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Brassens : c’est pas demain la veille, bon dieu, de ses adieux…

Jean-Pierre Arbon et Marie-Christine Barrault (photo DR)

Jean-Pierre Arbon et Marie-Christine Barrault (photo DR)

Quoi que fassent et disent les fâcheux, il tient toujours une place bien assise dans la chanson. Son œuvre est si riche qu’on n’a pas finir d’en découvrir les méandres et les détails et ceux qui lui prêtent leur voix aujourd’hui ne sont pas au bout de leurs ressources. Les pages de NosEnchanteurs ont déjà évoqué parmi bien d’autres, les prestations originales et talentueuses de Contrebrassens, d’Alexis HK ou encore les spectacles biographiques de Michel Arbatz et d’Annick Roux et Yves Uzureau. Nous vous proposons trois autres exemples dans l’actualité et la permanence : un spectacle et un CD, ainsi qu’un nouveau livre.

JEAN-PIERRE ARBON et MARIE-CHRISTINE BARRAULT

De la diction, du théâtre, de la chanson, un fabuliste classique, un poète non-conformiste, une actrice respectable, un chanteur respectueux, comment organiser le mélange des genres en se gardant de faire une simple salade ? Le tandem Barrault-Arbon, avec deux voix et une guitare, a parfaitement réussi à cuisiner un plat appétissant, léger et riche à la fois, par une combinaison savante de saveurs harmonieuses.

Bien sûr on trouve chez Brassens comme chez La Fontaine, outre la belle écriture, une impertinence courtoise, une peinture de situations insolites, des portraits truculents et une touche d’humour qui fait passer sans peine la morale parfois immorale. Mais il y a loin de l’affinité à l’union même libre. C’est pourtant le pari réalisé avec succès par les deux artistes. Leurs deux histoires sont différentes, comme les auteurs qu’ils ont choisis et ils trouvent la note juste dans le choix des extraits comme dans l’interprétation. Chacun franchit avec aisance les limites de son art. Le chanteur fait un pas vers le théâtre, l’actrice en fait un vers la chanson. Brassens et La Fontaine dialoguent par l’entremise de leurs personnages dont la paternité pourrait friser la confusion pour un auditoire non averti. On entre avec délectation dans cette conversation intemporelle, souriante et musicale qui remonte le moral… ça va de soi !

Le site d’Arbon, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.

BoischotPHILIPPE BOISCHOT

On peut chanter Brassens de façon classique en évitant les pièges d’une trop grande proximité avec l’original ou au contraire d’un fade et timide effacement. Philippe Boischot le prouve. Il est bien loin de l’imitation, par son timbre assez éloigné de celui de Brassens et par son phrasé particulier, bien articulé restituant méticuleusement chaque syllabe pour bien mettre en valeur le sens du texte. C’est un choix qui ne gâte en rien l’accompagnement musical sobre mais joliment tourné. Pas de pompe, mais des arpèges qui coulent de source. Les mélodies sont appuyées avec grâce, l’élocution est limpide.

Philippe Boischot vit ces chansons à sa manière avec une sorte de mise en scène intérieure qui surprend sans trahir. On ressent une force dramatique dans La marche nuptiale, Le Fantôme ou Grand-Père, presque enfiévrée dans Les Passantes, tandis que Bonhomme va mourir sans tristesse avec un naturel presque enjoué.

Avec une apparente simplicité, comme si Brassens était là de toute évidence, Boischot a évité la facilité des standards, Le Modeste, La messe au pendu, La fille à cent sous sont des chansons rarement reprises qu’on a plaisir à redécouvrir.

Philippe Boischot chante Brassens, CD 14 titres. Contact : philippe.boischot@gmail.com

brassens-mais-ou-sont-les-mots-d-antan-9782350304878_0TOUS LES MOTS DE BRASSENS

C’est un livre de poche, tellement gros qu’il doit les déformer. 760 pages de Brassens. Non une nouvelle bio, ni ses paroles, non : un dictionnaire, celui des mots de Brassens, ses expressions, les phrases défigées, les allusions et les similitudes ainsi que les noms propres. Près de deux-cent chansons son ici prises en compte, y compris celles jamais interprétées au moins par Brassens lui-même et quelques inédites du temps de leur auteur. On s’imagine l’imposant travail de décryptage, rendu d’autant plus facile que l’auteur, Jean-Louis Garitte, s’est déjà rendu coupable d’un Parlez-vous le Brassens ? en 2007 aux éditions Le bord de l’eau et d’un Dictionnaire Brassens en 2011 aux éditions de l’Opportun. Idée fixe et, une fois de plus, résultat probant, ce volumineux bouquin étant une source de plaisir pour qui le feuillette souvent, trouvant chaque fois vers et verbe à son pied. Et l’expression qui convient à ce moment-là. On ne dissertera pas de la richesse du vocabulaire du natif de Sète, la chose est entendue : cet opus l’atteste plus encore et parfois donne de précieuses indications en sus. Un outil de plus pour tout amateur convaincu de Brassens, mais aussi pour le néophyte. MK

Jean-Louis Garitte, Brassens Mais où sont les mots d’antan ?, Editions Atlande, 15 euros.

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2 Réponses à Brassens : c’est pas demain la veille, bon dieu, de ses adieux…

  1. Catherine Laugier 22 février 2018 à 13 h 14 min

    On trouvera sur YouTube quelques vidéos de Philippe Boischot, certes de mauvaise qualité, mais les extraits du Festival de Charavines en 2012 donnent une idée des choix de titres et de l’interprétation de cet artiste.

    Répondre
  2. Catherine Laugier 22 février 2018 à 13 h 38 min

    A défaut de la version du Fantôme de Philippe Boischot, voici celle de Georges Brassens lui-même : https://www.youtube.com/watch?v=wLUUIFBIW68

    Répondre

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