont composées par le guitariste Michael Ohayon qui apporte de très belles mélodies, minimalistes mais efficaces. C’est en revanche Renan Luce, le gendre, qui compose la musique pour Les mots, sans doute la plus belle de l’album : « Écrire et faire vivre / Les mots sur la feuille et son blanc manteau / Ça vous rend libre comme l’oiseau / Ça vous libère de tous les maux / C’est un don du ciel, une grâce / Qui rend la vie moins dégueulasse. » Véritable ode aux mots qui depuis toujours lui donnent des ailes. Ils sont sa raison d’être. C’est peut être grâce à eux qu’il est Toujours debout, chanson par laquelle il fustige ceux qui l’avaient déjà enterré : « que celui qui n’a jamais titubé me jette la première bière. »
C’est l’enfance qui inspire le mieux Renaud. Une enfance qu’il n’aurait jamais voulu quitter : « La vie est moche et c’est trop court ». Inexorablement le temps passe, même s’il n’a jamais pu blairer les anniversaires (Mon anniv’), Renaud est devenu grand père et dédie une chanson à sa petite fille Heloïse avec laquelle il se promène à Venise main dans la main comme il le fit jadis avec Lolita. Son fils Malone aura droit, lui, à deux titres : Petit bonhomme et Ta batterie. Repentir : ces dernières années, englué dans ses abîmes anisées, Renaud n’aura pas été présent pour son gamin comme il l’aurait voulu ; il se rattrape en chansons.   
On ne retiendra pas Mulholland Drive, l’histoire d’une jeune américaine quittant la maison familiale pour une vie meilleure. Un tout autre voyage, road movie alcoolisé en scooter, conduira tout droit le chanteur toute La nuit en taule : dégrisement entre quatre murs où finalement  il « faut pas trop faire le malin / Et se dire que la liberté c’est bien ». Avec Petite fille slave, Renaud évoque un autre type d’enfermement, celui de la prostitution. À l’esclave qu’elle est des mafieux, Renaud souhaite un retour heureux aux cotés des siens. 
Le dernier titre est un slam « un peu vulgos » écrit en 2007, plus trash que Peau Aime, autre slam écrit trente ans avant. Un hommage à Grand Corps malade qui lui-même voue une grande admiration pour Renaud ; c’est d’ailleurs en partie grâce à lui que Renaud a repris goût à la vie par l’écriture;

 

Renaud, Toujours debout, Parlophone/Warner 2016. Le site de Renaud, c’est ici.

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28 Réponses à Renaud, l’émotion lui va si bien

  1. Marc Gicquel 8 avril 2016 à 17 h 57 min

    L’alccol tue lentement, mais sûrement….qu’il est blême mon HLM, le canapé rouge de Drucker et les micros tendus devant une voix perdue, c’est plus attirant qui sait ?

    déjà son retour voici 10 ans m’avait gonflé…étalage de vie privée pour faire pleurer les fans…alors maintenant, tiens je vais danser avec Germaine, une java ou un tango !

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  2. LUCAS 8 avril 2016 à 18 h 17 min

    Etrange cette thérapie publique de Renaud : le public paye son traitement
    Etrange cette adhésion à un artiste désormais décevant
    Les paroles sont d’une grande pauvreté, des fois consternantes
    Pourquoi donc ai-je acheté ce disque ce matin dès l’ouverture du magasin ?

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  3. Dominique Bouillon 8 avril 2016 à 20 h 14 min

    Juste une petite rectification MicheL. Si j’ai bien entendu ce matin, il y avait déjà 470 000 CD achetés en pré-vente… Il en vendra un bon million sans problème. Pourquoi se faire tarter avec la promo, alors ?

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  4. Francis Panigada 8 avril 2016 à 21 h 55 min

    Je ne pense pas que la promo soit ici l’intention. Mais Renaud faisant parie de notre « patrimoine » chanson, il me parait évident qu’on ne peut laisser cette sortie sous silence. Je trouve bienvenu que l’on ait ici deux sons de cloche. Renaud n’a évidemment pas besoin de notre soutien mais en tant que site sur la chanson, en parler est une évidence, y compris pour dire notre déception. on l’a tant aimé ce gars là !

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  5. Joel Luguern 8 avril 2016 à 23 h 56 min

    Finalement, je ne regrette pas une seconde de m’être instinctivement méfié de Renaud il y a quarante ans. Il ruait violemment dans les brancards, gueulait contre tout et tout le monde, n’épargnant personne, sauf François Mitterrand…
    Je pressentais qu’il rejoindrait le troupeau des chanteurs contestataires acharnés à leurs débuts (il faut bien « exister » si l’on veut sortir rapidement du lot…): Antoine, Maxime Le Forestier, Philippe Val, etc. – avant de se ranger des voitures et de se reconvertir, qui dans la publicité, qui dans les allées du pouvoir, qui dans les rythmes exotiques, etc.
    Déjà en 2005, alors que peu avant encore, il disait vomir la presse « people », Renaud faisait la une de Paris Match avec sa nouvelle compagne. Aujourd’hui, dix ans plus tard, il se vend ou il est vendu par sa maison de disques comme une savonnette auprès des médias…
    Même s’il faut lui reconnaître quelques bonheurs d’écriture ( « A l’école de l’angoisse, je suis premier de la classe » ou encore  » Richard Clayderman, le Mozart du walk-man »), il faut bien reconnaître que n’est pas Brel qui veut.