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Les 3 Horaces et le coriace

Les 3 Horaces

Les 3 Horaces (copie d’écran)

Il suffit parfois de presque rien, d’une idée fixe, d’un amateur plus coriace qu’un autre, un obstiné, pour sauver non forcément un pan de la chanson mais le précieux souvenir d’un trio qui eut son heure de gloire, que la mémoire collective, saturée et rassasiée, a laissé sur le bas-côté. Merci à François Bellart, par ailleurs membre de l’équipe rédactionnelle de NosEnchanteurs (et collaborateur à la revue Vinyl), de s’être attelé à cette jolie tâche patrimoniale.

LES PETITS CÔTÉS DES GRANDS HOMMES 1956. « Grâce à Jacques Canetti, ils obtiennent une série de télévisions mensuelles très bien réalisées à la RTB, à Bruxelles. Ils y découvrent les merveilleux talents de conteur de Jean-Marc Tennberg et l'humour ravageur des sketches d'Henri Salvador. Ils expérimentent aussi la façon dont Jacques Canetti traite certains des artistes dont il s'occupe. Pour chaque émission, il les paye 20 000 francs de l'époque et les voyages en 2e classe. Ce n'est pas beaucoup mais bien mieux que rien pour des débutants. A la fin de la série, le producteur de la télévision belge, satisfait de leur participation, vient les trouver et leur propose de recommencer l'année suivante en s'excusant de ne pouvoir, budget oblige, les rétribuer davantage. Bien sûr, ils acceptent avec joie, d'autant plus que l'affaire se traite cette fois sans intermédiaire... Ils apprennent alors avec une stupéfaction indignée que le cachet par émission est de 10 000 francs et les voyages payés en 1ere classe ! Non seulement le « cher » Jacques Canetti a pris 80% des cachets mais a aussi fait un bénéfice sur les voyages... Tous les grands hommes ont leurs petits côtés. »

LES PETITS CÔTÉS DES GRANDS HOMMES
1956. « Grâce à Jacques Canetti, [Les 3 Horaces] obtiennent une série de télévisions mensuelles très bien réalisées à la RTB, à Bruxelles. Ils y découvrent les merveilleux talents de conteur de Jean-Marc Tennberg et l’humour ravageur des sketches d’Henri Salvador. Ils expérimentent aussi la façon dont Jacques Canetti traite certains des artistes dont il s’occupe. Pour chaque émission, il les paye vingt mille francs de l’époque et les voyages en 2e classe. Ce n’est pas beaucoup mais bien mieux que rien pour des débutants. A la fin de la série, le producteur de la télévision belge, satisfait de leur participation, vient les trouver et leur propose de recommencer l’année suivante en s’excusant de ne pouvoir, budget oblige, les rétribuer davantage. Bien sûr, ils acceptent avec joie, d’autant plus que l’affaire se traite cette fois sans intermédiaire… Ils apprennent alors avec une stupéfaction indignée que le cachet par émission est de cent mille francs et les voyages payés en 1ere classe ! Non seulement le « cher » Jacques Canetti a pris 80% des cachets mais a aussi fait un bénéfice sur les voyages… Tous les grands hommes ont leurs petits côtés. »

S’il vous fallait situer Les 3 Horaces, nous les rangerions aux côtés des Quatre Barbus et des quatre Frères Jacques dont Paul Tourenne, le dernier représentant, vient de nous quitter. C’est d’ailleurs pour chanter Les Frères Jacques en préparation du Gala de l’école hôtelière Jean-Drouant à Paris, qu’un nommé François Parrot crée ce trio en septembre 1954. A l’époque, outre les Barbus et les Jacques sus-nommés, bien d’autres groupes existent qui tous mettent en scène leurs chansons : les Compagnons de la chanson, les Trois Ménestrels, les Garçons de la rue, les Cinq Pères…

Les 3 Horaces, ce sont donc François Parrot, l’instigateur, Michel Orphelin, le plus grand question taille, et Jean-Claude Sergent (aaah, le rire du Sergent !). Leur nom vient du hasard, « en bayant aux corneilles », non « en bâillant à Corneille ». S’ils s’étaient cantonnés au gala de leur école, l’histoire serait bien plus courte (le livre n’est déjà pas bien épais). Mais c’est l’époque des cabarets qui peuplent la fameuse Rive gauche et notre trio à la tronche enfarinée (ils se fardent de blanc à la manière de Pierrot[s] lunaires) tente sa chance. Son numéro est si original qu’ils sont embauchés de suite au Port su salut. Même cause même effet à L’Ecluse, puis au Sully d’Auteuil. C’est là que se pointe un soir Jacques Canetti, qui leur fait faire des télés et va les inclure dans ses tournées…

9782343098289r« Le mime appliqué à la mise en scène de chansons et de sketches constitue leur marque de fabrique et leur bagage de scène » nous dit Bellart qui, photos en abondance à l’appui, retrace le travail (parfois chanson par chanson) et l’histoire de ce groupe en tous points original qui, quinze années durant, participa aux beaux jours d’une chanson particulièrement expressive car pensée et chorégraphiée.

Les 3 Horaces furent à la hauteur d’un répertoire du même tonneau, même nectar ou presque que celui des Frères Jacques, avec eux aussi du Pierre Louki, du Ricet Barrier, du Léo Ferré…

Utile bouquin de l’ami Bellart (en collaboration avec Michel Orphelin, un des Horaces), agréable à lire, qui nous replonge dans un temps que l’Histoire oublie déjà (« une époque bénie » selon Joseph Moalic), dans un trio que la mémoire n’a hélas pas gardé. Ou si peu.

 

François Bellart, Les 3 Horaces, les artisans imagiers de la chanson, Collection Cabaret, L’Harmattan 2016. Dans la même collection, signalons « Le savoir-vivre de Ricet Barrier » de Bernard Keryhuel, sur lequel nous reviendrons prochainement.

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6 Réponses à Les 3 Horaces et le coriace

  1. Odile 14 janvier 2017 à 10 h 25 min

    Bien sur , les Frères Jacques, les 4 barbus, j’étais et je suis toujours une fan, Mr Meyer ne les oubliait jamais dans son émission  » La prochaine fois… »
    Mais les Trois Horaces , je ne me souviens plus…
    Merci Michel de nous rafraichir la mémoire avec cette vidéo, et ce livre.

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    • Michel Kemper 14 janvier 2017 à 10 h 53 min

      Et ben, Odile, je découvre ce trio avec vous, avec juste quelques jours d’avance. Ce grâce au livre de l’ami Bellart. Cette collection « Cabaret » de L’Harmattan est bien utile, dommage qu’elle ne soit pas visible, si mal distribuée, voire pas du tout, comme tous les livres de cet éditeur. C’est à chaque fois à l’auteur (comme notre autre ami Michel Trihoreau : « La chanson de proximité », « La chanson de circonstance ») de prendre son bâton de pèlerin et de battre tambour pour le faire savoir. Forcément, NosEnchanteurs les aide un peu. On peut commander ces livres sur le site de l’éditeur.

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  2. Lanatrix Alain 14 janvier 2017 à 12 h 14 min

    Merci pour cette découverte et effectivement c’est dans le style des « Frères Jacques » avec aussi apparemment autant de talent

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  3. Catherine Laugier 14 janvier 2017 à 13 h 28 min

    A signaler qu’en ce moment, on parle de Ricet Barrier et de la collection Cabaret en fin de l’émission Etonnez-moi Benoît sur France Musique, le samedi de 11h à 12h30, sujet principal Rudy Hirigoyen. Et en fin d’émission Vassiliu et sa Charlotte !

    https://www.francemusique.fr/emissions/etonnez-moi-benoit/sylviane-hirigoyen-femme-de-rudy-accompagnee-de-31056

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  4. André ROBERT 14 janvier 2017 à 15 h 37 min

    Eh bien moi aussi, pourtant féru de chanson française depuis belle lurette, je découvre ce trio !
    Bravo et merci à NosEnchanteurs de mettre en lumière aussi bien les artistes d’autrefois que ceux d’aujourd’hui.

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  5. Pol de Groeve 14 janvier 2017 à 18 h 34 min

    Belle découverte que cette chanson. Un brin misogyne, of course, mais mise en scène avec beaucoup d’originalité.

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