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Bruno Duchâteau, un rêveur éveillé

Bruno Duchâteau sur la scène de Cavaillon (photo Max Well)

Bruno Duchâteau sur la scène cavaillonnaise (photo Max Well)

2 juin 2018, Médiathèque de Cavaillon (Vaucluse),

 

Sur l’affiche du spectacle, scotchée sur une des colonnes du hall, un technicien facétieux à corrigé sa tignasse, redessinant avec soin les abondantes touffes bouclées du chanteur, façon Angelo Branduardi. Le chanteur, c’est Bruno Duchâteau qui, l’heure d’avant, sur cette même scène, s’était déjà produit dans la première d’une conférence-chantée sur la censure et la chanson.

Là, changement de tenue, changement de registre. Costume plus sage, décontracté, lui en un peu plus lunaire. Comme un petit prince du château… Voix franche, alerte, volontaire et joyeuse. Qui d’abord nous invite à prendre le train… « de ton sourire », de « suivre le fil pour qu’on soit bien ». L’entrée en scène est réussie. Avec pour accessoire un boa, Duchâteau campe de suite un galant, Monsieur Hector, commercial le jour, qui ne fait pas dans la dentelle, et travesti la nuit. Puis, changement de registre, un autre homme, autre fonction, celle de papa, « blues du papa idéal ». Avec des rimes plus grinçantes – et touchantes – que d’autres : « C’est elle qui ramène le pognon / Du coup elle a toujours raison ». Rupture, changement de sujet, là il digresse sur L’heure la plus chaude, tentative de description de cet instant, de suggestions aussi, fussent-elles chaudes, ardentes même « quand ta main caresse la mienne »

C’est ça, Bruno Duchâteau, des personnages bien brossés, situations bien campées, quand bien même il peut oser Landru sur un air de flamenco. Des instants de vie qui ne font pas tous événements ni ne brûlent d’amour mais rythment à leur manière notre quotidien. Ce bien que « le monde change », comme le constate L’ange de la tendresse, descendu sur terre et désillusionné : « Où va la tendresse ? On ne parle plus que de fesse / Le monde est-il foutu ? / De tous temps les gens ne parlent que de… ». L’art de Duchâteau cultive malgré tout la fleur d’optimisme qu’il arrose souvent. Son Demain ça ira mieux est à l’image de ces chansons de colo de jadis, entraînantes et volontaires, chantant le faux pour mieux dénoncer le vrai.

Même lesté de sa guitare ou de petits instruments (quoique, le didgeridoo australien, dont il nous fait démonstration et qui l’accompagne sur un titre, pèse son poids de mystère tiré de ce pays où rêvent les fourmis vertes), on sent l’acteur qui est en lui, faisant de chaque pièce, chaque chanson, un petit théâtre de vie. Un grand théâtre, pétillant, croquant et craquant, quand, sur des paroles de Claude Lemesle, Bruno Duchâteau interprète ce qu’il aimerait être son tube, Le chocolat (ah, être une heure, une heure seulement, un chanteur à succès…). Un titre guère différent d’ailleurs de l’esprit de Landru : « J’aime la femme comme, comme le chocolat / Du croquant, du fondant / Quant elle est sucrée sous ma dent ». Amour toujours, c’est à celle qui partage ses jours qu’il dédie son dernier titre, douce chanson, peut-être la plus belle de ce récital : « J’ai croisé le chemin qui était le tien (…) J’ai caressé l’espoir de ta main ». Une jolie façon, polie et heureuse, de se quitter dans l’attente que nos routes se croisent à nouveau.

 

Le site de Bruno Duchâteau, c’est ici.

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