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Mathieu Boogaerts, de l’enfer au Paradis

Mathieu Boogaerts (photo Fred Lamèche)

Mathieu Boogaerts (photo Fred Lamèche)

Mathieu Boogaerts, Le Petit Duc Aix-en Provence, 15 octobre 2017,

 

Les plus jeunes dans l’assemblée ont connu Mathieu Boogaerts pour ses concerts en duo avec Luce pour laquelle il a composé l’album Chaud. Il nous chantera d’ailleurs en fin de spectacle, au féminin, la sémillante Polka, titre phare de l’album repris avec esprit par le public. Aucun problème de genre, je vous l’assure, cela rajoute un énième degré à l’humour tendre de la chanson.

Deux parties sans entracte, la première pour les chansons de Promeneur, dans l’ordre parce que l’album est voyage dans la rupture, la crainte, le doute, et que cet ordre construit pour l’album, doit être aussi respecté en scène, puis les  tubes filés à la suite. Lutte salutaire contre la tendance au zapping actuel.

Mais plusieurs fois Mathieu se souciera de son public, se demandant si ce n’est pas trop dur pour lui d’entendre une suite de nouvelles chansons, de la part d’un artiste qui n’est pas universellement connu. Une modestie qui l’honore et qui n’est pas si fréquente. C’est sans doute pour cela que d’autres artistes préfèrent intercaler succès et nouvelles chansons.

Mathieu a son t-shirt vert grenouille et son acolyte, le jeune Vincent Mougel, brun et élancé, un  bermuda frangé, t-shirt noir et espadrilles. C’est encore l’été. Vincent, micro à la main, utilise son corps comme un danseur contemporain, le tord sur lui même, étire ses membres en vibrant avec la musique qu’il joue à la guitare électrique, au clavier ou au synthétiseur, accompagne chaque note d’une pirouette, déforme son visage comme un Jim Carrey. A l’opposé Mathieu est sobre, tout en sentiments intérieurs traduits surtout en expressions, proche de son micro qui lui sert d’amer, aussi en torsion du corps, penché en avant, comme si ses émotions pesaient sur ses épaules . Les deux font la paire et les faire-valoir mutuels. 

Le spectacle ne manque pas de scénographie. Quand l’adhésif rouge qui sert de palm mute (1) à Mathieu est arraché, créant une sonorité particulière – scraatch ! – c’est aussi le symbole  d’une libération, d’un nouveau départ : Pourquoi pas « Enfin voir la vue enfin voir l’issue / Voir si elle est meilleure ».

Mathieu est le chantre de la délicatesse des sentiments, il susurre ses mélodies, marque une infime hésitation sur « ce que tu fredonnes », chante le bonheur dans la futilité, avec des mots qui rebondissent en sonorités rigolotes, « bottes (…) culotte (…) zozote (…) ouh la la la oh / oh oui oh oui ».

Il nous explique, un mot qui vient, un sentiment par chanson, cherche l’épure, la limpidité: il s’est lassé de ne pas être compris. De se bagarrer avec les méchants, ou ceux qui se prennent pour des héros, Le glorieux . Quand il est attiré par le fond, ses démons, il appelle au secours. Lance de virtuels petits drapeaux blancs, pendant que Vincent joue les choristes aux voix d’ange : « Je pleure je pleure / Fais moi une fleur / Donne moi une chance » ou « Sauvez moi, que la lumière que la lumière soit ». La voix de tête de Vincent fait merveille aussi pour jouer au «  petit vent qui rend fou ». C’est doux, c’est insolite, plein d’humour.

Seul un changement de t-shirt sur scène (sympa le strip-tease), rouge pour Mathieu, blanc pour Vincent, signe le retour vers le passé. Ses thèmes fétiches repassent : refus de n’être qu’un objet dans Siliguri : « Son cul, j’crois qu’l’ai oublié, avec ses nénés / Un hurricane / Sur Marianne / Et toute la panoplie des souvenirs ». Rêves d’avenir : Sylvia dont la patience verra se transformer le crapaud en Prince (Abra-cadabra, commente un très jeune spectateur). Ou ce Ciment de 2002, avec ces visions poétiques qui transforment les clichés en purs moments de bonheur, n’attendant qu’un « Un mot de toi et c’est tout comme ». Une douzaine de chansons d’avant, entre titres intimes et délires rocks, où français et anglais s’entremêlent avec bonheur.

Salve de rappels. Un dernier conseil : « Va toujours toujours vers le soleil / Avant que je m’ennuie » - avec le sifflement merveilleux de Vincent, On dirait qu’ça pleut. Final Merci : « Tout est merveilleux ici / N’est-ce pas l’paradis ».

 

(1)    L’adhésif sert à étouffer certaines vibrations des cordes comme le ferait la paume d’une main

Le site de Mathieu Boogaerts c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là. La tournée de concert continue, le 22 novembre 2017 à La Java à Paris, le 23 à Clamart, le 24 en Suisse à Lausanne…

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2 Réponses à Mathieu Boogaerts, de l’enfer au Paradis

  1. Catherine Laugier 17 novembre 2017 à 19 h 12 min

    Une nouvelle version de Bizarre, tournée au Botanique à Bruxelles, vient de sortir :
    https://www.youtube.com/watch?v=t3LKfswuQjk

    Répondre
  2. Catherine Laugier 17 novembre 2017 à 19 h 25 min

    Mathieu est en concert solo ce soir Vendredi 17 novembre à LARBEY (40), samedi 18 novembre à RISCLE (32) et
    dimanche 19 novembre à SAMATAN (32).

    Répondre

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