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Michel Sardou, en chantant, enchanté ?

119629684_oCe n’est certes pas le premier livre consacré à Michel Sardou. Ni le dernier d’ailleurs, soyons-en sûr. Disons juste qu’il tombe opportunément, à l’heure où l’homme a décidé de mettre un terme à sa carrière de chanteur. Son titre résume parfaitement ces 53 années consacrées à cet art : Michel Sardou, Sur des airs populaires.

L’auteur, Frédéric Quinonero, n’en est pas à son coup d’essai dans le domaine de la chanson, après plusieurs biographies consacrées à Jean-Jacques Goldman, Johnny Hallyday, Françoise Hardy, Sheila ou Sylvie Vartan… On aura compris que ses goûts, en qualité d’auteur du moins, le portent essentiellement vers la grande variété des années 70-80, celle qu’il a écoutée dans sa jeunesse et qui a dû contribuer à former l’homme qu’il est devenu.

Ce n’est d’ailleurs pas la première fois qu’il se préoccupe de celui qui vient du sud, puisqu’en 2013 déjà était né de sa plume un Michel Sardou, Vox populi. Remettant l’ouvrage sur le métier, voici donc une version revue, corrigée, remaniée.

Classiquement, l’auteur aborde la vie de son sujet sous l’angle chronologique : la naissance, l’enfance, la tradition familiale, les galères du début (quand Michel Sardou écrivait ses premières chansons avec un certain Michel Fugain…), les premiers succès, les triomphes, les polémiques, la consécration… Nous suivons ainsi toutes les étapes de la vie de l’artiste, tant professionnelle que privée (ses mariages, ses divorces, ses enfants…).  L’intérêt du livre réside toutefois dans sa manière d’aborder les différentes thématiques récurrentes dans l’œuvre du chanteur. Quittant le strict fil de la ligne du temps, l’auteur relie alors les chansons entre elles, soulignant tantôt la constance d’esprit, tantôt l’évolution des idées, extraits des paroles à l’appui. Chacun pourra ainsi se confronter à ces aspects du personnage public : Sardou et les femmes, Sardou et la politique, Sardou et le chauvinisme… et, qui sait, revoir son jugement, tant il apparaît que le temps qui passe a assagi l’artiste et l’a nuancé de demi-teintes, rendant probablement caducs les jugements à l’emporte-pièce dont on l’affublait. Car oui, le « chanteur de droite » paraît bien plus complexe que cette image d’Epinal.

Michel-Sardou-sur-des-airs-populairesTout en saluant l’ampleur du travail accompli, on regrettera pourtant que le livre ait l’aspect d’une énorme compilation de déclarations, d’extraits de presse et autres citations. On aurait apprécié y lire aussi l’un ou l’autre entretien nouveau, avec Sardou lui-même bien sûr (mais on se doute qu’il n’est pas l’homme le plus abordable du monde) ou avec ses collaborateurs, voire ses détracteurs. Coup de chapeau par contre pour la discographie très complète, qui recense toutes les chansons enregistrées par Michel Sardou (351 en tout, versions espagnoles comprises, auxquelles il faut ajouter les très nombreux disques live) et en crédite ses auteurs (pour la plupart Sardou lui-même, souvent en co-écriture avec Delanoë, Lemesle, Dabadie, Barbelivien…, tandis que Jacques Revaux se taille incontestablement la part du lion en matière de compositions, suivi de Jean-Pierre Bourtayre).

Michel Sardou, Sur des airs populaires est un livre intelligemment mené, au ton neutre, veillant à peser le pour et le contre, d’une lecture agréable. Il nous plonge dans la vie et la carrière d’un artiste qui, dès ses débuts, n’a laissé personne indifférent. L’auteur ne cache évidemment pas son admiration pour son sujet, sans toutefois en masquer les travers, comme son fréquent opportunisme, difficile à démêler de la volonté honorable de Sardou d’écrire des chansons en phase avec le temps présent, tel un chroniqueur de l’actualité (ah, la grande époque du bagarreur Je suis pour ou les envolées franchouillardes du France…). Il permet en outre de mesurer combien l’œuvre de Sardou s’avère personnelle, malgré les apparences. Les souvenirs d’enfance, la figure du père omniprésente, les aléas de sa vie de couple, ses fêlures et doutes…, tout cela se retrouve dans ses chansons (pas forcément les plus connues). Non, Sardou n’est pas qu’une machine à tubes bien rodée.

A la fois portrait d’un homme de caractère, ambitieux et volontaire, et fine analyse d’une œuvre appelée à lui survivre, Michel Sardou, Sur des airs populaires plaira à ses admirateurs comme il  intéressera ceux qui n’en ont qu’une connaissance superficielle. De quoi réconcilier les contraires ?

 

Frédéric Quinonero, Michel Sardou, Sur des airs populaires, City, 2018. Le site de Michel Sardou, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.

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