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Pourchères 2016 : Berger en transhumance

Laurent Berger et Nathalie Fortin (photo Serge Féchet)

Laurent Berger et Nathalie Fortin (photo Serge Féchet)

En haut de la montagne, on s’en vient voir, écouter Berger. Qu’on ne louperait d’ailleurs pour rien au monde. Si on ne le connaît pas encore, votre voisin de Chansonnade vous en a dit le plus grand bien avant que vous le constatiez par vous-même. Lui et Nathalie Fortin au piano, la fidèle, qu’on a vu la veille sur cette même scène accompagnant Anne Sylvestre et Francesca Solleville. Le micro est juché bien haut sur son pied, le chanteur plus haut encore sur ses jambes, ses longs bras balayant parfois l’espace, suggérant les chansons de geste. Voix de rocaille dont suinte une singulière et touchante émotion comme l’eau qui perle des pierres et se fait torrent avant de s’apaiser en rivière ou en fleuve : « A ne jamais vouloir de preuve / A vivre l’amour au comptant / On regarde couler des fleuves / On se nourrit de sédiments. » Laurent Berger est venu, bien sûr, avec dans sa besace quelques de ses grands classiques : on ne lui pardonnerait pas d’oublier La librairie du Pas pressé… Des titres de son dernier album en date, Aller voir : « Aller voir / Tout au bout de la rue / Déjà on s’habitue / Aux nouveaux paysages… » Ainsi qu’en primeur une livraison de chansons nouvelles, promesse d’un album à venir, superbe comme les précédents. Des dialogues entre lui et autrui, dans lesquels on s’immisce, des propos de sagesse, des chantés, des parlés aussi : quand on a un tel timbre de voix, doux et grave à la fois, avec cette araignée qui vous titille la langue, c’est tentant parfois d’en faire l’unique instrument.

Berger, c’est une chanson qui dira classique. Académique comme pour des gens de lettres, académique aussi pour ces corps qu’il chante, « ces culs posés sur une commode vernie à tous les titres ». Délicieusement ouvragé, en pleins et en déliés, le verbe est chez lui parfois, souvent malice : « Tu devrais venir au plus vite / Une veine pareille, ça se mérite ». Qu’il se nomme Fantaisie, qu’il chante L’épouse d’un grand homme, qu’il frôle la marge (« Ne t’approche trop près des marges / Qui veillent à la normalité… »), qu’il se la joue timide ou s’avoue amoureux, l’artiste vous emporte dans son tourbillon de mots, de raisons, de déraisons.

La complicité est belle et joyeuse entre Nathalie Fortin et Laurent Berger : on devine l’admiration mutuelle, le respect, l’amitié. C’est plus value pour un tel récital qui captive et réchauffe l’âme, une prestation à l’heure de l’apéro qui vous met en appétit pour la journée et plus encore.

 

Le site de Laurent Berger, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là. Image de prévisualisation YouTube

Une réponse à Pourchères 2016 : Berger en transhumance

  1. Odile 12 juillet 2016 à 11 h 03 min

    Et voilà je n’étais pas là!
    Encore un concert de mon « Grand Laurent » sans moi…
    D’autant plus que suis un peu fière d’avoir présenté il y a quelques années déjà, ce poète à Sabine et Monique.
    Je lis avec plaisir votre article Michel toujours aussi juste, sincère et élogieux.
    je crois que Pourchères saura toujours nous épater par la qualité de sa programmation, Merci à toute l’équipe.

    Répondre

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