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Hors piste québécois avec Julien Sagot

a1765621625_10Ce n’est pas toujours facile d’être chroniqueur pour NosEnchanteurs. C’est que votre quotidien favori, sans pour autant traiter la musique à la légère, attache beaucoup d’importance au verbe. Une écriture riche enchantera autant – sinon plus – nos oreilles qu’une symphonie de notes grandiosement orchestrée. Dès lors, telle la cigale de la fable, nous nous trouvons parfois fort dépourvus lorsqu’il s’agit de vous entretenir d’œuvres que l’on écoute avant tout pour l’émotion musicale qu’elles dégagent.

Prenez par exemple le nouvel album de Julien Sagot, Bleu Jane. Auteur-compositeur-interprète québécois, d’origine française, l’homme est percussionniste de formation. Il a officié comme batteur au sein du groupe de rock Karkwa, vu et apprécié voici quelques années aux Francofolies de Spa. Son 3ème disque en solo, qui débarque à présent chez nous, est sorti il y a un an déjà, dans sa lointaine contrée d’outre-Atlantique.

Je ne lui ferais certes pas l’injure d’insinuer que ses textes ne sont pas soignés. Mais reconnaissons que ce n’est pas pour ceux-ci que l’on écoutera avant tout ses chansons. D’une poésie abstraite, leur sens n’apparaît d’ailleurs pas dès la première écoute. D’autant qu’il convient de tendre l’oreille pour le saisir distinctement, la voix du chanteur – un beau timbre grave qui évoque Pascal Bouaziz ou Arthur H – étant davantage considérée comme un instrument et par conséquent un peu sous-mixée.

Reste donc l’essentiel, et ce n’est pas rien : l’univers musical de l’artiste. Amateurs de musique qui sort des sentiers battus, expérimentale aux tendances bruitistes, ce disque est fait pour vous. Vous aimez Bashung (période Figure imposée), Kat Onoma, Rodolphe Burger ? Vous devriez apprécier Julien Sagot. Le morceau d’ouverture (Les racines au ciel) vous met dans le bain d’emblée. Une introduction aux percussions sauvages mêlées d’électro, qui fait place à quelques phrases au piano, avant de laisser la guitare et les cordes occuper le terrain. La mélodie est présente, l’ambiance cinématographique. On est embarqué. La suite sera à l’avenant : ruptures rythmiques, boucles électro, accents gainsbouriens ou psychédéliques, échappées latines (étonnant Bleu corail électrique aux faux airs de mambo sur boîte à rythmes d’occase), chœurs distordus, bidouillages divers, piano jazzy… Tout fait farine au moulin et se mixe, se marie, se mélange pour une expérience à la fois sensuelle et intellectuelle. L’album se clôt (ou presque) sur le morceau qui lui a donné son titre, Bleu Jane, à la belle envolée mélodique, soundtrack enchanteur de nos rêveries.

Dans le monde souvent aseptisé du pop-rock-électro, sûr qu’un tel album aux intentions avant-gardistes en étonnera plus d’un. On est d’ailleurs même en droit de ne pas tout aimer, le disque courant tant de lièvres qu’il est permis d’en laisser échapper quelques-uns. L’expérience n’en mérite pas moins d’être tentée.

 

Julien Sagot, Bleu Jane, Simone records (CA) 2017. Le site de Julien Sagot, c’est ici.

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