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Bori, le cousin québécois

Bori, 5 novembre 2010, salle Dorian à Unieux,

Bori (photo d’archives, DR)

Ce n’est pas avec ses pochettes de disques qu’on risque de (re) connaître sa tronche. Même en concert, il y a encore peu, il revêtait un loup, pour toujours se masquer. Le voilà donc devant nous, l’homme aux sourcils ténébreux, le chanteur au visage buriné et sévère. Avec, ma foi, des textes qui ne font ni particulièrement dans la joie ni dans la dentelle. Bori chante le monde, la société et ce qu’il en perçoit ne brille pas de mille paillettes ni des feux de l’amour. C’est là, à l’écoute de ses textes, qu’on matérialise bien la mondialisation, Amérique du Nord et vieille Europe mêmes combats, mêmes injustices, mêmes laissés pour compte. Son pays ce n’est pas un pays, c’est l’hiver aussi.
Ce qui marque en lui c’est déjà l’extrême politesse du verbe, le soin de bien articuler, de se faire comprendre. Sauf quand il se lâche sur une sorte de rap : là vous ne captez au mieux qu’un mot sur deux, jouissant à l’aveugle d’une langue certes proche, carrément cousine, mais dans un accent improbable, rustre et poétique à la fois. L’accent, on le retrouve quand le monsieur se plaît à jaser : c’est d’ailleurs là qu’on découvre le Bori chaleureux, drôle même ? Lui, le preux chevalier prêt- à envahir les Etats-Unis avec ses chansons francophones, une avec particulièrement au timbre très aznavourien. Car Bori connaît ses classiques. Tant qu’il nous fait un mix d’Avec le temps et Ne me quitte pas, maillé serré, chopant tantôt l’accent brélien, tantôt la voix ferré. Très militant vraiment ce chanteur, cerné d’anglophonie, luttant avec ses mots et ses refrains.
Il y a certes un peu de surréalisme dans le propos de Bori (« J’ai reçu toute la lettre / Je l’ai lue dans la poubelle… ») mais surtout une bonne dose de grand réalisme, une lecture sans fard de qui nous sommes, de comment nous sommes dirigés, contrôlés. Et c’est édifiant. Comme l’artiste à les mots pour le dire, ça passe, ça coule de source, c’est tellement bien dit… « Quand seront usées nos bottines / Nos rêves de sable / Qu’on aura passé au travers / Desservie la table / Dernier rendez-vous / Avant de s’en aller… »
Sacré bonhomme, apparaissant en début de concert comme un clodo et s’en allant sous le luxe d’une ovation. Y’a d’la classe en ce bonhomme. En ses complices aussi : Michel Sanlaville (basse, contrebasse) et Jean-François Groulx (piano).

Le (très beau) site de Bori, c’est ici.

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