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L’arithmétique amoureuse de Stéphane Cadé

10153911_440505439473346_1937030393486938005_nC’était avec la régularité d’un métronome qu’il nous sortait ses albums : tous les trois ans. Sauf ce quatrième opus, distant de bien sept ans du précédent. Entretemps la vie l’a happé, l’a distrait, absorbé qu’il était dans ses rêves. Rêve + rêve = réalité : les mathématiques se sont emparées du lui, ont fait foi, ont fait loi, vérifié ses sentiments, ses élans et figures acrobatiques « sous les draps rodéo / dans la nuit pornographique / sur le frigo / par terre sur le lino. » Tant que cette équation « reine et souterraine » s’est imposée comme titre de ce nouvel album.

Stéphane Cadé fait dans la chanson d’émotions, un peu à la manière d’un peintre impressionniste : par petites touches qui sont autant de mots bien construits que de notes insolites, aiguës et farfelues. Ce n’est pas pour rien que ses chansons sont nimbées de lumière, imprimant aussi sûrement la rétine que l’ouïe : « je voudrais moi aussi / chuchoter love / au creux de ton oreille. » Si son Cityrama de 2009 se voulait être ballade de villes en villes, autres rêveries en promeneur solitaire, là le carnet de voyage est plus intérieur. S’il nous conduit de la pizza-télé au quartier londonien de Camden, de la mer qui balaye d’un revers de vague les châteaux de sable aux lignes internationales d’Air France KLM, il est paradoxalement plus calme, pas immobile, certainement pas, mais. Mais à deux.

C’est un disque joyeux, avec la voix proche de celle de jadis un Higelin amoureux et inspiré. Une voix sans âge, jeune et étonnée de ce qu’elle vit. Une musique sans attaches faite d’« instruments acoustiques portés par des loops urbains », mélange, mix d’instruments et d’électronique : on doit cet assez remarquable travail musical à Stéphane Détrez, français exilé en Norvège qu’on dit être en pleine ascension. Au final, au rendu, un « cocktail rafraichissant et énergisant » : on confirme à l’écoute de ce relatif ovni, séduisant de bout en bout, insolite tonalité pour un chanteur au phrasé musical habituellement plus « folk ».

On savourera pareillement un très beau duo avec Agnès Bihl, deux gens heureux, artistes sans artiche, et « un croissant au beurre, un café très noir comme un œil au beurre, une cigarette blonde et bien roulée, un air dans la tête pour s’en balancer… » Joli !

Depuis hier en bacs, ce disque s’avérera vite indispensable.

 

Stéphane Cadé, Rêve + rêve = réalité, Productions Henry de la Martinière/Musicast distribution 2016. Le site de Stéphane Cadé, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là. Image de prévisualisation YouTube

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