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Britney Spears, Robin des bois de la chanson ?

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Britney Spears : « Fais-moi l’amour, mon amour » en français dans le texte (photo DR)

Britney Spears sur Nos Enchanteurs ?! Attendez, rien de va plus là ! Mais voilà, Britney s’est mise au français. Et par la même occasion s’est ramassée une avalanche de critiques venant d’internautes francophones et d’une certaine presse qui s’est empressée d’emboîter le pas.

« Britney Spears dévoile un single en français et devient la risée de la toile ! » cingle Public. « Avec son dernier titre, Britney Spears pense chanter en français (et se trompe) » ose L’express. Avant de m’offusquer à l’unisson en brandissant le fier étendard de la « chanson françaiiiissse » (car, même en Belgique ou ailleurs en francophonie, on fait de la chanson française), j’ai écouté cette fameuse Coupure électrique (ça s’intitule ainsi).

Je n’écoute jamais ce genre de musique mais dois reconnaître que la blonde a sorti quelques titres forts faits de rythmiques entraînantes, sonorités et refrains accrocheurs. Et ça, c’est déjà bien. Verdict de Coupure électrique, après écoute : c’est pas mal du tout ! Certes je n’irais pas acheter l’album (merci Spotify !) mais il faut reconnaître que je me suis arrêté, interpellé par des sonorités aquatiques, éthérées, qui me font penser à Mécano ou Mylène Farmer. Farmer dont on ne comprend pas mieux la plupart des chansons ! Elle n’est d’ailleurs pas la seule : je vous défie de saisir une phrase de Christine & the Queen sans le livret sous les yeux. Et que dire de mon compatriote – que j’adore – Philippe Lafontaine et son jeu particulier de placement rythmique sur les mots afin de brouiller les pistes.

Seulement voilà, Mylène et Christine sont françaises. D’où notre première règle : Nous, Francophones de souche, avons le monopole de la non-articulation des paroles de notre langue. Quand c’est nous « tu vois, c’est pour le son, la musicalité » ; quand c’est les autres « c’est caca » comme dirait mon gamin. Serions-nous chauvins à ce point ? Ou seraient-ce les prémices d’un « réveil culturel  francophone » ? Et si le salut de la chanson venait de Britney ?

Deuxième réflexion : si la presse anglaise devait se déchaîner chaque fois qu’un groupe d’easy-pop-rock-fm WALLON ou FRANÇAIS sort un yaourt-anglais de 4ème division, la bande passante du web serait saturée ! On y lirait des « Oh my god ! Have you heard this album from this belgian band ? » ou des « What does he say ? » et j’en passe… Ce qui nous amène à notre deuxième règle :  Nous, Francophones, pouvons massacrer la langue de Shakespeare car, quand même, notre accent est charmant. Traduisez plutôt : tout est bon pour vendre au public le plus large, et puis je dois moins me casser le cul à pondre de bonnes paroles car, en anglais, on s’en tape. Et en plus ça sonne mieux musicalement. Au catalogue des idées reçues : les anglais se foutent des paroles, d’ailleurs leur langue est pauvre, et puis, c’est facile à apprendre et à écrire. De la littérature anglaise ? Des poètes ? En France, c’est connu : nous n’avons que de grands auteurs.

Troisième réflexion : les gens s’offusquent de l’accent de Britney Spears plus que du sens et du contenu du texte. C’est inquiétant ! Maître Gims et consort nous ont tellement habitués à des paroles débiles que c’en est devenu la norme (je rappelle que le Maître en question a quand même obtenu une Victoire de la musique en 2016…). Tentons la comparaison :

Maître Gims :

« J’étais censé t’aimer mais j’ai vu l’averse
J’ai cligné des yeux tu n’étais plus la même
Est-ce que je t’aime ?
Je ne sais pas si je t’aime »

Britney Spears :

« Fais-moi l’amour, mon amour
Un moment avec toi
Dans le noir
Comme une coupure électrique
T’es la lumière »

Stricte égalité : ces textes sont vides, nuls. Troisième règle : Nous, Francophones de souche, avons le monopole du texte de chanson le plus mauvais. Mais Britney, en bonne business-woman, a piqué nos derniers concepts ! Car une chanson de merde mal articulée se vendra toujours mieux qu’un bon texte.

Vexés comme des poux mais fiers comme des coqs, les Francophones bombent le torse, décrétant du coup que « c’est quand même mieux d’articuler » et de « chanter des choses intéressantes ». Intéressant d’enfin l’entendre dire, de le lire. Franchement, Britney, je t’adore : merci mille fois pour ce salutaire réveil des troupes.

Une réponse à Britney Spears, Robin des bois de la chanson ?

  1. Henri Schmitt 2 septembre 2016 à 17 h 45 min

    Je trouve que c’est plutôt intéressant, même si elle n’est pas ma tasse de thé. Joan Baez a chante plusieurs fois en français, et pas des moindres : elle a été une des premières a chanter « Parachutiste » de Le Forestier. L’accent ? Ben oui, quand on n’est pas natif du pays, il y a du boulot. Mais enfin, Graeme Allwright est arrive a se faire comprendre, bien que neo-zélandais… Je ne sais si les anglais se foutent des paroles, mais ils ont la désagréable manie de mettre le son des instruments au même niveau que la voix, sinon plus fort. J’en ai encore eu la triste expérience samedi dernier en allant écouter un couple d’amis qui chantent en duo. Elle est française, lui est britannique. Ils m’ont demandé mon avis au début quand ils faisaient la balance. J’ai dit tout de suite :  » la guitare un peu moins forte, ça couvre la voix ». Et ils étaient en acoustique ! Que dalle ! La copine m’a dit qu’il a toujours tendance a remonter le volume de sa guitare… Dur, dur.

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