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Festival Dimey 2017. Dernière journée, chansons que tout cela…

Geneviève Morissette (photos Philippe Savouret)

Geneviève Morissette (photos Philippe Savouret)

7 mai 2017, festival Bernard-Dimey, Nogent,

 

Au programme trois concerts d’après-midi prévus en plein air : les groupes devaient se succéder sur une estrade profonde, permettant des changements rapides de matériel… La météo en a décidé autrement ! Sagement, les organisateurs ont vite choisi de faire jouer dans l’espace-bar, même si, un peu étriqué, il oblige à des temps plus longs de modifications de plateaux, avec réglages des balances devant le public curieux !

La Goutte

La Goutte

La première découverte intéressante est celle de La Goutte, quatuor du Nord, arrivé à Nogent après quelques péripéties : Gabriel Devilleneuve l’auteur et le chanteur à la guitare, Hugo Lagorsse essentiellement à la batterie, Jonas Umbdenstock principalement à la contrebasse et à la guitare, et Ludivine Vandenbroucke au clavier et à l’accordéon. Les chansons, défendues par une voix expressive et un peu rocailleuse avec des arrangements variés, sont d’une écriture linéaire, facile à appréhender dès la première écoute. Elles parlent de l’amitié entre personnes déclassées (Salut copain, La SPA des amoureux), de ceux qui sont différents et du sentiment de n’avoir pas sa place (J’existe à peine), de l’exil (Solitaire), des sentiments éveillés par une fille rencontrée dans un train (Elle file) et du couple qui se désagrège (Comment allons-nous faire), de la nostalgie des constructions d’antan (Lille Moulins) et du ressourcement par la méditation (En attendant)… Autant de thèmes, un peu désenchantés, mais que les auditeurs apprécient car ils réclament un bis, qui, malgré le dépassement du temps imparti, leur est longuement accordé avec une chanson qui résume bien leur état d’esprit : « La vie, c’est rien du tout / C’est tout ou rien« .

Juja Lula

Juja Lula

On retrouve la programmation féminine, et une toute autre approche de la chanson en duo avec Juja Lula, deux belles chanteuses et musiciennes : les sœurs Taffin, Juliette (au piano et à la trompette) et Lucie (à l’accordéon). En public, dans leurs robes claires et brillantes, elles donnent le meilleur d’elles-mêmes : la répartition des voix tantôt individuelles et alternées, tantôt à l’unisson et tantôt en polyphonie ; les mises en scène inventives dans le détail avec des changements de place et d’instruments étudiés et coulés. On n’imagine pas le nombre d’heures de répétition pour parvenir à un tel résultat qui semble spontané. Après une entrée a capella sur accompagnement de percussions corporelles (très beau et très pittoresque moment) elles parlent de la solitude et de la présence d’un autre, qui pourrait être Le sosie qui ferait les corvées à votre place, en particulier affronter un directeur porté sur le whisky et qui fait peur ! A deux, on peut partir En auto (joli petit voyage par étapes suggéré), sans pour autant rattraper Noé qui s’est cassé sans nous ! Beaucoup d’évocations, de suggestions, d’originalité et d’humour dans cette façon de mettre en espace et en chanson ces thèmes. Et leur pétulance n’exclut pas l’émotion quand par exemple elles évoquent le « mec allongé dans le colza ». Elles terminent en apothéose avec L’enfant maquillé, enfin un groupe qui propose une chanson de Dimey… Des concerts de Juja Lula, on en redemande !

On fait l’impasse sur Tournelune et son rock assourdissant dans l’espace de repli restreint.

Geneviève Morissette

Geneviève Morissette

Pour le dernier concert du festival, un jour d’élection présidentielle, il y a quand même une belle assistance pour l’impétueuse québécoise Geneviève Morissette. Elle est accompagnée par Romy Chelminski à la guitare, Benjamin Tesquet à la basse et Jimmy Montout à la batterie, mais c’est a capella (et sans accent !) qu’elle entame la soirée par un Chant des Partisans repris spontanément par une salle soulagée du résultat d’élections qui furent, à leur niveau, un acte de résistance à l’absolutisme ! Puis elle retourne à son clavier (qui passe une soirée agitée !) et le spectacle reprend ses droits : en bonne communicante avec le public, elle joue habilement sur le fait que son français ne sera pas compréhensible par tous, mais qu’importe, les annonces, les musiques et l’énergie sont belles (Exploser, Gueuler ma vie). Et, même avec une orchestration rock and roll, on saisit le sens global des chansons : féministe et faussement résignée (Comme dans un film, La femme en beige) ou en pétard (Crise de nerf)… L’humour n’est jamais absent, en particulier lorsqu’elle suggère un passage à l’émission de Michel Drucker, avec le sourire béat qui sied à cette circonstance ! Joli cadeau intermédiaire, une reprise d’Amoureuse de Véronique Sanson, et moment d’émotion, Paris, mutilé par les attentats… Belle soirée et beau succès pour cette québécoise flamboyante qui a su plaire à la fois aux amateurs de rythme et aux défenseurs d’une chanson signifiante, et qui a conclu en apothéose cette programmation féminine du festival Dimey ! À l’année prochaine pour d’autres découvertes et d’autres aventures.

 

Le site de La Goutte, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs en a déjà dit, c’est là. Le site de Juja Lula, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs en a déjà dit, c’est là. La page facebook de Tournelune, c’est ici. Le site de Geneviève Morisette, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs en a déjà dit, c’est là.

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