CMS

Avignon Off 2016. Pascal Mary, bienvenue chez les vivants

Pascal Mary (photo Catherine Laugier)

Pascal Mary à l’Atypik Théâtre (photo Catherine Laugier)

« Le cœur en tête », Atypik Théâtre, 19 juillet  2016,

 

Voici revenu notre rendez-vous annuel avec Pascal Mary, toujours fidèle à L’Atypik Théâtre et ses gradins améliorés par des coussins, tout seul avec son piano tout noir. Essayez de vous faire petits pour ne pas gêner vos voisins. En dehors de ça, c’est climatisé, et il y a de bons spectacles. Dont celui-là. Et puis, vous aimez l’intimité ? Vous êtes servis.
Le spectacle ne comporte que quatre ou cinq titres nouveaux pour les habitués que nous sommes, mais il a été réorganisé de telle façon qu’il  constitue un vrai  parcours de vie, de la naissance  à la mort. Est-ce l’approche de ses cinquante ans qui le pousse à  ordonner sa vie ? Rassurez-vous, Pascal Mary en est encore loin, a toujours l’air d’un jeune homme avec sa chemise à fleurs bleues qui m’évoque l’époque bénie du flower-power, et semble avoir atteint une nouvelle sérénitude qui s’apparente au bonheur. Il ne nous parle plus de ses rendez-vous chez le psy et on est drôlement contents pour lui. Par contre, il a bien pris conscience, et nous en sommes tous là, que la vie est courte, qu’à peine né, scolarisé, on se retrouve au collège, étudiant, marié, divorcé et nanti d’une  bedaine à 50  ans (pas lui, il en a de la chance), puis en (maison de ) retraite plus vite qu’il n’en faut pour le penser.
L’existence n’a qu’un temps et le berceau c’est du cercueil qui s’avance. C’est avec ce genre d’aphorisme féroce qu’il va aiguiser notre appétit (ben oui, je n’ai pas encore déjeuné, mais ça tombe bien, on peut se restaurer sur place après) Et d’ailleurs, il nous l’avouera, ce tour de chant devait s’appeler La mort en tête. Il y a renoncé, ce n’est pas assez vendeur. Mais il est vrai que dès son  premier album on trouvait ce mélancolique Passer peu chanté sur scène : « Penser à la lune / A la valse des étoiles / Au sable des dunes/ Aux fruits mûrs sur les étals / Toucher du regard / Sans jamais savoir / Et passer / On ne fait que passer. »
Un seul conseil : Aime déjà, même s’il s’agit du voisin garagiste d’extrême droite. Boutade pour parler de celui, mal aimé, qui a le « cœur taillé au caillou » et « un regard cousu de fil gris », et qui reviendra l’aimer. C’est Le cœur et la peau, où le sentiment se cache pudiquement sous la vanne qui l’introduit.

Quelques notes dramatiques jouées d’une main annoncent les souvenirs bien connus de la « riante Normandie » de ces longs Dimanches qui ont marqué son enfance, remplis d’ennui et d’horribles  secrets de famille. Sans doute un peu caricaturée pour la cause, quand on écoute cet admirable texte à son Papa dont la tête est cassée à l’intérieur, ou cette nouvelle chanson délicate et émouvante en hommage à sa mère pour son départ « Et comme tes yeux sont des étoiles / Dans les cieux tu seras pas plus mal. » Heureusement sa maman va bien et a beaucoup d’humour !
Le tour de la famille sera fait avec cette petite sœur que l’on cache. Je ne vous dévoile pas la chute, mon voisin ne la connaissait pas, et Pascal Mary a du génie pour les fins inattendues et provocantes. Je me régale à voir les réactions de ceux qui ne le connaissent pas encore ! Il nous remettra ça avec cette chanson dédiée, croyez-vous, à La Femme, mais dont il nous dira bien qu’il n’a rien à faire. Ce qu’il s’empresse de confirmer avec ce Maître Queue–tard,  plus cul-butant que con-vaincant, mais qui se termine par un tendre aveu de désespoir…et qu’il enchaîne avec la douce Comme un aveugle à sa fenêtre. La grand-mère (et son chien, Pascal fait très bien le chien !) ne sera pas oubliée avec Canicule, ni toute la famille élargie avec l’inénarrable Joyeux Noël qui a quelques points communs avec la Bible de Bernard Joyet. Parce que Pascal Mary c’est ça, une puissance caustique qui n’épargne personne, et tout mêlé un romantisme torride-et-doux qui vous fait verser des larmes. La voix qui caresse et qui porte. La mélodie et le texte. Le salé et le sucré, le yin et le yang, c’est pour cela qu’on se reconnaît tellement en lui : « La vie, c’est du noir en couleur / C’est tranchant comme du velours / La vie t’es chaud et puis t’es froid ».

 

Le site de Pascal Mary, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs en a déjà dit, c’est là. Jusqu’au 30 juillet, Atypic Théâtre, 101G6, salle 1, 12h30. Image de prévisualisation YouTube

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

code

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>

Archives