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Clément Bertrand… notes bleues pour marée noire

peau-bleue-clement-bertrandPeau bleue… que voilà un nom bien senti pour ce quatrième album de l’Islais Clément Bertrand : bleu comme la mer dont est issu ce drôle de « poisson », mais une eau pas si claire que ça, une eau trouble, profonde, dense, où l’on à peine à nager, celle d’une vie avec ses blessures, ses désirs, ses angoisses, toute l’âpreté d’un vécu. Album bleu comme le blues électrique qui baigne toutes les chansons à grands coups de guitares, de rifs rageurs, musique brute comme le rock pour souligner les mots râpeux, la langue osée et sans détour, sans concession. Peau bleue, pour cet écorché, cet animal marin surgissant des abysses du blues, puisant à la source de la chanson poétique, trempant sa plume dans l’encre bleue pour un voyage dont les compagnons pourraient être Ferré, Lantoine, Miossec, Leprest, fraternités dans le cri, la rage, la liberté dans le verbe.
 
États d’âme à fleur de peau, ces treize titres aussi bruts qu’incisifs sont là pour dire la vie, la mort, l’amour, le sexe. Les textes de Clément Bertrand sont autant d’instantanés qui laissent des traces à vif dans le cœur et sur l‘épiderme, frémissements de désirs fugitifs comme ce regard posé sur Ta nuque pour réécrire un évangile érotique, offrir un collier de Perles de sueur, au son d’un Tango pour elle. A vif aussi les douleurs de la séparation (Chambre à part), le deuil d’un copain de bistrot à qui on va trinquer en guise d’oraison (Fleurs naturelles), les envies de départ entre errance et soif d’absolu. Les mots ici sont crus, s’entrechoquent, tempétueux, les phrases claquent comme ces vagues qui viendraient fouetter rochers et visages (Chporgne). Clément Bertrand surprend et, même lorsque les souvenirs font surgir la tendresse, c’est encore avec rudesse (Les seins de ma mère). Ce disque déroutera peut-être certains aficionados d’une chanson d’expression française bien policée mais, sous le granit des guitares et du verbe rugueux, il y a des bijoux d’écriture, d’inventivité. D’ailleurs qui pourrait refuser son invitation à entonner avec lui cet hymne à la chanson (Chantons donc) :
 
« Parce que la beauté injuriée
Gangrène les tumeurs aux genoux
Qu’il vaut mieux vendre à la criée
Le sac de nœuds qui nous dénoue
Que garder cet amour pour soi
Chantons donc puisqu’on sert à ça »
 
Clément Bertrand, Notes bleues, Studio Neptune 2016. Le site de Clément Bertrand, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.

« Ta nuque », La Bouche d’air à Nantes 2015 Image de prévisualisation YouTube

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