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Wladimir Anselme : prolonger les heures

anselm-585Quand la définition semble si juste, prenons-là, directement puisée à son actuelle bio : « Wladimir Anselme est un songwriter impétueux et délicat, qui gravite dans le paysage musical, en tête brûlée, en doux excessif. Il nous délivre ses romances sauvages, à la mélancolie frondeuse et à la grâce désarmée, aux mélodies superbes ». Wladimir Anselme nous a toujours semblé être à la marge de la chanson, sur un de ses flancs, un peu à contre-courant de tout, du contenu comme du contenant. C’est un peintre qui de ses mots vous couche sur une toile des sentiments, des mouvements, de larges panoramiques comme le plus menu des détails, qui fait enluminures de vers. D’un disque l’autre, l’œuvre se poursuit, tant que rien n’est vraiment surprise. Qu’on poursuit avec lui la visite… Ce sont peintures, broderies, bas-reliefs ; ses disques sont des cimaises où s’exposent des scènes quasi intemporelles, que la folie du monde ne sait pas, ne sait plus. Les mots sont choisis avec délicatesse, certains sont depuis longtemps démodés, pas obsolètes mais désormais rares, forcément précieux.

On pourrait parler de « baroque » à propos de l’univers d’Anselme, non pour la musique mais dans les sujets, le style de narration. Seules les notes dénotent. Et encore. La bio nous parle de « rock débraillé, de tropicalisme doux et de folk indé ». En tout cas du solide allié au doux, qui fait cause commune avec les mots, fait conversation, les accompagne, les développe. Parfois la batterie frappe un peu plus fort, accélère le temps, le tempo, tranche d’avec le titre précédent, d’avec le suivant, fait relief, rejoint un peu le temps présent, au rythme des inter-cités : « car maintenant nous sommes aux quatre coins du monde / des trains, des routes nous séparent ». Plusieurs titres parlent de mouvement et c’est là l’un des intérêts de ce nouvel album, qui n’empêche en rien l’idée de description, de contemplation, qui nourrit l’art et les vers d’Anselme.

Sept ans après Les heures courtes, Anselme prolonge le temps, à la différence près que notre chanteur explorait plus les sentiments qu’il ne le fait à présent, laissant libre court à des récits, des mises en scène même, le « je » n’étant alors qu’un jeu. Et garde la même équipe musicale, la même ligne, celle qui fait d’Anselme un chanteur à nul autre pareil.

 

Wladimir Anselme, L’esclandre. Le Furieux/L’Autre distribution 2018. Le site de Wladimir Anselme, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.

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