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Nosfell, a thin dark duke

 

En concert au Petit Duc (photo Petit Duc)

En concert au Petit Duc (photo Petit Duc)

26 novembre, Petit duc à Aix en Provence,

Nosfell, vêtu d’un sombre costume déstructuré, visage doux habillé de barbe, yeux de biche , silhouette mince et élégante et chaussures vernies. Comme apeuré par son public , il chante en baissant la tête, sans nous regarder, d’ailleurs il nous le dit, « J’ai peur »…
Ce sont chants entêtants en douce mélopée, au rythme insistant, où les paroles (il a abandonné la langue inventée il y a dix ans en protection, le klokobetz, pour un mix d’anglais, de français et de sons divers) sont le plus souvent en anglais altéré parfois d’un accent pouvant tout autant évoquer le cockney qu’une lointaine Russie, tel Boris Karloff dans La fiancée de Frankenstein
Des mots sonorités, un enveloppement musical, une voix grimpant aux cimes pour redescendre dans de sombres abîmes. La guitare et la voix sont tous deux instruments,  d’un claquement de langue semblable à la langue « à clic » des bushmen, au halètement insistant, d’une voix haut perchée, presque féminine, rappelant parfois les hauteurs de Michaël Jackson sur une note isolée et des riffs entêtants, comme des voix éraillées, presque métalleuses. On voyage au pays du son dans un rythme africain sur voyelles hululées, on retourne au langage parlé, sans le sens des mots. Le corps du public ne peut résister à tant de tentation et commence à onduler en rythme, suivant Nosfell dans ses voyages musicaux comme le serpent son dresseur.
Des boucles samplées s’en vont rejoindre la voix de leur maître, la guitare repart, enfle, et la parole toujours anglophone vous emporte. Au fur et à mesure du spectacle, on sent que l’artiste se détend, communique avec le public, l’entraîne dans son monde baroque et onirique. La veste tombe, dévoilant un joli tatouage à l’avant-bras gauche. C’est comme un gimmick de chant d’enfant « I walk for the animal », ou titres plus pop, avec une voix passant insensiblement de la voix abîmée du folkman fumeur à celle du haute-contre, au milieu de grommellements soufflés.

Entrant dans une une danse incantatoire autour de son micro, il murmure une longue plainte nous contant la folie des hommes en une sidérante frise chronologique « Sous les pas des pachydermes, du puissant de Carthage, sous les lames des coutelas, des bandits du clan de Guise, sous les bombes des bombardiers, passent les rois, et leurs folles pensées, Césars de funestes destins, et tombent les hommes aux rêves cassés héros d’indicible dessein… » Des Romains aux conquérants de Cortès, aux mitraillettes de Verdun, du sultan de Damas aux arbalètes de Bouvines, les mots choisis dessinent des atmosphères, sonnent des hallalis, javelines, hallebardes, host de Charles aux abois. S’élève une plainte de chat blessé miaulant de terreur, des hurlements de loup, et son visage grimace avec la mobilité, la plasticité de celui de Jim Carrey dans The Mask.
Sa voix cascade entre les octaves sur les notes de guitare, dans la mystérieuse Dans les chambres fantômes (paroles de Dominique A) : « Assis au bord du lit je te voyais aller / Des nuées de poussière se soulevaient bleutées / Retombant derrière toi comme un regret d’éternité ».
Puis là encore quand le phénix aux plumes flammées renaît de ses cendres, les mots, méandres encaissés, équinoxes, Styx, créent ambiance et musique plutôt que sens.
Au final un spectacle envoûtant si l’on se laisse prendre à la musique des mots, des sons et des notes, et à l’obscure lumière qui s’en dégage, à la virtuosité de la voix, à la séduction féline du personnage, sans chercher à tout prix cohérence ou message.

 

La page facebook de Nosfell, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs en a déjà dit, c’est là. 

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